Parfois le rêve devient réalité et il est fort probable qu'un certain nombre d'amateurs qui se sont extasiés devant la beauté de l'amplificateur D-Premier de la marque française Devialet, sa technologie novatrice et ses performances sonores, vont passer du rêve à a réalité grâce aux nouveaux modèles 110 et 170 aux tarifs plus accessibles. Devialet nous a confié le modèle 110, "d'entrée de gamme" si l'on peut oser l'expression, et héritant de tout son savoir-faire.

Durant l'année 2010, un OVNI du nom de Devialet D-Premier bouleversait le monde de la Haute Fidélité et d'emblée prenait place dans la caste fermée des amplificateurs d'exception.

Loin de nous toute forme de chauvinisme, mais l'objet, superbe, vêtu comme le Surfer d'argent, ne venait pas d'une lointaine planète, mais était le fruit d'une équipe française de passionnés de beau son (et de beaux objets) basée à Paris.

Traitant sous forme numérique tous les signaux entrants, qu'ils soient numériques ou analogiques, le D-Premier offrait des possibilités de paramétrage et de configuration jusque lors inconnues dans le monde des amplificateurs stéréo et utilisait une technologie d'amplification hybride analogique numérique pour les étages de puissance développée par Devialet et baptisée ADH (Analogic Digital Hybrid).

Cependant, le tarif de cet amplificateur exceptionnel (12.000 euros) ne le rendait accessible qu'aux amateurs relativement aisés, bien que nous pensions que ce prix ne nous semble pas déraisonnable (et aussi justifié) dans la HiFi de haut de gamme, car disons-le, nous nous demandons parfois avec une forte dose de scepticisme ce qui peut expliquer que certains appareils valent le prix d'une berline de luxe allemande...

Devialet vient récemment de donner naissance à trois nouveaux appareils, les modèles 110 et 170, délivrant respectivement... 110 et 170 W par canal, le modèle D-Premier "disparaissant" quant à lui pour céder la place au modèle 240 délivrant 240 W par canal.

Proposés à des tarifs plus abordables que le Devialet 240 (12.900 ?), les Devialet 110 et 170 (4990 et 6990 ? respectivement) se voient également moins richement dotés en connectique que leur ainé (cette page du site Devialet permet de comparer les trois modèles).

Les appareils Devialet n'étant pas atteints du gène "de l'obsolescence programmée", les propriétaires d'amplificateurs D-Premier pourront "upgrader" leur appareil pour le transformer, moyennant finance, en Devialet 240.

Le constructeur a également équipé ces appareils d'un streamer (fonctionnant en liaison filaire RJ45 ou en WiFi) utilisant la technologie Devialet Air qui permet de lire la musique sans fil et en Haute Définition depuis un ordinateur (peut-être dans un avenir proche la lecture de fichiers en HD directement sur un NAS sera-t-elle également au menu). Notons que le Qobuz Desktop fonctionne également en sans fil avec le Devialet qui se comporte alors comme une carte son virtuelle.

Partons maintenant à la découverte de l'amplificateur Devialet 11O.

Présentation

Le boîtier du Devialet 110 est réalisé dans un bloc d'aluminium usiné dans la masse et s'orne en façade d'un discret bouton en forme du logo de la marque (une larme, fabriquée par les ateliers Arthus Bertrand, créateur des médailles de la République Française depuis 1801). Ce bouton permet la mise en marche, la mise en veille (affichage atténué) ou hors veille, la mise hors tension ou encore la réinitialisation de l'appareil et sert également de sélecteur de source.

Un hublot circulaire prend place dans la partie frontale de la face supérieure et l'afficheur qui se trouve sous celui-ci donne diverses informations à l'utilisateur, dont, en permanence, la source en service et le réglage de niveau (de - 97,5 dB à +30 dB par pas de 0,5 dB).

L'esthétique sobre et raffinée du Devialet 110 est de très grande classe et il pourra être installé à plat ou fixé à un mur grâce à un kit de fixation, l'effet miroir de son boîtier ne manquant pas dans ce cas d'attirer les regards et de susciter une curiosité admirative.

Ultime touche de raffinement, un capot amovible vient masquer les connecteurs et facilite également grandement le branchement des câbles lorsqu'il est ôté.

On ne peut également qu'être admiratif devant la télécommande radio livrée avec cet appareil. Celle-ci est également usinée dans un bloc d'aluminium massif et comporte quatre petit boutons (mise en marche/arrêt, sélection de source, mute, et mise en marche du réglage de tonalité), ainsi qu'une grosse molette permettant de régler le volume.

Cette commande de volume, contrairement à un modèle infra rouge qui offre un certain temps de réaction, réagit exactement comme un potentiomètre de volume mécanique. On tourne la molette lentement, le volume varie lentement, on tourne vite, le volume varie vite. C'est d'une souplesse d'utilisation extrêmement agréable et, de plus, comme la transmission se fait par ondes radio, il n'est même pas nécessaire de viser l'amplificateur.

La connectique

Le Devialet 110 ne propose pas une connectique pléthorique et seule une source analogique pourra être raccordée et éventuellement configurée en entrée phono.

Concernant les entrées numériques, on dénombre deux entrées S/PDIF coaxiales assignables via le Configurateur, ainsi que deux entrées optiques, l'une sur connecteur Toslink, l'autre sur mini Jack optique (combinée avec une RS232 électrique), et enfin une entrée USB B pour ordinateur et deux accès Ethernet (RJ45 et WifI "Devialet Air") permettant au Devialet de se connecter à un ordinateur et de se transformer en carte son virtuelle.

Un slot pour carte SD permet de lire les informations de configuration qui auront été effectuées sur le site Devialet et stockées sur une carte SD et ainsi de configurer l'appareil (on peut par exemple renommer les entrées), faute de quoi celui-ci restera en "Factory Config".

Entre la prise secteur et les borniers pour les enceintes on peut apercevoir l'entrée Jack combinée numérique optique surplombant une sortie trigger pour commander un autre appareil.

Fabrication

L'intérieur du boîtier est totalement occupé, la partie centrale accueillant la partie numérique de l'amplificateur ADH dont la partie dorée est munie d'une plaque de silicone thermo conductrice (ôtée pour la photo) en contact avec le fond de l'appareil qui sert à évacuer les calories.

Le Devialet 110 utilise une alimentation à découpage dont la partie directement reliée au secteur au travers d'un filtre Schurter se trouve dans la partie droite du boîtier.

La partie découpage et "fabrication" des tensions d'alimentation est visible dans la partie en bas à gauche. Le découpage est réalisé en double exemplaire pour réaliser, d'une part, la tension de 3,3 V destinée aux circuits numériques et le 12 V pour l?alimentation des relais, et d'autre part les tensions nécessaire à l'amplification et aux circuits analogiques.

Les deux circuits de découpage font appel à un circuit International Rectifier IRS20957 pilotant des transistors MosFet RFR4620 du même fabricant et le filtrage est assuré par deux groupes de trois condensateurs de 2200 ?F/80V.

En fait, ce circuit IRS20957 utilisé par Devialet pour l?alimentation à découpage est originellement conçu comme driver d'amplificateur en Classe D et nous pensons que c'est en changeant le signal PWM d'entrée de cette puce que Devialet adapte les tensions d'alimentation des étages d'amplification en fonction de la puissance de sortie de l'amplificateur programmée via le "Configurateur".

A droite des condensateurs de l'alimentation se trouve le module WiFi qui permet le fonctionnement sans fil de la liaison Devialet Air.

La mystérieuse boîte noire située en bas à droite sur la vue générale ressemble fortement à un dissipateur sous lequel se trouve probablement le micro contrôleur qui gère l'ensemble de l'électronique du Devialet 110.

L'amplification ADH Devialet

Voici la présentation par Devialet de l'amplification ADH :

Derrière l?acronyme ADH® (Analogic Digital Hybrid) se cache en réalité le cerveau d?un Devialet. En associant un amplificateur analogique breveté de classe A ultra linéaire, gage d?une excellente musicalité, à huit amplificateurs numériques de classe D, synonymes de compacité et de puissance.

La vue ci-dessous vous fait découvrir la partie analogique de l'amplification ADH mise au point par Devialet.

On peut noter que le Devialet 110 utilise un convertisseur Burr-Brown PCM1792 (24 bits à 192 kHz) par canal (en haut et en bas de la partie centrale de la photo ci-dessous), suivi par les étages de filtrage et la partie amplification en classe A qui utilise un étage de sortie à transistors MosFet complémentaires IRF640S et IRF9640S (tout à gauche de la photo) de fabrication Siliconix en boîtier de puissance D2PAK à montage en surface.

Dans la partie droite de la photo, on aperçoit trois micro contrôleurs PIC de MicroChip dont deux sont associés à des convertisseurs analogique numérique Analog Devices AD9283, l'ensemble contrôlant le fonctionnement des amplificateurs en classe D qui se trouvent sur la grande platine située au milieu du boîtier et dont nous vous présentons la face cachée ci-dessous.

Devialet utilise quatre cellules d'amplification à découpage par canal, chacune d'elles utilisant, comme l'alimentation à découpage, un circuit International Rectifier IRS20957 pilotant des transistors MosFet RFR4620 du même fabricant.

Le filtrage des résidus de découpage est assuré par des selfs Coltitronics à très faible résistance série et des condensateurs multicouche aux qualités audio de loin supérieures à celles de condensateurs électrochimiques.

Interfaces numériques

Le traitement des interfaces numériques prend place sur une carte montée via des colonnettes sur la carte principale.

Les signaux USB sont pris en charge par un circuit asynchrone XMOS tandis que les signaux Ethernet sont confiés à une puce Wiznet Ethernet W5300.

Un convertisseur de taux d'échantillonnage Burr-Brown SRC4192 convertit tous les signaux numériques, ainsi que les signaux analogiques numérisés par un circuit Burr-Brown PCM4202, au format 24 bits à 192 kHz.

On note aussi la présence d'un puissant processeur numérique de signal Analog Devices et d'un réseau programmable Altera Cyclone III ainsi que d'un micro contrôleur PIC de Microchip.

Utilisation et écoute

Avant de pouvoir utiliser le Devialet 110, il est impératif de le configurer et pour cela de se rendre sur cette page du site du constructeur.

Voilà, par exemple, la configuration Qobuz que nous avons réalisée.

Cette opération terminée, le Devialet 110 prend en compte cette configuration et on peut passer à l'écoute.

Et là, il ne faut pas des heures pour tomber sous le charme... C'est avec l'excellente interprétation de la géniale cantate Alexandre Nevski de Prokofiev par le London Symphony Chorus, le London Symphony Orchestra, le Chicago Symphony Orchestra, tous sous la baguette de Claudio Abbado, cantate tirée de la musique écrite pour le film éponyme de Sergueï Eisenstein, que nous avons débuté nos écoutes en utilisant la liaison USB.

Nul besoin d'avoir des enceintes de compétition pour apprécier la restitution sonore de haute volée du Devialet 110, nos "modestes" (mais néanmoins bonnes) Triangle Antal Anniversary se tirent très bien d'affaire et la Song about Alexander Nevsky (track #2) est reproduite avec une plénitude et une densité qui donnent la chair de poule et qui rendent entièrement justice au caractère éminemment slave de cette musique qui se déploie avec une image sonore d'une très belle ampleur.

Quant à La Bataille sur la Glace, la finesse de la restitution du Devialet D110 et sa faculté à reproduire les plus infimes nuances d'une ?uvre musicale permettent de totalement s'immerger au c?ur de cette bataille et de percevoir toute la richesse de l'instrumentation et de coloris déployés par Prokofiev pour suggérer avec une géniale et redoutable efficacité cet épisode épique entré dans la légende.

Pas la moindre faiblesse non plus lors de la reproduction de l'Allegro de la Suite Américaine de Dvorak par l'Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Ivan Fischer où l'excellent équilibre sonore laisse s'exprimer toutes les couleurs de l'orchestre qui rutilent à souhait tandis que les envolées dynamiques, même les plus vives, passent avec une aisance remarquable et restent d'une très bonne lisibilité sans embrouiller les pupitres.

A l'écoute du titre Papaoutai de l'album Racine Carrée de Stromae, non seulement la définition de la voix du chanteur est excellente mais les graves sont d'une propreté et d'une fermeté surprenantes en provenance d'enceintes bass-reflex et donnent l'impression d'être issus d'enceintes closes, la technique ADH développée par Devialet montrant là des aptitudes assez exceptionnelles à "driver" des haut-parleurs de grave.

En fait, nous n'avions pas envie de nous arrêter d'enchaîner morceau sur morceau avec ce Devialet 110 tant nous étions sous le charme de sa restitution sonore ou plutôt de celle des musiques qu'il restituait avec tant de talent, car ce qui fait le charme et caractérise une grande électronique, c'est qu'au bout d'un moment on oublie qu'elle est là parce qu'elle a laissé la place à la musique et l'émotion qu'elle porte en elle.

Il nous est souvent arrivé d'être sceptiques quant aux résultats sonores procurés par certaines électroniques usant de traitement numérique à grande échelle, mais cet amplificateur Devialet 110 montre la maîtrise des technologies numériques par le constructeur et les qualités exceptionnelles de l'amplification ADH qui sont mises au service de la fidélité à la Musique. Chapeau bas et Qobuzissime pour le Devialet 110.

Spécifications gamme Devialet

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