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Régine Crespin

 


Si elle n’avait eu une grand-mère qui, très tôt, l’a mise en scène — dans la rue, au bas de sa fenêtre à Marseille, elle organisait avec théâtralité des récitals en public pour sa petite-fille (on n’est pas italienne pour rien) —, peut-être que Régine Crespin ne serait pas devenue ce qu’elle fut ; certes, sa mère la soutient, mais son père est très réticent à l’idée de la voir épouser une carrière de chanteuse. Cependant, c’est le clan féminin qui l’emporte. Dans les mains de Madame Kossa, son premier professeur, elle passe, en seulement quelques mois de travail, de rôles de soprano colorature (Lakmé, Lucia) à une voix profonde et puissante de mezzo en restant toujours aussi claire et en conservant même la pureté de ses aigus. C'est ensuite la grande Germaine Lubin qui poursuivra sa formation.


Quelque cinquante ans de carrière, ponctués de longues heures de travail, voilà ce dont peut se prévaloir Régine Crespin (1927-2007), de ses débuts dans Charlotte de Werther à Reims en 1949 — elle avait alors vingt-deux ans —, à ses grands adieux à la scène à la toute fin des années 1980, puisqu’elle chanta encore la Comtesse de La Dame de pique de Tchaikovsky en 1989 à l’Opéra de Paris. Chose plus inhabituelle pour une cantatrice française, elle se fit très tôt une place de grand choix dans la sphère germanique et germanophone (à une époque où l’on chantait encore Wagner en français, du moins en France, Régine Crespin avait une excellente prononciation en allemand), à commencer par Bayreuth où, sur la recommandation de André Cluytens, on lui confia le rôle de Kundry de La Walkyrie (la meilleure Kundry qu’il ait jamais dirigée, déclarera Hans Knappertsbusch en 1960), de Parsifal en 1958, suivi de Sieglinde (le rôle auquel Régine Crespin s’est peut-être le plus identifié et où elle fut inoubliable), toujours à Bayreuth. Elle sera la première Française à y chanter. De tels « débuts » ne pouvaient que la lancer dans une carrière planétaire, ce qui ne manqua pas de se produire, rapidement en compagnie des plus célèbres — Karajan, Solti, Maazel, Knappertsbusch, Ansermet, inutile d’alourdir la liste… — et dans toutes les grandes maisons d’opéra du monde.


Son approche « à la française » des grands rôles allemands et italiens lui valurent l’admiration de tous, car elle sut toujours leur conférer une immense transparence malgré la puissance impressionnante et les sombres couleurs qu’elle pouvait donner à sa voix. Au sommet de sa carrière, elle se pencha plus fréquemment sur des rôles moins aigus, jusques et y compris quelques rôles de mezzo — le rôle-titre de La grande Duchesse de Gerolstein, la comtesse tchaikovskienne déjà mentionnée — ou même de contralto, comme la vieille prieure des Dialogues des carmélites de Poulenc en 1980, là où elle avait chanté la nouvelle prieure – soprano – du même ouvrage lors de la création française en 1958 !


À ces qualités interprétatives et vocales — unique leçon de théâtre, d’humanité, de chant et de diction (même en allemand et en italien) — s’ajoutent sa modestie et son contact chaleureux avec le public qui le lui rendait si bien en lui réservant toujours une ovation extraordinaire.


Après s’être retirée de la scène en 1989, Régine Crespin s’attela à transmettre son savoir aux nouvelles générations : au Conservatoire de Paris où elle avait déjà commencé dix ans plus tôt, à San Francisco, ainsi que pour d’innombrables masterclasses professionnelles tout autour de la planète. Professeur reconnue, elle est à l’origine de nombreux talents. On lui doit une très, très ample discographie, dont quelques grands moments sont la Maréchale du Chevalier à la rose — l’un de ses rôles-fétiche (son rôle « porte-bonheur » comme elle le décrit) — avec le Philharmonique de Vienne, Brünnhilde avec Karajan et le Philharmonique de Berlin, les Nuits d’été (l’un de ses grands enregistrements) et Shéhérazade avec Ansermet, Parsifal à Bayreuth en 1958, ou encore le mythique Dialogues des carmélites de la même année pour la création française à l’Opéra de Paris.


Cette très grande dame, qui a particulièrement honoré le chant français du XXe siècle, révèle par ailleurs un vrai don d’écriture dans son livre Régine Crespin, à la scène, à la ville.


© SM/Qobuz


 


 

Discographie

24 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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