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Karel Ancerl

Né le 11 avril 1908 dans le petit village de Tucapy en Bohême, Karel Ancerl est issu d'une famille d'origine juive qui, bien que très cultivée, n'a pourtant aucune tradition musicale. Il apprend le violon et fait rapidement des progrès grâce à sa ténacité et son application, de sorte qu'à l'âge de onze ans il avait déjà sa place dans l'orchestre local. Par la suite, il s'essaie au piano au lycée à Prague et prend part aux soirées de musique de chambre en y faisant preuve d'extraordinaires capacités d'organisation. Plus ou moins contre le gré de ses parents, il entre au conservatoire pour y étudier les percussions, ainsi que la composition dans la classe de Jaroslav Kricka et la direction d'orchestre avec Pavel Dedecek. Ses études de la musique microtonale avec Alois Haba eurent une grande importance pour sa carrière comme tout particulièrement sa présence aux répétitions de l'Orchestre Philarmonique Tchèque où il pouvait observer Vaclav Talich ainsi que d'excellents chefs d'orchestre étrangers. Lorsque lui-même, le 24 juin 1930, prit place pour la première fois au pupitre de chef d'orchestre à son concert de fin d'études, pour y diriger la Sinfonietta qu'il avait lui-même composée, il y fit preuve d'une extraordinaire érudition que les critiques commentèrent en termes élogieux.



Au Carrefour de sa vie de jeune artiste, Karel Ancerl opta pour la carrière de chef d'orchestre. Il se fit bientôt remarquer à l'étranger lorsque, à Munich, il lui fallut surmonter d'énormes difficultés d'interprétation et d'organisation et qu'il prépara pour Hermann Scherchen l'opéra Matka (La Mère) pour quarts de ton de Alois Haba, qu'il présenta lui-même seize ans plus tard, mais cette fois comme chef de l'Opéra du 5 Mai (l'actuel Opéra d'Etat) à Prague. En 1931 Jaroslav Jezek lui vint en aide financièrement en l'engageant comme chef d'orchestre à son Osvobozené divaldo (Théâtre libéré), ce dont Ancerl le remerciera en élevant rapidement le niveau artistique de cet ensemble.



Mais Karel Ancerl, lui non plus, ne fut pas prophète en son pays. Aux festivals de la Société pour la musique contemporaine à Vienne (1932) et à Amsterdam (1933) ainsi qu'au concert de Strasbourg, il récolta d'excellentes critiques mais lorsque dans son pays il fut enfin engagé à la Radio, il ne se voit confier au début que des tâches de metteur en ondes et de remplacements au pied levé. L'un de ces remplacements, où il fallut du jour au lendemain diriger la très difficile Troisième symphonie de Prokofiev, provoqua l'approbation générale, ce qui lui valut d'être invité à l'Orchestre philarmonique tchèque et à un autre festival de musique moderne, cette fois à Barcelone. Karel Ancerl est dès lors au seuil d'une grande carrière artistique, lorsque la guerre s'ingéra cruellement dans sa vie. Lors de l'occupation de son pays, il fut immédiatement licencié, puis le 12 Novembre 1942 déporté au camp de concentration de Terezin (Theresienstadt) où il participe aux activités musicales dans des conditions extrêmement difficiles. Deux ans plus tard, le 15 Avril 1944, il est transporté au camp d'Auschwitz où il perd tous les siens ; lui-même ne s'en tire que par miracle.



Après la guerre il est nommé directeur de l'Opéra du 5 mai nouvellement créé et en six mois y monte six grands opéras, mais en septembre 1947 il revient à la radio nationale, cette fois comme chef principal de l'Orchestre symphonique. À partir du printemps 1948, pendant une courte période, il enseigne la direction d'orchestre à la Faculté de musique de l'Académie des arts dramatiques ; deux de ses élèves - Zdeneck Kosler et Martin Turnovsky- décrocheront des prix au prestigieux concours de Besançon.



L'activité de Karel Ancerl est à son apogée le 20 Octobre 1950, date à laquelle il est nommé directeur artistique de l'Orchestre Philarmonique Tchèque, qui l'accueille tout d'abord plutôt tièdement, mais finira par s'habituer à ses répétitions intensives et à sa très grande exigence artistique. Lorsque les succès à l'étranger se firent jour un peu plus tard, l'orchestre l'adoptera définitivement et le gardera durant dix-huit ans jusqu'à sa démission. Karel Ancerl étendit le répertoire de l'orchestre, notamment en y intégrant des classiques du XXe siècle comme Schönberg, Bartok, Stravinsky, Prokofiev, Britten et d'autres encore, et se consacra aussi à la diffusion de la musique de Bohuslav Martinu en un temps où le public étranger restait fermé aux compositeurs tchèques. Il fit connaître au monde l'Orchestre philarmonique tchèque par une grande tournée en Australie, Nouvelle Zélande, Chine, Inde et au Japon (1959), par la suite aussi aux USA et au Canada, et par de nombreux concerts en Europe, à travers des programmes où figuraient toujours des ouvres de compositeurs tchèques.



Dans les années 1950, une avancée technique considérable, par la découverte des microsillons, révolutionna l'industrie discographique, ce qui entraîna pour l'orchestre une énorme progression des enregistrements. Karel Ancerl reçut de prestigieux prix du disque internationaux dont témoignent les rééditions sur CD qui continuent de fasciner.



Sans toutefois mésestimer en quoi que ce soit les énormes mérites de Vaclav Talich et Rafael Kubelik concernant l'élaboration de l'esthétique interprétative de l'Orchestre Philharmonique Tchèque, on peut dire que Karel Ancerl fut le premier chef d'orchestre tchèque à connaître la célébrité dans le monde entier et qu'il façonna sa phalange symphonique jusqu'à une virtuosité magistrale et une renommée mondiale. Ses prestations artistiques étaient la synthèse d'une conception parfaitement réfléchie et d'un travail minutieux sur les détails, de sa connaissance parfaite de la partition et de ses capacités à en saisir l'architecture, de son sens épuré du style, de sa grande imagination sonore, ainsi que, et non en dernier lieu, de sa gestique parfaitement compréhensible. De plus, Karel Ancerl engagea dans l'orchestre les meilleurs musiciens, travaillant méthodiquement avec eux (lorsque ses engagements le lui permettaient, il assistait aux répétitions et aux concerts des chefs étrangers invités) et, suprême condition du succès, sachant les convaincre du bien-fondé de ses principes d'interprétation. L'Orchestre Philharmonique Tchèque devint ainsi le meilleur ambassadeur du pays. Face à ce riche bilan, l'exil d'Ancerl après les événements de 1968, sera ressenti d'autant plus douloureusement par les musiciens.



En 1969, il dirigera encore l'orchestre au Festival du Printemps de Prague mais pour la dernière fois, après 766 concerts ensemble. Devenu chef principal de l'Orchestre de Toronto, en même temps qu'un chef très demandé et universellement reconnu, il ne cesse de faire connaître dans le monde la musique tchèque tout aussi bien classique que moderne. Toutefois, marqué par des soucis familiaux et les souffrances de la guerre, il ne put se réjouir longtemps de pouvoir vivre à nouveau dans une société libre et décéda le 3 juillet 1973 des suites d'un cancer.



D'après Jaroslav Holecek (Supraphon)

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