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Jean Sibelius

Le compositeur finlandais Jean Sibelius est né dans le grand-duché de Finlande alors russe, avec le prénom Johan - dans une famille résolument suédophone pour laquelle son prénom est Janne, tandis qu'il le francisera lui-même en Jean : un sérieux mélange culturel qui brouille quelque peu les cartes quant à savoir quelle est sa véritable origine culturelle, mais qu'importe ? En cette année 1865 qui le voit naître, le grand-duché de Finlande commence à se sentir à l'étroit sous la domination impériale russe ; le finnois est enfin reconnu comme langue officielle, le parlement finlandais prend de plus en plus de libertés, jusqu'en 1899 où le tsar Nicolas II décide de renverser la vapeur et russifier à nouveau le grand-duché. C'est à ce moment que le jeune Sibelius, qui a étudié à Helsinki puis à Berlin et à Vienne avant de rentrer au pays, s'associe pleinement aux aspirations nationalistes finlandaises : de ce profond enracinement dans la culture nordique naîtront ses plus belles oeuvres, dont certaines portent des titres évocateurs tels que Finlandia, Karelia (une ode à la Carélie, région finlandaise), Kullervo ou Lemminkäinen se rapportent à la mythologie nationale.



Ses premiers succès sont tels que le célèbre éditeur Breitkopf le prend sous son aile dès 1898 ; dès lors, Sibelius volera de succès en gloire, à commencer par sa Première symphonie de 1899. Le compositeur y réalise la parfaite osmose entre son langage «primitif», issu des profondeurs de la terre natale, et les sonorités orchestrales postromantiques héritées de Wagner, Liszt, Strauss et Dvorák. Ces deux derniers compositeurs, il aura l'occasion de les rencontrer en 1901 alors qu'il achève sa Deuxième symphonie - qui elle aussi connaîtra un véritable triomphe, confirmé peu après par le célèbre Concerto pour violon qui est, de nos jours encore, l'un des quatre ou cinq concertos les plus fameux de tout le répertoire - c'est d'ailleurs Richard Strauss qui en donnera la création mondiale dans sa version définitive, preuve de l'admiration réciproque des deux musiciens.



Après une Troisième symphonie moins retentissante, Sibelius publie sa merveilleuse Quatrième en 1911 ; mais son modernisme inquiète les auditeurs qui ne sauront pas en reconnaître l'immense génie. À cette époque se déclarent les premiers problèmes de santé du compositeur, incorrigible fumeur et buveur invétéré : un premier cancer à la gorge est traité avec succès, mais le laisse affaibli à l'âge pourtant raisonnable de quarante-cinq ans. Les années de la Première guerre l'obligent à rester reclus en Scandinavie, où il travaillera surtout à sa Cinquième symphonie - qu'il remaniera plusieurs fois avant d'en être satisfait.



Pendant ce temps, la Révolution russe de 1917 a permis à la Finlande de se libérer du joug impérial russe : le pays est officiellement indépendant le 6 décembre 1917, mais les hostilités internes se poursuivront encore une année, au cours de laquelle les sinistres Gardes Rouges - qui voulaient instaurer un régime communiste en Finlande - prennent le pouvoir avant d'être délogés par les contre-révolutionnaires. Pendant cette époque de disette, Sibelius est placé en liberté surveillée puis se réfugie chez son frère ; il y perdra beaucoup (trop) de poids, lui qui n'est pas vraiment un gringalet. la déprime le guette, les finances sont en berne, il rumine sa prochaine symphonie tout en n'en finissant pas de ne pas finir la Cinquième. À l'issue de cette sombre période, l'oeuvre est enfin donnée dans sa version définitive, Sibelius renoue avec les triomphes, la gloire internationale et les honneurs en tout genre. Les Etats-Unis, l'Angleterre, l'Allemagne le réclament à cor et à cri, on y joue ses ouvres à tour de bras. L'Angleterre, d'ailleurs, reste le pays dans lequel Sibelius est le plus célèbre hors Finlande.



Entre 1920 et 1926, on verra naître la Sixième et la Septième symphonie ainsi que plusieurs poèmes symphoniques mondialement célèbres, en particulier Tapiola, son ultime grande oeuvre. Mais Sibelius, s'il est désormais à l'abri du besoin financier, est de plus en plus malade et fatigué, sombre et déprimé. En 1928 il commence sa Huitième symphonie, mais l'oeuvre se fait attendre : 1932, toujours rien, et en 1945 il affirme avoir tout jeté au feu. on ne connaîtra donc jamais la Huitième de Sibelius qui semble pourtant avoir été très avancée. En réalité, entre 1926 et sa mort quelque trente ans plus tard en 1957, il se cloîtrera dans le silence, n'écrivant que quelques rares pages de circonstance. Quelle misère !



Si de nos jours on ne le considère plus comme un révolutionnaire, il n'en est pas pour autant le «réactionnaire» tel qu'ont voulu le voir quelques observateurs fielleux, et s'il n'a pas suivi Schönberg ou Stravinsky, son langage n'en est pas moins radicalement personnel. De surcroît, il n'est surtout pas un compositeur platement nationaliste. Oui, sa musique puise ses racines dans des sagas nordiques, dans des impressions personnelles des grandes étendues finlandaises, mais en rien Sibelius n'a-t-il emprunté au folklore, pas plus qu'il n'a inventé de folklore imaginaire. En réalité, il a créé de toutes pièces un nouveau langage qui, à défaut de modèle antérieur, est devenu la base de ce que l'on estime être la musique finlandaise. Qui dit mieux ?



MT © Qobuz 01/2013

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