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Fazil Say

A l’instar d’un écrivain comme le Français Mathias Eynard, l’art de Fazil Say s’impose comme un trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Brillant, original, décapant, provoquant, le pianiste turc semble faire corps avec son piano qu’il accompagne physiquement d’une gestuelle presque dansante, n’hésitant pas à chantonner la musique qu’il joue avec une passion extérieure peu commune dans le domaine classique.


Le terme de « génie » est souvent attribué à tort et à travers pour qualifier le jeu de quelques artistes exceptionnels. Dans le cas de Fazil Say, l’expression ne paraît pas usurpée tant le musicien est protéiforme. Comme interprète, il passe des classiques viennois, Mozart et Haydn, interprétés avec goût et finesse, aux compositeurs débordant de virtuosité comme Liszt ou Moussorgski grâce à une technique proprement phénoménale. Passionné par le jazz, il a formé le World Jazz Quintet, un groupe qui fusionne les différentes expressions musicales.

Comme compositeur, Fazil Say laisse s’épanouir tout le romantisme qu’il a en lui dans des œuvres fortement teintées d’une spiritualité universelle et d’un orientalisme dont les titres seuls sont déjà la promesse d’un exotisme incitant au voyage : Istanbul Symphony, Mesopotamia (Symphonie N° 2), Herzafen Concerto pour ney (cette fameuse flûte en bambou qui se joue depuis des milliers d’années) ou encore sa Symphonie N° 3 « Universe » composée comme en écho aux célèbres Planètes de Gustav Holst, mais qui se place du point de vue de l’astronomie en se basant sur les connaissances scientifiques d’aujourd’hui autour de la théorie du Big Bang et de l’expansion de l’univers. Dans Never Give Up, son concerto pour violoncelle créé par Camille Thomas, Fazil Say dénonce les tragédies de notre époque marquée par les guerres, le terrorisme et l’acharnement à détruire. Son œuvre est, dit-il, « une injonction de ne pas abandonner, de continuer à se battre contre l’obscurité, à cultiver les arts, la liberté et l’esprit des Lumières ».

Très souvent appelé comme artiste en résidence à Vienne, comme à Francfort ou à Zurich, Fazil Say a enregistré de multiples albums consacrés au répertoire pianistique de Bach à Gershwin et à ses propres compositions. Pris pour cible dans son pays par des membres du parti AKP, il a été accusé de blasphème pour avoir publié des tweets dans lesquels il citait des quatrains du fameux poète persan du XIe siècle Omar Khayyam, qui se montrait très critique face aux religieux de son temps. Acquitté en 2016, mais interdit de presque toute activité en Turquie, Fazil Say a, durant l’été 2018, exprimé son désir de rejouer dans son pays dans une démarche de dialogue et de réconciliation. C’est aussi en 2016 qu’il reçoit le prix Beethoven qui récompense des artistes œuvrant en faveur des droits de l’homme, de la paix, de la liberté, de l’intégration et de la lutte contre la pauvreté. Irritant pour certains, musicien d’exception pour ses fans, cet artiste généreux qui divise le public et la critique a enregistré en 2016 les sonates de Mozart pour WARNER CLASSICS dont il est artiste exclusif. La lumineuse simplicité de cette intégrale splendide vient à point nommé pour mettre un terme aux polémiques et pour prouver le talent insolent de ce trublion qui a plus d’un point commun avec Amadeus. © François Hudry/QOBUZ


 


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