Catégories :
Panier 0

Votre panier est vide

Erich Kleiber

Dans la famille Kleiber, comme dans la famille Jordan aujourd’hui, la gloire du fils a éclipsé celle du père. La postérité a été particulièrement cruelle avec Erich Kleiber qui était considéré de son temps, et l’écoute des enregistrements qu’il nous laisse le confirme, comme un des plus grands chefs d’orchestre du siècle. Son fils Carlos semble avoir hérité de ses fabuleuses qualités, tout en doutant toute sa vie d’arriver à égaler le génie de son père. Les convictions politiques affirmées d’Erich Kleiber, violemment antifascistes, ont entravé son accession aux postes les plus convoités, car il ne s’est jamais compromis avec un régime politique quel qu’il soit. Profondément autrichien, sans aucune ascendance juive, il s’est farouchement opposé au régime nazi, au même titre qu’un Hindemith ou qu’un Adolf Busch dès 1933. Démissionnant de son poste de l’Opéra National de Berlin en 1934, il répudie dans la foulée son contrat à la Scala de Milan sous la férule de Mussolini.


Dès lors, la vie d’Erich Kleiber et de sa famille prend une forme d’errance pathétique, ballotée entre Amsterdam, Rome, New York, puis l’Amérique du Sud, Montevideo, La Havane et Buenos Aires où il devient directeur du Teatro Colón entre 1936 à 1949, devenant citoyen argentin et attirant grâce à son prestige les grands noms de l’époque : le pianiste Emanuel List ou des artistes lyriques comme Kirsten Flagstad, Viorica Ursuleac et Set Svanholm.


La carrière internationale d’Erich Kleiber avait commencé très fort dans les années vingt avec des concerts dans le monde entier et des engagements chaque saison à la tête de l’Orchestre Philharmonique de New York. C’est aussi durant cette période qu’il réalise une centaine d’enregistrements pour le 78 tours. Lorsqu’il revient en Europe en 1950, le monde a changé et Kleiber ne retrouve pas sa situation d’avant guerre, car les postes clés sont tous occupés par des chefs restés en Europe : Furtwängler, Böhm ou Karajan pour ne citer qu’eux. Sa mort, officiellement d’une crise cardiaque, intervient juste après le refus de sa candidature comme directeur de l’Opéra de Vienne, sa ville natale. Selon son fils Carlos, il s’agirait plutôt d’un suicide puisqu’on retrouva Erich Kleiber dans la baignoire de son hôtel de Zurich, vidé de son sang, le jour même du bicentenaire de la naissance de Mozart, le 27 janvier 1956, ce compositeur qu’il adorait et qu’il avait si bien servi durant toute sa vie, mais la thèse de ce suicide hautement symbolique n’a jamais été confirmée.


La direction d’Erich Kleiber était enflammée et nous semble aujourd’hui étonnamment « moderne », grâce à des tempi extrêmement vifs, un engagement total, une grande élégance, des articulations allégées, une expression allant droit au but avec une force de conviction peu commune, qualités qui allaient devenir celles de son fils Carlos. Erich Kleiber a peu enregistré après la guerre, il nous reste un miraculeux enregistrement des Noces de Figaro de Mozart réalisé par DECCA, à Vienne, à l’orée de la stéréophonie avec Cesare Siepi, Lisa Della Casa et Suzanne Danco. Sa direction enflammée et théâtrale en diable font de ce disque une référence absolue. Il nous lègue aussi un splendide Chevalier à la rose de Richard Strauss avec Maria Reining et Sena Jurinac, quelques symphonies de Beethoven à Vienne et à Amsterdam dans lesquelles éclate son tempérament de feu. Les enregistrements officiels ont été publiés récemment par DECCA dans un coffret les regroupant. De nombreux enregistrements live sont aujourd’hui disponibles avec un son plus ou moins correct, mais ils permettent de nous faire une meilleure idée de ce que fut le grand art de ce chef d’orchestre trop méconnu.


© FH – décembre 2017 /Qobuz

Discographie

86 album(s) • Trié par Meilleures ventes

Mes favoris

Cet élément a bien été <span>ajouté / retiré</span> de vos favoris.

Trier et filtrer les albums