Très classique mais aussi très électro, le Festival (Piano) Oxygene proposera sa première édition au public parisien du Café de la Danse, les 3, 4 et 5 octobre. Avec un éclectique et alléchant casting comprenant notamment Luis Fernando Pérez, Bachar Mar-Khalifé, Abstraxion, Vestard Shimkus et Gabriel Urgell Reyes.

Crise du disque, crise du disque, crise du disque… Pendant que certains chantent, claironnent, sifflent et braillent cet éternel couplet, d’autres agissent ! Pour preuve le jeune label classique Artalinna qui lance même son festival : le Festival (Piano) Oxygene. Les 3, 4 et 5 octobre prochains, des artistes maison (mais pas que…) se réuniront au Café de la Danse, à Paris. Du classique certes mais aussi de l’électro pour la première édition de cette alléchante manifestation.

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Les festivités débuteront donc vendredi 3 octobre, à 19h, avec un récital d’Herbert Schuch. Au programme du concert du pianiste germano-roumain, des œuvres de Schubert et Janacek. Né en 1979, Schuch a remporté le grand prix Alessandro Casagrandre en 2004, et en 2013, le prix Echo Klassik pour son enregistrement de Concertos de Viktor Ullmann et Beethoven. Musicien salué par Alfred Brendel, méconnu en France et à découvrir de toute urgence, c’est un interprète émérite des romantiques allemands (Schubert, Schumann) et des maîtres français du XXe siècle (Ravel, Messiaen). La veille du festival, il se produira dans un endroit encore secret, pour lancer son nouvel album paru chez Naive…

Hiroaki Takenouchi – © Jean-Baptiste Millot

Ce même 3 octobre, à 20h cette fois, c’est le pianiste d’origine japonaise installé à Londres depuis 1997, Hiroaki Takenouchi, qui foulera la scène du Café de la Danse. Takenouchi s’est produit de nombreuses fois au Wigmore Hall, à l’Opéra de Tokyo ou encore au Southbank Centre, mais demeure assez rare en France… Personnalité curieuse, amoureuse des répertoires les plus inattendus et singuliers, qui défend autant Bach, Beethoven, Chopin que Catoire, Nancarrow, Parry, Sterndale Bennett ou Tsurumi. Pour cette première édition du Festival (Piano) Oxygene, il donnera un programme riche, aux multiples horizons, mêlant Haydn, Prokofiev et quelques autres petites surprises. Son album Haydn parait chez Artallina ce mois-ci.

Cette première soirée se terminera par un concert du fascinant Bachar Mar-Khalifé… Dans la famille Khalifé, je demande l’ovni ! Après Oil Slick en 2010, l’insaisissable Bachar Mar-Khalifé avait signé Who's Gonna Get The Ball From Behind... en 2013, un deuxième album totalement inclassable. Un traité de liberté. Un plasticage des genres. Bref, un disque épuré aussi éclectique et impossible à encager que son auteur, pianiste, percussionniste et chanteur… Après une formation classique au Conservatoire, le fils de Marcel et frère de Rami s’est retrouvé à l’Orchestre National de France et à l’Intercontemporain. Sa route croisera celles de Francesco Tristano, Carl Craig, Bojan Z, Murcof, Kery James et quelques autres. Musique classique et contemporaine, musiques traditionnelles, electro, chanson et jazz, Bachar Mar-Khalifé se nourrit de rencontres et de sons. Mais c’est surtout la révolte qui gronde dans ses tripes comme son cœur. Une révolte qu’il applique aussi à lui-même… Au cours du Festival (Piano) Oxygene, c’est à un voyage très riche, toujours personnel, où se mêlent influences classiques, traditionnelles, ou encore jazz et chanson, que nous invitera ce musicien, à l’univers coloré et onirique.

Bachar Mar-Khalifé - © Jean-Baptiste Millot pour Qobuz.com

Shai Wosner ouvrira la seconde journée du festival, samedi 4 octobre à 19h. Né en Israël en 1976, cet élève du brillant professeur Emanuel Krasovsky est connu pour interpréter avec une rare élégance les grandes pages de Mozart, Beethoven, Brahms et aussi Schoenberg ou Ligeti. C’est pourtant son Schubert (compositeur qu’il jouera lors du festival) au Kennedy Center’s Terrace Theater qui aura le plus marqué les esprits. Ses interprétations, intègres, fluides et expressives, font de lui un grand nom de la scène pianistique mondiale : il a signé deux enregistrements exceptionnels pour Onyx, l’un consacré à deux Sonates de Schubert et l’autre, dédié à Brahms et Schoenberg – peut-être l’un des plus beaux disques de piano réalisés ces dernières années...

Une heure plus tard, Gabriel Urgell Reyes prendra d’assaut la scène du Café de la Danse avec, sous le bras, son album Meeting Ginastera, Vol. 1 qui parait chez Artalinna. Né en 1976 à Cuba, il commence le piano très tôt et étudie auprès de professeurs de renom tels que Carlos Fariñas, qui jouera un rôle de mentor. Depuis plusieurs années, Gabriel Urgell Reyes vit et se produit en France. Artiste aux multiples facettes – compositeur, membre du groupe électro The Noise Consort – il s’illustre dans un répertoire varié, allant du grand répertoire classique (Bach, Chopin, Debussy) à des œuvres plus rares, d’Amérique Latine par exemple (Fariñas, Lecuona, Guastavino, etc.). Ses propres œuvres prônent la nécessité du métissage des genres, et ses concerts mêlent souvent classique et électro. Tel sera le cas de ce concert du 4 octobre d’un musicien virtuose et inspiré…

Gabriel Urgell Reyes – © Jean-Baptiste Millot

Cette seconde soirée se conclura, à partir de 21h30, par des sonorités ouvertement électroniques. Aux manettes, Harold Boué alias Abstraxion. Paru fin 2013, Break Of Lights, premier album de ce jeune producteur de 28 ans basé à Londres et à Marseille, était attendu par les gâchettes du bidouillage électronique. Des pointures nommées Erol Alkan, Simian Mobile Disco, James Holden ou bien encore Dan Snaith alias Caribou avaient déjà toutes avoué être passablement excitées par la musique de celui qui se cache sous ce sobriquet d'Abstraxion… Remarqué pour ses remixes de PVT, Beak> ou pour son EP Moon remixé entre autres par Death In Vegas, ce cousin de Principles Of Geometry n'en était pas à son coup d'essai. Un voyage mélancolique, cosmique et technoïde que ce Break Of Lights, paru sur le label new-yorkais HAKT (monté par Justin Miller, ex-label manager de DFA) et Biologic. Bref, Abstraxion clôturera cette soirée de manière… atmosphérique ?

Dimanche 5 octobre, le pianiste madrilène qui monte, qui monte, qui monte, Luis Fernando Pérez se produira à 19h. À 37 ans, celui qui fut l’élève de la grande Alicia de Larrocha mais aussi d’Andras Schiff et de Dmitri Bashkirov, s’affirme comme un musicien étonnant, imaginatif dans les phrasés comme dans les nuances. Ses concerts demeurent en toute circonstance un festival de couleurs, de timbres, et de phrasés, et le public, comme la presse, ne peuvent s’empêcher de célébrer ces voyages sonores qui emmènent loin. Il est aujourd’hui l’un des interprètes majeurs du grand cycle d’Albéniz, Ibéria. Lors du Festival (Piano) Oxygene, Luis Fernando Pérez interprètera à peu près tout, sauf de la musique… espagnole, car il est très connu en France pour ses interprétations des répertoires de sa terre natale. Les Romantiques allemands, les Classiques et des musiques du XVIIIe siècle seront plutôt au menu de ce festin pianistique…

Vestard Shimkus – © Jean-Baptiste Millot

Avec son look de DJ, Vestard Shimkus poursuivra cette dernière soirée, à 20h. Le pianiste letton possède déjà une discographie plus que respectable et admirable, dont un explosif album Beethoven chez Ars Produktion. Né en 1984 à Jurmala, il a remporté de nombreux prix, dont le Prix International Performers Competition à Stockholm en 2001 à l’âge de 17 ans. Rare en France, son concert mêlera classiques russes (Rachmaninov), quelques-unes de ses propres compositions, et quelques musiques majeures pour le courant électro (Glass). Son album Rachmaninov paraitra chez Artalinna fin octobre.

Enfin, Thylacine viendra boucler cette première édition du Festival (Piano) Oxygene à 21h30. Thylacine est un loup de Tasmanie qui a disparu dans les années 1930. L’espèce s’est-elle complètement éteinte ? Pas sûr… Elle semble bien au contraire se réincarner sous les traits d’un jeune Français de 21 ans qui saisit la couleur comme personne. De son vrai nom William Rezé, Thylacine a déjà une bonne expérience de la scène musicale. Avant d’entamer une carrière dans l’univers de l’électro en 2011, il a joué dans différents groupes en tant que saxophoniste – un instrument qu’il n’hésite pas à intégrer dans ses actuelles créations. L’artiste puise son inspiration chez de grands noms de la scène electro tels que Massive Attack, Four Tet ou Moderat. Depuis plusieurs mois, Thylacine multiplie les apparitions publiques avant même la sortie de son premier album, et offre une immersion totale dans l’univers du trip-hop et la musique minimale…

Le site du Festival (Piano) Oxygene

Le site du label Artalinna

Le site du Café de la Danse