QIBUZ / Lundi 9 janvier 2017

• Biopic Sinatra : Scorsese jette l’éponge !

Il en rêvait depuis des années. Malheureusement, Martin Scorsese a annoncé l’abandon de son grand projet de biopic consacré à Frank Sinatra. Dans une interview accordée au Toronto Sun, le metteur en scène américain a déclaré : « On ne peut pas le faire ! Je pense que c’est vraiment sans issu. La famille Sinatra ne sera pas d’accord avec mon film. Mais si elle change d’avis, je rapplique illico ! Certaines choses sont très difficiles pour une famille et je le conçois totalement. Mais s’ils veulent que je réalise ce film, ils ne peuvent pas retenir certaines choses… Le problème est que cet homme était particulièrement complexe. Tout le monde d’ailleurs est complexe. Mais Sinatra en particulier… » Lors de précédentes interviews, Scorsese avait déjà déclaré qu’il n’était guère aisé de rédiger un scénario sur Sinatra car c’était « un homme qui a complètement chamboulé l’image de l’Italo-Américain. Et ça, ça n’est qu’un aspect. »

• Nat Hentoff range son stylo

Son instrument à lui était sa plume. Dans les journaux mais aussi sur les pochettes de disques ou dans les livres, Nat Hentoff aura laissé des traces indélébiles. Les amateurs de jazz en savent quelque chose… Celui qui vient de s’éteindre à l’âge de 91 ans à New York restera comme un des plus grand critique musical du XXe siècle mais aussi comme l’auteur de notes de pochette plus que marquantes. Présent à son chevet au moment de sa mort, son fils Nicholas a précisé que son père écoutait Billie Holiday au moment de son dernier souffle… Nat Hentoff écrivit principalement pour le Wall Street Journal, le New Yorker de 1960 à 1986, le Washington Post de 1984 à 2000, Down Beat et surtout le Village Voice où il travailla durant un demi-siècle. La musique évidemment mais aussi la politique étaient les sujets de prédilection de ce militant pour la liberté d’expression, attaché comme jamais au premier amendement de la constitution de son Amérique natale. Oreille avisée, c’est lui qui signa les notes de pochettes du second album de Bob Dylan, The Freewheelin’ Bob Dylan. Il en fera de même sur des disques d’Aretha Franklin, Ray Charles, Miles Davis, John Coltrane, Charles Mingus, Bill Evans, Max Roach et des centaines d’autres. Durant les années 50 et 60, Hentoff fut sans doute le plus prolifique auteur sur le jazz, sa musique de prédilection. Il laisse aussi une bonne trentaine de livres pour la plupart sur le jazz. En 2004, il sera même le premier non-musicien à être sacré Jazz Master par le National Endowment of the Arts. En 2014, David L. Lewis lui avait consacré un passionnant documentaire intitulé The Pleasures of Being Out of Step: Notes on the Life of Nat Hentoff.

• Favart en retard

Du fait du retard pris dans les travaux, l’Opéra-comique rouvrira le 26 avril dans la salle Favart rénovée au lieu du 16 mars. Mais le 12 février sera lancée comme prévu, hors les murs, la nouvelle saison de cette prestigieuse maison d’art lyrique avec un Fantasio d’Offenbach délocalisé au Théâtre du Châtelet, juste avant la fermeture de ce dernier pour 28 mois de travaux… La réouverture officielle de Favart aura donc lieu le 26 avril avec Alcione de Marin Marais dirigé par Jordi Savall et mis en scène par Louise Moaty et Raphaëlle Boitel. Prévue du 16 au 20 mars, la création mondiale La Princesse légère de Violeta Cruz sera reportée d’une année. Les autres spectacles prévus avant le 26 avril salle Favart, essentiellement des spectacles pour enfant ou des récitals, seront également annulés ou reportés… D'importants travaux de mise aux normes (ventilation, accessibilité) et de rénovation des peintures, dorures et tentures sont menés à l'Opéra-comique depuis sept ans, à raison de deux/trois mois par an, auxquels il faut ajouter vingt mois de fermeture totale de l'édifice.

• Les Shins, pop en stock

Après cinq ans de silence, les Shins publieront leur nouvel album studio le 10 mars prochain chez Columbia. Il s’agira du cinquième, il comportera onze titres et sera intitulé Heartworms . Pour patienter, les fans de James Mercer (qui a produit seul le disque) peuvent déjà déguster le single Name For You qui fait suite à Dead Alive publié en octobre.

• Happy Bowie !

Pour fêter le 70e anniversaire de David Bowie qui aurait dû avoir lieu le 8 janvier parait un EP intitulé No Plan. Ce quatre titres réunit les chansons présentes sur la bande originale de la comédie musicale Lazarus publiée en octobre dernier : No Plan, Killing A Little Time, When I Met You et la chanson-titre. Pour célébrer cette parution, Tom Hingston a réalisé un superbe clip pour la chanson No Plan :

• Terrence Malick connait la musique

Pour son nouveau film intitulé Song To Song et attendu sur les écrans américains le 17 mars, Terrence Malick a recruté une belle brochette de musiciens parmi lesquels Patti Smith, Neon Indian, Iggy Pop, les Red Hot Chili Peppers, Lykke Li, les Black Lips, Iron & Wine, Arcade Fire, Fleet Foxes et Florence And The Machine. Rien d’étonnant en fait car l’action se déroule sur la scène musicale d’Austin au Texas. Côté « vrais » acteurs, le nouveau film de l’auteur de La Balade sauvage et de Tree Of Life réunira Rooney Mara, Ryan Gosling, Michael Fassbender et Natalie Portman. Song To Song sera présenté en avant-première le 10 mars lors du festival South By Southwest à Austin justement.

• Breaking The Waves entre à l’opéra

En 1996, le superbe mélo de Lars Von Trier Breaking The Waves décrocha une palme d’or cannoise qui résonne encore dans le cœur de ceux l’ayant vu, voire revu… Vingt ans plus tard, l’œuvre ressuscite de manière atypique sous la forme d’un opéra. La compositrice Missy Mazzoli confie avoir hésité à relever le défi quand le librettiste Royce Vavrek lui a proposé l’aventure. « Je me suis dit : « c'est un film tellement exceptionnel, pourquoi vouloir le compromettre? » Mais plus j'y pensais, plus je pouvais entendre un monde musical qui ajoutait une nouvelle dimension émotionnelle au film, » a-t-elle expliqué à l’AFP. En septembre dernier, Breaking The Waves a donc été présenté à l'Opéra de Philadelphie où Missy Mazzoli était compositrice en résidence, et est présenté de nouveau au festival d'opéra expérimental de New York, Prototype, qui s’est ouvert la semaine dernière… Lars Von Trier a donné son feu vert au projet sans y être associé. Connu pour sa phobie de l'avion, le réalisateur danois ne verra pas l'opéra aux États-Unis, mais des discussions sont en cours pour d'autres représentations internationales.

• Quand Barack casse la baraque !

Si Donald Trump n’arrive toujours pas à trouver la moindre âme charitable pour chanter le jour de son investiture le 20 janvier prochain à Washington, Barack Obama n’a quant à lui pas eu trop de mal à réunir les stars de la musique (mais pas que) lors de son pot de départ. Pour leur dernière petite sauterie à la Maison Blanche, Barack et Michel Obama ont en effet réussi à réunir un casting assez hallucinant au sein duquel on pouvait remarquer notamment Beyoncé et Solange Knowles, les Roots, Paul McCartney, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Chance The Rapper, Usher, John Legend ou bien encore Kelly Rowland.

• Jackie, Natalie et Mica Levi

Abordant le cas Jacqueline Kennedy de façon joliment singulière, Pablo Larrain a donc choisi pour la musique de son film Jackie qui sortira sur les écrans français le 1er février, une partition elle aussi joliment singulière. Le cinéaste chilien a ainsi confié à Mica Levi le soin d’habiller en notes la vie de l’ancienne First Lady au moment de l’assassinat de son illustre mari, en novembre 1963. C’est avec la B.O. du film Under The Skin que la Britannique, plutôt habituée à naviguer dans l’underground du rock indé avec son groupe Micachu & The Shapes, avait signé, en 2014, sa toute première musique pour le 7e Art. Mica Levi avait alors composé une œuvre oppressante, minimaliste, expérimentale et fascinante. Et son rythme électronique anxiogène était le parfait compagnon de ce film de Jonathan Glazer au style et à la beauté envoûtants… Avec Jackie, les images comme le sujet sont tout autre. Le glamour de l’héroïne, la période (le début des sixties), l’Amérique d’avant le conflit vietnamien, la tragédie JFK et les images léchées de Larrain auraient pu suggérer une B.O. luxuriante voire grandiloquente. Mica Levi a l’intelligence de mettre un grain de sable dans les rouages d’une partition baignant dans les cordes. Tout est dans le thème génial qui, comme pour Under The Skin, utilise un glissando appuyant la face onirique pour ne pas dire irréelle de la situation. Comme un twist léger porteur d’étrangeté… La Jackie Kennedy de Pablo Larrain est une extra-terrestre qui semble planer malgré le poids de la douleur et le regard de la planète toute entière posé sur elle et ses enfants. Et cette étrangeté qui se dégage de toute la partition de Mica Levi est indissociable des images de ce magnifique film ovni porté par une Natalie Portman renversante... Sans doute pour des raisons commerciales, cette musique a été étrangement éclipsée de la bande-annonce du film :

Une interview de Mica Levi réalisée en novembre dernier :

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