Les retrouvailles discographiques entre Orgasmic et Fuzati ne sont pas pour autant synonymes d'un nouvel album du Klub des Loosers. Rencontre avec le tandem versaillais, auteur d'un Grand Siècle tissant de passionnants liens entre rap et électro.

N’en déplaise aux esthètes (?), le rap c’était pas forcément mieux avant. Pour preuve les retrouvailles entre Orgasmic et Fuzati qui n’avaient pas pris de bain ensemble depuis une bonne décennie et qui co-signent un bien fascinant Grand Siècle. Embarqués au pays du Klub des Loosers en 2000, chacun traça rapidement sa route, Fuzati incarnant à lui (presque) tout seul le Klub, Orgasmic intégrant TTC et fondant Sound Pellegrino avec Teki Latex. Pour faire court, Fuzati peaufina son rap décalé, adossé contre une plume d’acier trempé dans la ciguë pendant qu’Orgasmic expérimenta de plus en plus les textures électroniques… Ces retrouvailles sont attachantes car tout on conservant la singularité de son ADN, chacun déballe ici le bon vocabulaire pour instaurer un dialogue musical neuf. Les deux Versaillais qui se connaissent par cœur trouvent même des orientations inédites comme ce superbe final brésilien sur le titre Corbillards. Côté prose, Fuzati excelle toujours et encore dans son rôle de chroniqueur/gros niqueur de l’ère du temps, dosant toujours aussi savamment l’anthracite et le drolatique ; son flow unique s’est même trouvé une nouvelle musicalité. Côté son, Orgasmic lui tend des instru’ minimalistes légèrement électro, réglés au cordeau et en harmonie totale avec le propos. Il n’y a donc pas grand-chose qui ressemble à ce Grand Siècle sur la raposphère. Tant mieux. Adossés contre les bacs à vinyles de Walrus, un nouveau disquaire/bar de la rue de Dunkerque à Paris, Orgasmic et Fuzati évoquent leurs retrouvailles et leur atypisme.

Orgasmic & Fuzati : interview vidéo Qobuz

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