Surtout connu pour son célèbre opéra Faust, dont "l’air des bijoux" a été immortalisé par la Castafiore, héroïne de la bande dessinée Tintin, pour ne pas parler de la célèbre "valse", ou encore pour son opéra comique Mireille, Charles Gounod l’est beaucoup moins pour sa musique religieuse qui représente pourtant une partie importante de son oeuvre.

Alors que le disque a été particulièrement généreux avec les grandes œuvres sacrées du répertoire telles que les messes de Bach ou de Mozart, ou encore la Missa Solennis de Beethoven, le requiem de ce même Mozart, ou encore ceux de Berlioz, Fauré, Verdi, ou bien le Requiem Allemand de Brahms, la musique religieuse de Gounod ne trouve guère grâce aux yeux des éditeurs que par quelques enregistrements de la Messe Solennelle de Sainte Cécile et quelques autres œuvres disséminées de ci de là.

Le mélomane amoureux de musique sacrée que je suis a très longtemps été éloigné par simple méconnaissance, et aussi par la relative pauvreté de l’offre comme je le disais, de l’oeuvre de Gounod dans ce répertoire et c’est une véritable injustice envers ce chef d’œuvre absolu qu’est Mors et Vita qui mérite de figurer sans complexe auprès des œuvres citées précédemment.

Car en effet, cette œuvre, dont la durée avoisine les 2h40, est tout simplement magnifique et bénéficie d’une richesse d’inspiration qui semble sans limites et la spiritualité profonde qui en émane (un Agnus Dei, plage 2.03, sublime) est assurément l’un des plus beaux témoignages du génie humain à transcender sa condition de "grain de poussière perdu dans l’univers".

Voici ce que Gounod écrivait sur sa trilogie sacrée Mors et Vita dans le livret de la première exécution de l'oeuvre en France, le 2 mai 1886 sous sa direction (manuscrit sur l'image ci-dessous) :

"Avertissement

Cet ouvrage fait suite à ma trilogie sacrée « La Rédemption ». On sera peut-être surpris que, dans le titre, j’aie mentionné la Mort avant la Vie. C’est qu’en effet la Mort n’est que la fin de l’Existence qui est un mourir continuel ; mais elle est le premier instant et, en quelque sorte la naissance de ce qui ne meurt plus.

La première partie est consacrée à l’expression des tristesses causées par la perte des êtres aimés et aux solennelles terreurs de la Justice infaillible.

La seconde contient le Réveil des Morts par la trompette des Anges, et le Jugement des Elus et des Réprouvés.

La troisième, tirée de l’Apocalypse, est la description de la Nouvelle Jérusalem et de la Vie bienheureuse.

Ch. Gounod"

L'image ci-dessus a été créée d'après le livret disponible sur Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France.

Nous ne pouvons également qu’être enthousiaste pour la qualité de la prise de son qui respecte l’équilibre entre l’orchestre et le chœur et, bien que les solistes soient mis légèrement en avant, la restitution offre un bon naturel et une bonne approche de ce que l’on ressent au concert lorsque de telles œuvres sont jouées.

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Barbara Hendricks - Mors et Vita | Compositeurs Divers par Michel Plasson