L’ancien chanteur de Taxi Girl, Daniel Darc est mort à l’âge de 53 ans.

Daniel Darc est décédé le 28 février 2013. Le chanteur qui a été retrouvé sans vie à son domicile parisien, emporté par une overdose d'alcool et de médicaments, était âgé de 53 ans…

A force d’avoir été mort tant de fois, Daniel Darc est mort pour de bon. Clap de fin brutal sur cette vie d’écorché vif ayant titubé entre excès et passions… L’ancien chanteur de Taxi Girl était sans doute la plus belle incarnation d’un Saint Sébastien transpercé de flèches. Faux dur et vrai tendre. De cette carrière chaotique dont la trajectoire sera régulièrement déviée par la drogue ou l’alcool surgiront de belles fulgurances. Des chansons incandescentes. Des cris déchirants. Ou juste touchants. Si pour beaucoup le chanteur fut une icône, lui s’en entoura sans compter. Elvis, Chet, Drieu, Coltrane, Nijinsky, James Dean, Vian, Van Morrison, Jacques Rigaut, Elvis… La liste de ces images pieuses qu’il serrait contre son âme était longue, exigeante et plus que chérissable.

Et puisqu’il y avait une vie (survie ?) après Taxi Girl, Daniel Darc poursuivra ses lumineuses pérégrinations sur un chemin fait de rêves (de cauchemars aussi…), de chaos intérieurs et d’éclairs en une poignée d’albums solo – cinq – sa prose nue toujours soupesée, souvent chantée, parfois parlée. Christique et magique.

Né Daniel Rozoum le 20 mai 1959 à Paris, Daniel Darc rejoint Taxi Girl en 1978, aux côtés de Mirwais Stass, Laurent Sinclair, Stéphane Erard et Pierre Wolfsohn. Même si en 1980 la France entière les découvre avec le single Cherchez le garçon, Taxi Girl restera dans la marge, comme son chanteur. Chanteur dont on retient parfois davantage les gestes que les mots, comme ce tranchage de veines sur la scène du Palace alors que Taxi Girl assure la première partie des Talking Heads… La pop new wave romantique, synthés et ligne claire, restera la marotte, certes culte, de quelques-uns. Leur unique véritable album Seppuku qui parait en 1981, produit par Jean-Jacques Burnel, le bassiste des Stranglers, ne confirmera pas le succès de leur mythique single.

Eté 1981, la mort par overdose de Wolfsohn n’arrange pas les choses et Taxi Girl se retrouve au final constitué de Darc et Mirwais. Le binôme signe pourtant quelques beaux titres: Plus je sais plus j'oublie, De l'autre côté, Monna, Paris et, en 1986, Aussi belle qu'une balle. En 1986, le groupe s’éteint définitivement.

Daniel Darc en solo devient une réalité en 1987 avec l’album Sous influence divine, concocté avec Jacno. L’année suivante, avec Parce que, il co-signe avec le Britannique Bill Pritchard un bel opus comportant notamment des relectures d’Aznavour et du Velvet Underground. La Ville, un single produit par Daho en 1988, et l’album Nijinsky, six ans plus tard en 1994, rappelle que le bonhomme bouge encore. Mais son bras de fer avec l’héroïne prend souvent le dessus et les années qui suivent l’éloignent des radars…

L’année 2004 marque un tournant pour cet extra-terrestre qui ère dans Paris et dont l’image est pour certains plus souvent celle d’un loser flamboyant que d’un véritable auteur. Avec le sublime Crèvecœur, Daniel Darc ressuscite et dévoile un talent fulgurant. L’album réalisé avec l’aide Frédéric Lo ramasse les lauriers des médias et trouve même un public : 60.000 exemplaires de vendus et une Victoire de la Musique dans la catégorie – on croit rêver ! – « album révélation de l'année ». Un succès qui le fait participer à diverses productions : Cali, Buzy, Tchéky Karyo, Elisa Tovati, Thierry Amiel, Alizée…

Amours suprêmes – référence au Love Supreme de Coltrane – qui parait quatre ans plus tard réunit à ses côtés Alain Bashung et Robert Wyatt. Il est suivi par La Taille de mon âme, en 2011, son dernier album. Dernièrement, il travaillait à une autobiographie et un nouvel album.

Il y a quelques jours, samedi 23 février, Daniel Darc était monté sur la scène de la Gaîté Lyrique pour rejoindre Bertrand Burgalat, jouant de l'harmonica et improvisant sur Aux Cyclades électroniques. Quelques jours plus tôt, il avait participé à l’émission télévisée de ce même Burgalat, L'Année bisexuelle, diffusé sur Paris Première, pour un pastiche de Daft Punk baptisé Darc Punk. Belle âme, belle plume et belle blessure, Daniel Darc était sans doute un dark punk qui jouera les nuages gris au paradis. Ou les rayons de soleil en enfer…

Daniel Darc - Je me souviens, je me rappelle

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