Assurément, la marque française Atoll peut servir d'exemple en proposant des appareils Hi-Fi de qualité, conçus et fabriqués avec soin en France, et vendus à des prix qui n'ont rien de prohibitifs. Déjà positionné depuis quelque temps sur le marché des lecteurs de sources dématérialisées avec le DAC100, Atoll a récemment mis sur le marché le DAC200, un appareil de haut de gamme sans en avoir le prix, lisant des fichiers audio jusqu'à 24 bit à 192 kHz.

Fondée en 1997 par deux frères, la marque Atoll fait partie de ces petites entreprises "qui ne craignent pas la crise", puisque celle-ci continue son chemin en étoffant doucement, mais surement, un catalogue d'appareils Hi-Fi audiophiles aux tarifs abordables qui ont séduit les oreilles de nombreux audiophiles en France comme hors de France.

Atoll propose ainsi des lecteurs de CD, un lecteur de CD-SACD et un lecteur de DVD, ainsi que des amplificateurs intégrés, des pré amplificateurs dont un modèle à six canaux pour le Home Cinéma ou l'écoute de disques ou de fichiers audio multicanal, le PR5.1, pouvant être équipé ou non d'une carte de décodage pour les signaux codés en Dolby Digital et DTS, des blocs amplificateurs, divers petits produits, et bien sûr deux modèles de convertisseur numérique analogique, le DAC100 et le très récent DAC200.

Le DAC200 vient taquiner les appareils audiophiles de haut de gamme avec un prix qui reste tout à fait raisonnable et ne succombe pas à la pierre philosophale audiophile qui veut changer tout fichier audio en fichier haute définition 24 bit à 192 kHz. Il respecte ainsi le format natif des fichiers (ce dont Qobuz félicite Atoll) en optant pour une interface USB propriétaire très efficace et un traitement des signaux analogiques en symétrique et sans faire usage de contre réaction dès la sortie du convertisseur jusqu'aux prises de sortie.

Présentation

Avec sa façade en aluminium brossé anodisé naturel ou noir de 8 mm d'épaisseur, longue et assez peu haute, le DAC200 d'Atoll ne manque pas d'allure. Un afficheur longiligne placé en position centrale surplombe la série de touches de sélection de source. Celle-ci est indiquée en permanence sur cet afficheur, tandis qu'il fait apparaître brièvement le niveau lorsque l'on actionne le réglage de volume (lorsque la fonction pré amplificateur a été activée), via la molette ou la télécommande (qui pilote aussi la mise en marche, la sélection de source et également les amplificateurs et lecteurs de CD de la marque. A droite de la molette de volume se trouve une prise casque (très bonne idée) et la touche de mise en marche.

La connectique

Le DAC200 Atoll est muni d'une connectique assez riche. On dénombre ainsi une prise USB de type "B" pour le relier à un ordinateur sur lequel il faudra installer les pilotes fournis par Atoll (ATOLL_Driver_v1.22.0) à partir de cette page.

Deux entrées numériques S/PDIF coaxiales et trois optiques ainsi qu'une entrée au format professionnel AES/EBU font aussi partie de la dotation. Les sorties sont également bien représentées puisque le signal numérique entrant y compris par USB est disponible sur sorties S/PDIF coaxiale et optique (avec possibilité de désactiver ces sorties).

Le signal analogique stéréo peut être prélevé en mode asymétrique sur deux prises Cinch ou en mode symétrique sur deux prises au standard professionnel XLR. Le mode symétrique consiste à transmettre le signal en "positif" et en "négatif" (c'est-à-dire variant en sens opposé) afin d'annuler au niveau de l'appareil récepteur tout éventuel parasitage.

La fabrication

Le DAC200 est bâti autour d'un châssis en tôle d'acier de 1,5mm d'épaisseur à bords pliés offrant une bonne rigidité et sur lequel est fixée la façade sans vis apparentes extérieurement. Un capot plié en simple U, réalisé dans une tôle d'acier de même épaisseur que le châssis vient coiffer celui-ci.

Hormis le récepteur de la liaison sans fil (de type WELL, Wireless Elipson Lossless Link) prenant place près de la façade afin de se trouver dans une zone où le boîtier ne fera pas écran aux ondes radio et l'interface USB, l'électronique du DAC200 prend place sur un unique circuit imprimé occupant presque toute la surface.

Mis à part les composants stratégiques qui n'existent qu'en version à montage en surface, ce circuit de qualité professionnel emploie uniquement des composants traditionnels "traversants" qui sont implantés et soudés manuellement.

C'est une manière intelligente de faire baisser les coûts de revient puisqu'il n'est pas nécessaire ou d'investir dans des machines automatiques d'implantation ou de faire appel à un sous-traitant dans l'option d'une réalisation en composants à montage en surface. On peut aussi noter qu'une éventuelle opération de maintenance est grandement facilitée lorsqu'il est fait usage de composants traditionnels.

Alimentation et interface USB

L'alimentation ou plutôt les alimentations du DAC200 sont toutes des modèles "linéaires" utilisant des transformateurs, la seule concession faite au type "à découpage" est l'alimentation des circuits de veille qui est réalisée à partir d'un module Traco power à très faible consommation.

Pas moins de trois transformateurs sont utilisés dans l'alimentation du DAC200 et on dénombre neuf alimentations régulées distinctes (dont une servant à alimenter le convertisseur numérique analogique et placé à proximité immédiate de celui-ci et non visible sur la vue ci-dessous) ! Certaines sont réalisées avec des régulateurs intégrés (LM7805 de 5V et LM33CV de 3,3V pour les circuits numériques) tandis que les autres sont de type régulé par diode zéner et transistor, en particulier celles servant à alimenter les circuits de filtrage analogique, car il n'existe pas de régulateurs intégrés à tension fixe pour les valeurs choisies (+30V et -30V).

On notera aussi le nombre important de condensateurs chimiques servant au filtrage de ces alimentations.

L'interface USB asynchrone utilise un circuit à haute intégration embarquant un microprocesseur et une mémoire dont le logiciel a été développé par Atoll. Trois oscillateurs à quartz sont associés à ce circuit permettant de couvrir toutes les fréquences d'échantillonnage de 32 kHz à 192 kHz. Les flux numériques sont traités dans leur format natif et les fichiers compressés tel que le MP3 sont aussi pris en charge.

Cette interface est réalisée en technologie à composants à montage en surface et s'insère sur deux connecteurs soudés sur la carte principale.

On aperçoit juste à côté de cette carte l'interface S/PDIF utilisant un récepteur Cirrus Logic CS8416 monté côté soudure et dont on peut voir une sérigraphie en blanc. Celui-ci peut commuter huit sources numériques et reproduit l'entrée sélectionnée sur les sorties coaxiale et optique.

Conversion numérique analogique et filtrage

Le DAC200 est équipé d'un convertisseur numérique analogique Burr-Brown PCM1792 acceptant les signaux jusqu'à 24 bit à 192 kHz (encadré en vert sur le visuel avec le régulateur 5V réservé à son unique usage).

Le PCM1792 possède des sorties différentielles en courant (Current segment DAC) pour chaque canal, courant qu'il va falloir transformer en tension. Pour ce, Atoll utilise uniquement des transistors, de même que pour le filtrage, les points de polarisation des transistors fonctionnant en classe A sans contre-réaction ayant été peaufinés par des écoutes prolongées, comme le choix des condensateurs de liaison qui sont des modèles de marque Clarity Cap de grande qualité à couche polypropylène (en orange sur la photo) réputés auprès des audiophiles.

Nous avions indiqué dans le paragraphe sur la connectique que le DAC200 délivrait un signal audio symétrique sur ses sorties au standard XLR. Atoll a donc choisi à bon escient le PCM1792 puisque ses sorties différentielles en courant sont à même de donner naissance à des sorties symétriques en tension.

C'est donc pour cela que l'on trouve sur la carte quatre circuits semblables autour des condensateurs Clarity Cap, deux d'entre eux générant la partie "positive" ou directe du signal audio (qui est aussi utilisée sur les sorties asymétriques), un pour la voie droite et un pour la voie gauche, tandis que les deux autres génèrent la partie "négative" ou inversée pour chaque voie.

Ces signaux sont commutés sur les sorties via des relais de qualité (notés K1 et K2 sur le circuit imprimé).

Notons que cette façon de générer des signaux symétriques peut être qualifiée de "top of the art" et ne saurait être comparée avec celles utilisant des symétriseurs à amplificateurs opérationnels ou encore des circuits intégrés symétriseurs comportant dans un même boîtier des amplificateurs opérationnels et des résistances de précision, qui fonctionnent certes, mais ajoutent des éléments actifs présentant de forts taux de contre réaction sur le trajet du signal.

Pour la petite histoire, le DAC200 a nécessité à peu près deux années de développement et de tests d'écoute et environ une quinzaine de prototypes avant d'être déclaré "bon pour le service" (et il en est de même pour toutes les réalisations Atoll).

L'écoute

Nous ne serions pas surpris que la restitution sonore du DAC200 soit à même de ravir les nostalgiques des vinyles par sa douceur et une certaine discrétion dans le haut du spectre qui ne sont pas sans rappeler une reproduction sonore de type analogique.

Les audiophiles qui n’ont jamais été convaincus par l’enregistrement numérique reverront certainement leur opinion en écoutant le DAC200 tant celui-ci fait oublier que le signal audio est enregistré sous la forme de uns de zéros, mais les partisans d’une restitution « au scalpel » resteront un peu sur leur faim.

La restitution sonore du DAC200 est indéniablement d'une grande beauté, privilégiant l’ampleur et un certain lié, en gommant parfois légèrement certains petits détails, mais quel bonheur d'écouter le final Alles Vergängliche ist nur ein Gleichnis de la Symphonie des Mille de Gustav Mahler par Kent Nagano en qualité Studio Masters où le DAC200 retranscrit avec ampleur et maestria et sans une once de dureté la montée graduelle vers le fortissimo de l'orchestre et des chœurs de la coda soutenus par les grandes orgues.

Ce même sentiment prédomine à l'écoute t de la Fantasia on British Sea Songs de Henry Wood où les violons de Jack's the Lad sont plus sages qu'avec d'autres convertisseurs, de même que cymbales et triangle sont également plus discrets. Rien à redire en revanche au niveau de l’image sonore qui se déploie avec magnificence, mais semble-t-il avec une petite timidité dans la dynamique lors de l’entrée solennelle des cuivres précédant le Rule Britannia, emplissant de leurs couleurs l’espace sonore de manière assez grandiose.

Dans un autre style, à l'écoute d'extraits du célèbre album The Wall des Pink Floyd, l'ampleur du grave et son impact sont saisissants, celui-ci offrant une très bonne fermeté, tandis que les voix ne paraissent jamais projetées et évitent de montrer de l’agressivité même lorsqu’elles haussent le ton, comme au début du « Happiest Day of Our Life » (plage 5, la plus connue) ou lors du fameux « Hey Teacher ».

Diverses écoutes sur la sortie casque se sont montrées tout aussi agréables et pleines de vie, en soulignant que la possibilité de régler le volume depuis la molette ou la télécommande est un plus appréciable qui pourra aussi être exploité en se servant du DAC200 avec ses sorties en niveau variable directement raccordées à un amplificateur de puissance.

Notons aussi que le dongle USB permet de profiter sans fil du streaming depuis le player en ligne Qobuz ainsi que via notre application Desktop compatible Mac et PC. Les écoutes que nous avons réalisés en streaming qualité CD (FLAC 16 bit / 44,1 kHz) avec ce dongle étaient tout à fait comparables à celles réalisées en liaison par cordon USB ou S/PDIF.

Le dongle pour Apple permet également le streaming de l'application Qobuz mobile depuis un iPod, un iPhone ou un iPad.

En conclusion le DAC200 Atoll est un appareil offrant une restitution ne cherchant pas à épater par l’exubérance mais à séduire par une certaine douceur et une petite tempérance lors des écarts dynamiques. Sa restitution sonore policée est très séduisante même si celle-ci nous a semblé parfois un peu éloignée de la réalité du concert vivant et qui pourrait être comparée à celle d'une source analogique. Un DAC peut-être plus adapté aux amateurs qui veulent écouter de la musique de manière paisible qu’à ceux qui aiment sursauter lorsqu'un orchestre symphonique passe brusquement de pianissimo à fortissimo.

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Formats restitués

Parenthèse sur l'utilisation d'un DAC en liaison USB avec un ordinateur

Un convertisseur numérique analogique ne pose aucune difficulté d'utilisation, si ce n'est que le résultat sonore sera également conditionné par le lecteur logiciel utilisé pour lui transmettre les données, et aussi le mode dans lequel ce lecteur sera configuré.

Nous voudrions donc faire une parenthèse suite à une remarque qui nous a été faite quant aux possibilités de lecture des divers "formats" audio informatiques par les DAC et lecteurs réseau et au test contributif que nous vous avons proposé.

Effectivement , un DAC reçoit un flux numérique via une entrée USB reliée à un ordinateur ou via une entrée S/PDIF. Dans ce dernier cas il n'y a pas de question à se poser puisque le signal provient en général d'un lecteur de disques physiques ou d'un convertisseur USB-S/PDIF et est conforme à la norme S/PDIF. Là où le problème se corse, c'est effectivement avec la liaison USB.

On nous a fait remarquer, à juste raison, que dans cette configuration le décodage des formats (FLAC, AIFF...) était fait par le lecteur logiciel.

C'est exact, et c'est donc le flux audio numérique décompressé qui est envoyé au DAC via la liaison USB, flux qui est théoriquement identique au fichier non compressé originel, normalement un LPCM (Linear PCM ou PCM sans compression).

Mais comment expliquer alors que certains DAC comprennent tous les formats que nous leur soumettons en lisant nos fichiers de test avec le lecteur logiciel Foobar2000 configuré en Kernel Streaming (KS) c'est-à-dire en contournant tous les traitements du logiciel d'exploitation ?

On nous a aussi fait remarquer, qu'un DAC "est purement conçu pour accepter un flux numérique, par définition non lié au format original du fichier ", ce qui n'est pas vraiment exact puisqu'un fichier WAV non compressé d'un morceau de musique aura un débit plus important que son équivalent FLAC ou AIFF, et par conséquence les flux ne seront pas identiques.

On sait aussi que les puces USB fabriquées par les grands fondeurs de circuits intégrés sont soit de type synchrone, asynchrone, ou adaptative. Le rédacteur de ces lignes n'étant pas informaticien mais un simple ancien technicien électronicien ayant aussi été rédacteur technique dans deux revues de Hi-Fi durant cinq années, il se fait un devoir d'apporter et de (tenter de) comprendre les informations techniques qu'il peut trouver sur la liaison USB en audio qui semble pour le moins décontenancer un certain nombre de personnes, dont nous ne nous excluons pas.

Nous avons publié une traduction d'explications sur les modes de lecture audio par logiciel réalisées par la marque de convertisseurs M2Tech afin de tenter d'éclairer la lanterne de nos abonnés et aussi la nôtre et nous vous proposons aussi de visiter cette page Internet sur le sujet et que nous avons trouvée très récemment.

Nous faisons de notre mieux et "fouinons" régulièrement sur Internet à la recherche d'informations qui pourraient être utiles à la communauté Qobuz et le test de lecture ou de "restitution" de formats que nous réalisons systématiquement lors de test de DAC ou de lecteur réseau vaut ce qu'il vaut, mais on ne peut nous retirer le mérite de proposer quelque chose là où les autres ne proposent rien.