La marque japonaise TEAC propose un convertisseur numérique analogique nommé UD-501, de conception quasi professionnelle, offrant de nombreuses possibilités d'agir sur les signaux numériques, mais aussi celle de lire les flux DSD (format du SACD) transmis sous forme native ou en mode DoP (DSD over PCM) via une liaison USB, ce qui, actuellement est encore plutôt rare, et plus encore dans la gamme de prix de cet appareil.

Après avoir durant de longues années été particulièrement réputée pour ses magnétophones à bande et ses enregistreurs à cassette faisant usage du système d'expansion de dynamique DBX, la marque TEAC a pour ainsi dire disparu, tout du moins dans nos contrées. Elle ne fit sa réapparition qu'assez récemment telle quelle en ayant entre temps créé la marque Esoteric proposant des appareils Hi-Fi de haut de gamme.

TEAC possède également une division professionnelle, Tascam, bien connue et appréciée dans les studios d'enregistrement, et propose également divers appareils destinés au domaine informatique (lecteurs/graveurs de DVD), à l'archivage, ou encore au domaine médical.

Nous avions testé début 2012 l'excellent petit amplificateur avec DAC intégré A-H01 auquel nous avions décerné notre récompense Qobuzissime pour ses très bonnes performances, son homogénéité et son tarif très raisonnable en regard de ses qualités.

Qu'allait donc nous réserver ce convertisseur UD-501, décodant les signaux jusqu'à 32 bits à 384 kHz sur son entrée USB, disposant d'une fonction "d'upsampling" débrayable, de deux filtres pouvant agir sur les signaux signaux standards PCM et aussi de quatre filtres applicables aux signaux au format DSD, le format "monobit" utilisé sur les SACD ?

Car le UD-501 peut traiter ces signaux DSD qui seront véhiculés en format natif ou via le mode DoP (DSD over PCM, voir plus loin dans le texte) au travers d'une liaison USB d?ordinateur (pas de DSD natif mais mode DoP uniquement sur Mac), ce qui n'est pas encore chose courante, c'est le moins que l'on puisse dire.

Présentation

Avec son allure très fonctionnelle, son interrupteur à levier, son bouton gradué en atténuations de ? ? à 0 dB et ses flancs lui donnant un aspect de petit rack, voire d?appareil de mesure, le TEAC UD-501 ne peut renier sa parenté avec Tascam, la division professionnelle du constructeur japonais.

Ce n?est assurément pas un appareil pour frimer et la sobriété de sa présentation se double d?un aspect robuste rassurant et (pour une fois) nous trouvons que le noir lui va plutôt bien et peut-être même mieux que l?argenté, mais là c'est une question de goût.

Point de concession non plus à la (relativement) fragile prise Jack 3,5mm du monde amateur, c?est sur une solide prise Jack 6,35 mm que l?on branchera son casque, et c'est avec un rotacteur dont on sent bien les plots que l?on choisira l?une des cinq entrées numériques ou que l?on changera d?option dans les menus après avoir fait son choix via un petit bouton poussoir fort peu proéminent et que l?on ne risque donc pas d?abimer en le raccrochant.

Un discret petit afficheur couleur ambre placé dans une fenêtre au cadre biseauté indiquera la source choisie, la fréquence d?échantillonnage et le type de codage (PCM ou DSD), la mise en fonction ou non du sur-échantillonnage (ORG : original ou UPC : UP Conversion), et le filtre numérique (DF : Digital Filter) choisi si cette fonctionnalité a été activée, et aussi, pour les signaux DSD, le mode de transmission* (voir visu ci-dessous).

* Le mode DoP (DSD over PCM) est un mode de transmission par USB utilisant une trame 24 bits PCM pour transmettre un canal audio DSD sur 16 bits, les 8 autres bits servant de marqueur DSD.

DSD over PCM (Source visu :http://www.positive-feedback.com/Issue60/dsd_usb.htm)

La connectique

Le TEAC UD-501 est équipé de cinq entrées numériques (une USB de type B pour relier à un ordinateur, et deux S/PDIF coaxiales et deux optiques).

L'audio stéréo analogique est disponible en mode asymétrique sur prises Cinch et en mode asymétrique sur prisse XLR.

On remarque aussi la présence d'un commutateur "Auto Power Save" qui sert à mettre en ou hors service la fonction d'économie d'énergie. Sur ON, l'UD-501 passe automatiquement en mode veille en l'absence de signal numérique pendant au moins 30 mn.

Fabrication

Si l'aspect extérieur du UD-501 ne laisse pas planer de doute quant à son sérieux (façade et partie supérieure en épais aluminium anodisé brossé, flancs massif en alliage à la finition d'un beau gris sablé), il en va pareillement de l'intérieur.

L'agencement interne est parfaitement ordonné. Dans la partie droite se trouvent les deux transformateurs toroïdaux des alimentations analogiques, et ceux, de facture classique, réservés aux alimentations de la partie numérique et de l'électronique de gestion.

La carte principale adopte une structure double mono "vraie", depuis les alimentations, qui sont indépendantes pour chaque canal jusqu'aux étages de conversion et de filtrage, le but étant d'offrir une séparation électrique totale entre les voies droite et gauche de manière à augmenter la "séparation des canaux".

L'interface USB se trouve sur un petit circuit séparée et est reliée à la carte principale par une limande, tandis que les deux entrées numériques optiques prennent place à côté des transformateurs (ce qui ne les gênera pas).

On peut remarquer sur la photo ci-dessous que l'implantation des composants (hormis certaines puces numériques communes aux deux canaux) est quasiment symétrique par rapport à un axe vertical imaginaire séparant la carte en deux parties égales.

Interface USB

Pas de circuit d'interface USB connu sur cette carte mais un circuit DSP (Processeur numérique de signal) Texas Instruments TMS320C6748B programmable et intégrant un port USB 1.1 et un port USB 2.0 qui est utilisé pour gérer les flux audio en provenance de la liaison USB.

Interface S/PDIF et conversion numérique analogique

Les signaux numériques en provenance des entées coaxiales et optiques sont commutés et interfacés par un circuit Cirrus Logic CS8422 (en haut légèrement au milieu de la photo) disposant de quatre entrées numériques S/PDIF et d?une interface I2S pour les signaux en provenance de l?entrée USB. Il intègre également un SRC (Sample Rate Converter ou convertisseur de taux d?échantillonnage) permettant, au choix de l?utilisateur, de transformer le format natif des données en 24 bits à 192 kHz. Nous sommes toujours sceptiques quant aux résultats sonores procurés par cette technique aussi ne peut-on que saluer, en ce qui nous concerne, le fait que l?on puisse mettre cette fonction hors service.

On remarque aussi une grosse puce marquée ALTER MAX V, un réseau programmable (CPLD ou Complex Programmable Logic Devic) intégrant le filtresnumérique programmé par TEAC, ainsi que le micro contrôleur de gestion de l'électronique D78F0527 (au milieu en bas).

Au niveau de la conversion numérique analogique, chaque canal utilise son propre circuit Burr-Brown PCM1795 traitant les signaux PCM (au-delà des 192 kHz d'origine, et donc ici jusqu'à 384 kHz, grâce à sa possibilité de traiter des signaux issus d'un filtre numérique externe, en l?occurrence celui programmé dans le CPLD ALTER MAX V) et DSD, mais il semblerait bien que ceux-ci ne soient pas traités en DSD natif dans cette puce mais reconvertis préalablement en PCM.

C?est d?ailleurs le cas de la quasi-totalité des puces DAC à l?heure actuelle, les seules que nous ayons recensées (en espérant ne pas en avoir oublié) pouvant traiter nativement le DSD en le commutant directement sur l'étage DAC-filtre passe-bas sont les Wolfson Microelectronic WM8741 et WM8742 et le Cirrus Logic CS4398.

Notons que TEAC utilise un CS4398 dans son lecteur de CD/SACD PD-HR501, laissant bien entendre que les DAC conventionnels ne traitent pas le DSD en natif ("Conventional DSD processors convert PCM files prior to converting to an analog signal", et nous avons échangé sur ce sujet avec le Directeur Technique de BC Diffusion, lequel a d'ailleurs contacté le laboratoire de TEAC).

Cela n?est pas d?une importance capitale au vu du nombre de fichiers audio disponibles au format DSD en France (dont les audiophiles japonais sont, d'après nos informations, très friands), mais il nous semblait de notre rôle d?apporter cette précision, d'autant que le sujet nous paraît intéressant, mais peut-être plus complexe qu'il n'y paraît si l'on en croit ce fil du forum HCFR.

Le filtrage est confié au nouvel amplificateur opérationnel "à la mode du moment", le NRJ MUSES8920 aux excellents performances chiffrées. On en remarque deux exemplaires sur chaque canal car le PCM1795 sort les signaux en mode différentiel et nécessite donc deux filtres actifs indépendants. Un classique mais toujours performant NE5532 se charge ensuite de différencier les signaux pour créer le signal analogique symétrique.

Les alimentations de ces circuits analogiques, filtrées par deux groupes de deux condensateurs de 4700 ?F/35V, sont stabilisées par des régulateurs + ou - 12V de types 7812 et 7912, tandis que la sortie ligne et la sortie casque font appel à des amplificateurs opérationnels JRC4580. Quant aux deux alimentations de 5V, chacune d'elle est filtrée par un condensateur de 1800 ?F/16V.

Ecoute

TEAC propose en téléchargement gratuit le logiciel TEAC HR Audio Player adapté à divers modèles dont le UD-501, et ce pour PC comme pour Mac.

Celui-ci est de présentation sobre et fonctionnelle (en conformité avec les appareils en somme !) et ne propose que le strict nécessaire afin de consacrer les ressources du processeurs aux opérations de lecture.

Il est capable de lire les fichiers PCM (codage multitibit traditionnel) jusqu'au 24 bits à 384 kHz et les fichiers DSD 64 à 2.8224Mbit/s et DSD 128 à 5.6448Mbit/s (format DSD à fréquence double du DSD standard).

Nous vous présentons trois captures d'écran de ce lecteur logiciel réalisées avec un même fichier de démonstration (Mozart: Violin concerto in D major - Allegro Marianne Thorsen / TrondheimSolistene) téléchargé sur http://www.2l.no/hires/index.html en format FLAC 24 bits à 192 kHz, WAV 24 bits à 352,8 kHz (format DXD) et enfin DSD 64 à 2.8224Mbit/s (DFF) et DSD 128 à 5.6448Mbit/s (à noter que 2L et Qobuz sont sur le point de signer un accord de distribution).

Comme on peut le voir sur ces visuels, les formats et fréquences d'échantillonnage sont clairement indiqués (mais on peut aussi constater que les métadonnées en provenance de chez 2L posent quelques problèmes avec les formats WAV et DSD...), de plus si la musique est bien servie, les artistes n'ont pas le droit au moindre visu mais c'est TEAC qui l'a voulu ainsi !

Notons que les lecteurs logiciels Audirvana et Jriver peuvent également être utilisés avec le UD-501 puisque tous deux transmettent aussi le DSD en mode natif.

A l'écoute, avec les fichiers standards comme avec les fichiers DSD, les possibilités de « modelage » du message sonore proposées par le UD-501 sont assez nombreuses du fait que l?on peut, avec les signaux PCM, combiner ou non le suréchantillonnage avec l?un des deux filtres (Sharp ou Slow) alors qu?avec les signaux DSD on peut utiliser ou non l?un des quatre filtres affectés à ce format et deux modes de transfert via la liaison USB.

Nous préférons toujours, pour tester un appareil et « cerner » sa sonorité, rester avec des signaux en mode natif et ne pas utiliser de filtre, et encore plus dans le cas du UD-501, et nous avons bien sûr utilisé le lecteur logiciel TEAC HD Player. Nous avons malgré tout fait quelques tests d?écoute en activant le suréchantillonnage ou les divers filtres.

Le premier morceau de notre Fantasia on British sea song de référence est restituée par le TEAC UD-501 avec une belle sensation d?espace sonore et d?aération et un équilibre spectral qui nous a semblé très bon. Le léger tintement du triangle, qui nous sert de repère dans les fréquences très aigues, ressort avec acuité et finesse et les écarts de dynamique les plus forts passent sans sourciller.

Les autres morceaux de cette oeuvre sont restitués avec le même bonheur, que ce soit l?intrépide Jack the Lad et sa fulgurante envolée dynamique finale ou le tendre Home Sweet Home où le chant des violons est restitué avec toute la douceur qu?il faut, tandis que les dissonances des cuivres précédant l?entrée du Rule Britannia brillent de toute leur majesté.

La Japonaise, par Freddie Mercury et Montserrat Caballé, en format Studio Masters 24 bits à 96 kHz bénéficie d?une excellente restitution sur tous les plans, bande passante, dynamique, équilibre tonal avec une belle finesse de restitution.

L?action du suréchantillonnage (en réalité de la conversion de taux d'échantillonnage) nous a paru quasi inaudible avec cette chanson (ce qui est un peu normal puisque l'échantillonnage à 96 kHz est dans ce cas simplement doublé en 192 kHz) alors qu?avec la Fantasia on British Sea Songs on sentait une légère accentuation de l?aigu et un peu plus de transparence sonore, mais somme toute pas aussi forcées que ne le fait souvent ce genre de traitement.

Quant aux filtres, leur action modifie sensiblement le rendu sonore. Ainsi, le filtre « Sharp » procure un message un peu extraverti mais parfois un peu dur sur les pointes de modulation tandis que le fitre « Slow », s?il colore un peu, a plutôt tendance à adoucir le message sonore.

Concernant les échantillonnages extrêmes (24 bits à 192 kHz, 24 bits à 352 kHz et DSD), nous avons utilisé le même morceau, présenté en début de ce paragraphe (Concerto pour violon en ré majeur de Mozart) pour nous faire une opinion.

Globalement, c?est surtout vers les fréquences les plus hautes que se manifestent assez nettement les différences audibles, en particulier lors des interventions du violon solo.

Ainsi, le 24 bits à 192 kHz, bien qu?il restitue un aigu bien ciselé, confère parfois à celui-ci quelques petites traces de dureté, mais rien de bien méchant, et, à vrai dire, c?est après avoir écouté les versions 24 bits à 352 kHz et DSD 64 et 128 qui se montrent quasiment hors de critique, que l?on s?aperçoit de ce fait.

Nous avons aussi enclenché de temps à autre les filtres affectés aux signaux DSD pour constater leurs effets. Le filtre FIR1 nous a semblé assez peu affecter le message, préservant naturel et équilibre tonal, tandis que le filtre FIR2 nous a paru rendre la restitution assez brillante et extravertie. Le filtre FIR3, quant à lui, nous a paru teinter la restitution d'un peu de brillance tout en "effaçant" légèrement la scène sonore, comme si celle-ci reculait, et enfin, avec le filtre FIR4, la restitution semblait perdre un peu de corps en même temps qu'elle gagnait en piqué.

Ce sera bien sûr à chacun de voir lequel de tous ces filtres peut éventuellement convenir à ces goûts et peut-être ce que nous avons remarqué en écoutant La Fantasia on British sea songs ou le concerto pour violon en ré majeur de Mozart ne sera-t-il pas totalement transposable à l'écoute des Pink Floyd !

Quant à la sortie casque, on retrouve globalement les sensations décrites ci-dessus avec une bande passante large et de bonnes aptitudes dynamiques.

Pour conclure, le TEAC UD-501 est un appareil qui sort des sentiers battus par ses capacités à décoder les signaux PCM jusqu'à 32 bits à 384 kHz et aussi les signaux DSD via deux modes de transfert par USB. A l'instar de certains constructeurs de télévisions japonais qui proposent des appareils en ultra Haute Définition, TEAC regarde aussi vers l'avenir avec le UD-501. Ses performances sonores sont très bonnes et si on peut l'utiliser en conservant les signaux numériques sous leur forme native, ce qu'apprécieront les puristes, ses possibilités d'intervenir sur celle-ci, ou encore de filtrer différemment les signaux PCM comme DSD, sont autant de cordes à son arc.

Caractéristiques

Notice d'utilisation

UD-501 sur site TEAC France

Site TEAC Japon

Contact

Configuration d'écoute :

- utilisation des sorties asymétriques sur le UD-501

- amplificateur Micromega AS-400

- enceintes Focal Electra 1028 Be

Echantillonnages reconnus