Quand Airelle Besson, Edouard Ferlet et Stéphane Kerecki mêlent jazz et classique...

Cette association de bienfaiteurs n’est pas véritablement une première. En 2009, Edouard Ferlet avait convié Airelle Besson à son album Filigrane. Le pianiste et la trompettiste se retrouvent huit ans plus tard, sur un pied d’égalité, et embarquent avec eux le contrebassiste Stéphane Kerecki. Trois épées du jazz « made in France » dont la virtuosité comme la voix singulière ne sont plus à prouver. Et trois compositeurs aussi…

Avec l'album Aïrés qui paraît chez Alpha, ils mêlent thèmes originaux et relectures de tubes classiques signés Ravel (Pavane pour une infante défunte), Fauré (Pavane) et Tchaïkovski (Valse sentimentale). Ils glissent aussi dans ce répertoire joliment panaché une version de Windfall du pianiste John Taylor, terrassé sur scène par une crise cardiaque en juillet 2015 alors qu’il jouait justement avec Kerecki

L’entente de ces trois-là est évidemment le fait majeur de cette conversation de l’intime. Comme l’est aussi l’aisance avec laquelle s’enchaînent les compositions jazz et classiques. Sans bavardage ni enluminures inutiles, ce trio trouve un ton et une voix qui a sans doute encore bien d’autres choses à raconter…

Aïrés // Airelle Besson, Édouard Ferlet & Stéphane Kerecki

Alpha Classics

Commentaire technique de Simon Becquet de Qobuz sur la prise de son :

Cet enregistrement propose un trio très fusionnel, un piano enveloppant dont les graves se mêlent subtilement à la contrebasse. Pour autant, on ne perd aucune lisibilité du jeu de Stéphane Kerecki dont la prise de son rend les attaques très précises. Le choix du micro japonais Sanken sur la contrebasse y est probablement pour quelque chose : « Ce micro a une réponse fantastique aux transitoires. Il est très naturel », nous confie l’ingénieur du son et directeur artistique Alban Sautour. La trompette assume pleinement un rôle mélodique au travers du micro à ruban AEA, délicieusement voilé, et dialogue avec les aigus du clavier qui se répartit sur la moitié gauche de l’image sonore. L'osmose atteinte par le trio sur ce disque est aussi le fruit d’une démarche de prise de son acoustique.

Alban Sautour témoigne de cette approche rendue possible grâce à la salle d'enregistrement : « L'acoustique du lieu a un impact fort sur les instrumentistes. Les musiciens du trio Aïrés sont habitués à enregistrer avec des retours casques dans des studios acoustiquement neutres. Dans cette MC2 de Grenoble, la salle est réverbérante, dans une logique de concert classique donc. Du coup, la musique respire, les musiciens jouent probablement moins de notes, écoutant le prolongement naturel de la réverbération. Le fait qu'ils n'aient la possibilité d'agir sur le son qu'avec leur propre maîtrise instrumentale est une contrainte certes, mais qui leur donne d'autres libertés. »

Et même si l’on devine un espace naturel dans cette réverbération naturelle, le mixage nous place au cœur du trio, très proche des instrumentistes. « J'aime que les timbres soient beaux et l'image stéréo bien définie. On me dit souvent que j'ai une esthétique pop avec une prise de son classique », conclut Alban Sautour.

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