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Joaquín Turina

Né en 1882 à Séville, Joaquín Turina se taille dès l'âge de quatre ans une solide réputation d'enfant prodige... pour ses improvisations à l'accordéon. Ce n'est que plus tard qu'il commence à étudier le piano puis, à partir de 1894, les « classes d'écriture » : harmonie, contrepoint. À quinze ans, il fait ses débuts officiels de pianiste concertiste avec la Fantaisie sur des thèmes de Moïse de Rossini de Thalberg, l'un de ces ouvrages totalement étourdissants de virtuosité. Mais la simple carrière de pianiste ne lui suffit pas, il se met donc à composer, d'abord des pièces sacrées pour choeur et orchestre qu'il dirige lui-même (!), puis un premier opéra, La Sulamite - précisons qu'il a toujours quinze ans. Le jeune homme s'imagine qu'il suffit ensuite d'envoyer la partition au Théâtre royal de Madrid pour que l'ouvrage soit créé... bien plus tard, le maître se déclara fort soulagé, a posteriori, que le Théâtre royal n'en fît rien.



Rapidement remis de cette déception de jeunesse, Turina continue à se produire en tant que pianiste, surtout à Séville, mais bientôt il estime que les remparts de sa ville, quand bien même on y danse la séguedille en s'abreuvant chez Lilas Pastia, sont un horizon bien trop étroit pour ses aspirations, et le public sévillan bien trop provincial. Dès 1902 il quitte sa maison natale pour s'installer à Madrid, où la vie musicale est quand même autrement plus riche ; le jeune homme y est surtout séduit par les beaux ensembles de musique de chambre venus de toute l'Europe, l'Opéra de Madrid avec ses zarzuelas et sa foison d'ouvrages italiens, mais surtout, surtout, il découvre l'orchestre et ses infinies sonorités. Pendant ce temps, il continue à se produire en tant que pianiste, et à écrire quelques oeuvres déjà assez réussies (sans compter les compositions antérieures qu'il n'a pas estimé bon d'intégrer à son catalogue), en particulier son Quintette en sol mineur, Op. 1 même s'il n'a rien de particulièrement «espagnol».



Trois ans à Madrid lui suffiront quand même pour faire le tour de ce que la capitale espagnole peut lui offrir ; la consécration, c'est de «réussir» à Paris. Il s'y installe donc dès 1905, chaleureusement accueilli par la communauté hispano-musicale - de Falla et Albéniz en tête - puis par toute la grappe d'immenses musiciens attirés par les lumières de la ville : Ravel, Debussy, ou encore d'Indy dont il deviendra l'un des disciples à la Schola Cantorum. Il crée à Paris son Quintette en 1907, au sujet duquel de Falla lui indique qu'en tant qu'Espagnol, il aurait intérêt à cultiver son jardin hispanique plutôt que s'égarer à composer à la française... ce que le jeune homme fera sans plus tarder, dès son Op. 2 Sevilla, puis son Op. 3, Sonate romantique sur un thème espagnol. On pourrait ainsi poursuivre jusqu'à l'ultime Op. 104 de l'année de sa mort, 1947. Peu d'oeuvres ne seront pas teintées, d'une manière ou d'une autre, d'accents ibériques en général et arabo-andalous en particulier, à commencer par la dizaine d'entre elles qu'il écrira à Paris avant son retour en Espagne à la veille de la Première guerre. En guise de viatique, d'Indy lui signe son congé de la Schola : « Le soussigné, directeur de la Schola Cantorum, certifie que M. Joaquín Turina a suivi avec succès mes cours de Composition Musicale à la Schola et qu'il a acquis par ses études assidues, la science et le talent nécessaires pour faire un très bon compositeur. Il a, du reste, écrit déjà, un certain nombre d'oeuvres qui ont été exécutées dans les concerts parisiens et ont été fort remarquées. Je suis heureux de pouvoir donner, à mon excellent élève, ce témoignage de la sympathie et de l'amitié de son vieux maître. Vincent d'Indy. »



En 1914, Turina s'installe à Madrid qu'il ne quittera plus (il y mourra le 14 Janvier 1949), hormis pour quelques tournées de concerts. C'est là qu'il créé aussitôt son drame lyrique Margot, Op. 11 - et non pas une comédie lyrique comme semble l'indiquer l'édition même de la partition ; « Mis deseos y esperanzas al escribir Margot no son otros que ayudar al resurgimiento del drama lírico español. El fondo del sentimiento andaluz es triste. » (« Mes souhaits et espoirs en écrivant Margot ne sont que d'aider à la résurgence du drame lyrique espagnol. Le fond de l'âme andalouse est triste. »), écrit-il le 9 octobre au critique musical Victor Espinós. Certes, le sombre triangle amoureux ne se termine pas sur une mort, mais quand même sur une note terriblement déchirante et désespérée. Le ton andalou, lui aussi, est celui des complaintes, des noires processions religieuses, bien plus que de la zarzuela.



Les oeuvres se suivent, mais à une cadence tout à fait modérée, Turina n'ayant rien d'un bagnard de la composition - n'oublions pas qu'il menait de front une carrière de pianiste, de chambriste, de chef d'orchestre, de journaliste et de pédagogue, sans oublier ses cinq marmots ! L'Op. 13, Noël, attendra deux ans. C'est surtout à partir de 1920 qu'il se mettra à produire toujours plus d'oeuvres nouvelles : beaucoup de musique de chambre, de pièces pour piano solo, d'importants ouvrages orchestraux aux mille couleurs espagnoles comme la Symphonie sévillane de 1920, la Rapsodie symphonique (considérée aussi comme la Deuxième symphonie) de 1934 pour piano et orchestre dont l'hispanisme n'a rien de la carte postale, c'est là un chef-d'oeuvre de concision et de concentration musicale. On doit aussi absolument découvrir les Danses fantastiques de 1919, un trésor d'invention orchestrale.



La liste de ses compositions est longue : 104 numéros d'opus, tous publiés. Hélas, mille fois hélas, la liste de ses oeuvres enregistrées est tragiquement courte, et composée surtout de celles pour guitare ou même transcrites pour la guitare. Qu'attend-on pour enfin enregistrer des intégrales symphoniques de Turina ?



© Qobuz 01/2013

Discographie

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