Reich: Sextet / Piano Phase / Eight Lines

Chronique

Étonnante réussite. Prenez l'une des pièces maîtresses de ce récital méconnu, Eight Lines, comparez-là par exemple rien qu'un instant, en son début, aux belles versions, très équilibrées, de l'Ensemble Modern (RCA) ou de Christopher Warren-Green (Virgin Classics/Warner), et vous comprendrez tout d'un coup toute la force rythmique et la densité expressive que divulguent les musiques minimalistes et répétitives, l'un des courants les plus importants de la création contemporaine, notamment pour ses répercussions sur tout un ensemble de musiciens pop et électro de la Côte Est des États-Unis, depuis les années 1980.
Écrit pour deux quatuors à cordes, deux pianos, deux flûtes, et deux clarinettes, Eight Lines (1983) est assurément l’un des chefs-d’œuvre de Steve Reich, qui témoigne de sa science des timbres, comme de l’énergie profonde de son écriture. C’est bien ce qui frappe en premier lieu à l’écoute de cette interprétation du London Steve Reich Ensemble et Kevin Griffiths : l’implacable élan, la motricité insatiable de l’univers de Steve Reich – ah, les parties de clarinette !
La ligne tissée par le piano au début de Piano Phase (1967) a rarement sonné avec une aussi grande précision et un naturel rythmique aussi puissant. Œuvre plus dure, Sextet (1984-85) paraît d’une extraordinaire fluidité ici.
Un incontournable, un album simplement génial et envoûtant pour qui veut découvrir le « minimalisme », et cette haute figure des États-Unis qu'est Steve Reich. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz