Propaganda

Chronique

No One Is Innocent s'était fait plus que discret depuis l'album Utopia, datant de 1997. Pas du point de vue de ses riffs, toujours aussi coupants, ni de ses textes à l'engagement inaltérable, mais moins présent médiatiquement, moins au goût du jour en quelque sorte. Choisi par AC/DC (ce qui n'est pas rien, voire tout simplement énorme) pour assurer les deux premières parties de ses concerts au Stade de France devant plus de cent-cinquante mille personnes en mai 2015, No One Is Innocent établit l'un de ces redressements spectaculaires dont l'actualité musicale est aussi coutumière que friande.

Le réveil tombe à un moment où l'actualité a la bonne idée de fournir à profusion des sujets comme ceux que No One Is Innocent aime prendre à bras le corps. Propaganda s'ouvre sur les bruits de foule des manifestations du 11 janvier 2015 consécutives à l'attentat terroriste contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo : « Charlie » revient sur ce moment d'émotion nationale avec un riff digne d'« Antisocial » de Trust.

No One Is Innocent s'occupe à sa façon de l'une de ses victimes préférées avec la classe politique française vilipendée sur « Putain si ça revient ». « Djihad Propaganda » se passe de commentaire et de traduction tellement il est explicite, No One Is Innocent étant plus subtil en rappelant que c'est l'assassinat de « Massoud » (le commandant tué le 7 janvier 2001) qui avait déclenché les hostilités new-yorkaises du 11-Septembre et le basculement durable d'une partie du monde islamique dans la folie terroriste.

Sur fond de hard rock puissant et gras, qui va parfois chatouiller quelques angles lourds du metal extrême, No One Is Innocent donne une leçon sur ce que peut être le rock engagé dans les combats de son temps. Propaganda : un titre qui veut tout dire.


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