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Heinrich Neuhaus

Pianiste et pédagogue renommé, Heinrich Neuhaus était surtout un érudit d’une rare espèce. Parlant 6 langues, il était l’auteur d’essais et de critiques, ainsi qu’un fervent connaisseur de la poésie (ami de Pasternak et de Mandelstam), de la peinture et de la philosophie. Il était un brillant représentant de la culture russe, alors même que ses origines étaient allemandes et polonaises. Son cousin, le compositeur polonais Karol Szymanowski, le surnommait affectueusement « Heinrich le Grand » et Richard Strauss, qui l’avait dirigé comme très jeune soliste, l’admirait beaucoup. Ses concerts étaient suivis par une multitude de pianistes, dont Rachmaninov et Horowitz.

En 1911, Neuhaus tenta de se suicider en se coupant les veines du poignet juste après avoir assisté à la création de la 2e Sonate de Szymanowski par Rubinstein, sentant qu’il ne serait jamais un grand compositeur. Temporairement paralysé, il reprendra ses activités en 1914, année où il commence à enseigner. Son nom reste surtout attaché au grand pédagogue qu’il était en ayant eu dans sa classe des élèves comme Sviatoslav Richter, Emil Gilels, Anatoly Vedernikov, Yakov Zak, Alexeï Lubimov, Vladimir Krainev, Vera Gornostaïeva, Igor Nikonovich, Gérard Frémy, Radu Lupu, Elisso Virsaladze, Alexei Nasedkin, Tikhon Khrennikov ou Evgeny Svetlanov.

A bien y réfléchir, il existe un curieux paradoxe entre le pianiste subtil et discret qu’était Heinrich Neuhaus et l’immense professeur qu’il fut, fondant à lui seul ce qu’on appelle souvent abusivement « l’Ecole soviétique de piano », réputée pour la puissance et les doigts d’acier de celles et ceux qui en sortent. En fait, l’enseignement de Neuhaus se fondait avant tout sur ce qu’il appelait « le respect de l’image artistique d’une œuvre musicale », une méthode de travail qu’il a longuement élaborée au fil des ans. D’une grande précocité et en grande partie autodidacte, Neuhaus était parfaitement conscient des mauvaises habitudes prises dans sa jeunesse et d’un manque de discipline qui l’empêchait d’avancer, des écueils qu’il voulait éviter à ses élèves. Richter raconte tout ce qu’il devait à Neuhaus, la signification du silence et l’art du chant alors qu’il était lui-même un élève incroyablement obstiné voulant jouer uniquement comme il le voulait.

Heinrich Neuhaus a consigné ses réflexions dans L’Art du piano, un ouvrage dans lequel il expose à la fois ses idées pédagogiques et ses méthodes de travail à l’aide d’exemples et de commentaires détaillés. Ses enregistrements sont peu nombreux, mais ils sont exceptionnels grâce à la poésie sonore qui s’en dégage et à la qualité d’un toucher à la fois fin et chantant. Il se dégage de ses interprétations un charme, une noblesse et une liberté de ton qu’on ne rencontre que très rarement, car son imagination était nourrie par sa vaste culture qui embrassait tous les arts.

Neuhaus est resté un mythe en Russie où il reste très vénéré par toutes les générations, comme professeur mais aussi en tant qu’interprète inoubliable de la musique russe, en particulier celle de Scriabine. Sa conception des œuvres de ce dernier était particulièrement mémorable aux dires de ses contemporains par l’illusion qu’il parvenait à créer d’une musique surgissant du néant, en faisant oublier la mécanique compliquée et les marteaux du piano. © François Hudry/QOBUZ

Discographie

13 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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