Les 12 premières chansons de Léo Ferré

Chronique

Tout, sauf un brouillon… Lorsque les communistes (obédience induite, certes, mais avérée), prennent en charge les prémices de la carrière de Léo Ferré via le label Le Chant du Monde (Barclay réédite ces premières chansons en 1969, alors que Léo Ferré est au faîte de sa célébrité), ils ne soupçonnent naturellement pas qu’on ne maintient point en cage un fauve.



 



Si ces enregistrements sont historiques, ce n’est pas dans le sens usuel : avec « Le Flamenco de Paris », le chanteur pose déjà les jalons d’une amitié indéfectible vouée aux Républicains espagnols, libertaires et rêveurs. Dans « Monsieur Tout-Blanc »,  il règle, pour solde de tout compte, la mire sur les prélats et autres dignitaires du Vatican, qui ont détruit sa jeunesse. Grâce à « La Chanson du scaphandrier » (plus tard magnifiée par le désossé Philippe Clay), il tord le cou à la tradition de la chanson française, pour en faire sourdre un chant d’amour et de mort. « A Saint-Germain-des-Prés » reste un magnifique exemple de poésie dévoyée, issue d’une évocation convenue, pour déboucher sur un onirisme baroque, rêveur et sous influences (les poètes d’un certain répertoire marqueront à jamais la carrière du chanteur : à Rimbaud, Verlaine et Apollinaire la patrie reconnaissante).



 



Si on ajoute la musique prêtée aux mots de Jean-Roger Caussimon (dans le dédaigneux et hostile aux conventions bourgeoises « Monsieur William »), le bilan est limpide : Premières Chansons, offre l’instantané du plongeur à l’instant de l’envol, comme un soupçon d’éternité et la promesse d’une carrière d’incandescence.



 



Chapeau bas, comme on avait coutume de dire en ces temps.



 





©Copyright Music Story 2021