Kudumba

Chronique

Après un premier album chez Real Worlds Records, le label de Peter Gabriel, en 1993, le groupe mozambicain Ghorwane allait signer son chef-d’œuvre quatre ans plus tard ; l'album Kudumba chez Piranha Records. Entretemps, le fondateur du groupe José Alage est assassiné, obligeant Ghorwane à se recentrer autour de la figure de Pedro Langa. Celui-ci, par une cruelle ironie du sort, sera également assassiné en 2001.
Ghorwane est le groupe qui a amené à une reconnaissance mondiale le style populaire emblématique du Mozambique ; le marabenta. Il s'agit d'un style extrêmement subversif et militant, qui subira autant les pressions du régime colonial portugais, que celles du régime révolutionnaire à la suite de l'indépendance du pays en 1975.
Kudumba est un album en ébullition, dans lequel jaillit des fragments de salsa, de jazz et de calypso, la nature même du marabenta le poussant semble-t-il à se désintégrer pour véritablement exister ; marabenta dérive sémantiquement du portugais « rebentar » (« briser »), il s'agit d'un style « miroir » qui se nourrit de la confrontation de ses multiples éclats, ou influences pour les conduire à former un reflet d'une tension et d'une violence poétique extrême. Kudumba brise les genres et les catégories, les salsalves de cuivres de Txongola se fondent dans une magnifique réminiscence de guitares aux accents de rumba congolaise,..
Un album météore, un des rares qui aura su assumer sa révolution tranquille en fanfare, et néanmoins, sans ostentations. © René Obe/Qobuz