Juan Crisostomo De Arriaga: Symphony

Chronique

S’il n’y en qu’une… mais il faut avouer avec tristesse que dans le cas de Juan Crisóstomo Arriaga, c’est déjà miracle qu’il y ait au moins une symphonie à son répertoire, puisque l’infortuné musicien disparut à l’âge de dix-neuf ans – dix jours avant son vingtième anniversaire –, en laissant derrière lui d’immenses promesses et un minuscule répertoire dont, comble de la méchanceté du sort, une partie est perdue. Mais l’écoute de sa symphonie en ré (ni mineur ni majeur, l’équilibre entre les deux étant très égal), on ne peut que se lamenter que la planète a, en effet, perdu là l’un des compositeur qui serait bientôt devenu l’un des plus immenses créateurs du XIXe siècle. A la jonction entre le classicisme finissant et le romantisme naissant, Arriaga eut le temps de « digérer » son Beethoven, son Rossini, son Mozart tardif ; et, grande singularité pour un compositeur d’origine ibérique, le langage de sa symphonie n’intègre pas l’ombre d’un hispanisme folklorique. Certes, la tendance n’était pas encore à la mode, mais trouvait déjà son écho chez Boccherini, Soler ou Scarlatti et l’on aurait pu imaginer que Arriaga y aurait également puisé. Peut-être l’aura-t-il fait s’il avait vécu : il aurait été le mont direct entre Beethoven et Bizet. Quoi qu’il en soit, l’enregistrement qu’en a réalisé Jordi Savall en 1994 est dorénavant orné du très-convoité macaron de la Discothèque idéale de Qobuz. © SM/Qobuz