Blacklist 2

Chronique

On ne peut pas dire que Sofiane ait démérité en 2011 avec Blacklist. Mais il n'a pas non plus brillé avec un premier album finalement en demi teinte. Sofiane fait preuve de persévérance et de continuité en nommant son nouveau projet Blacklist II.

Dire que le rappeur du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) a franchi un palier serait exagéré. Il est par contre tout à fait juste de souligner qu'il gagne en maturité avec cette suite qui renferme plusieurs titres de grand intérêt. Sofiane offre tout d'abord « Ciao bonne vie » en duo avec Léa Castel, chronique hélas ordinaire des difficultés économiques au quotidien d'un couple qui glisse vers la précarité. Il échange quelques coups avec Dosseh sur « Boxe avec les mots » où swings, jabs, et uppercuts se succèdent à un rythme effréné.

« La Rue parle » avec Rohff souligne l'aspect contestataire du rap, moteur dans le monde de nombreuses révoltes. Sofiane fait d'ailleurs de la critique sociale au sens large l'un de ses fondamentaux, même s'il succombe parfois inutilement à la culture de racaille comme sur « Une Balle dans la tête ». Il faut être patient avec Sofiane qui réserve presque le meilleur pour la fin avec « Lettre à un jeune rappeur ». Il démystifie tout au long des sept minutes que dure la chanson, le statut de rappeur trop souvent perçu par certains comme une échappatoire facile à la vie professionnelle. Sauf que le rap demande, du travail, de l'humilité, et une bonne dose de talent qui se doit d'être entretenue rime après rime.

Sofiane avance sans faire de bruit inutile, en choisissant la sécurité d'un travail bien fait à la recherche du coup d'éclat. Blacklist II a en ce sens valeur d'exemple.

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