A vos amours

Chronique

Après avoir sorti un album éponyme en 2006 (grâce auquel elle est nommée aux victoires de la musique), Adrienne Pauly a un peu délaissé la musique pour se consacrer à la comédie. Comme son frère Rodolphe, c’est une habituée des plateaux de Claude Chabrol, pour qui elle a notamment interprété le rôle d’une caissière au verbe haut dans Bellamy, le dernier film du maître, avec Gérard Depardieu et Jacques Gamblin. Avec A vos amours, Adrienne Pauly ne semble pas avoir abandonné totalement la cinéphilie, puisque le titre même de l’album est un clin d’oeil à un célèbre film de Maurice Pialat (A nos amours, premier rôle de Sandrine Bonnaire). On retrouve d’ailleurs chez elle le côté brut et passionné du réalisateur de Nous ne vieillirons pas ensemble. Dans cet album co-écrit avec entre autres Norman Langolff, Gaby Concato et le talentueux Rob, il est souvent question de pulsions sexuelles mal gérées et d’amours compliquées et querelleuses. Pauly aime jouer avec le feu, y compris dans son interprétation parfois déjantée (J’veux tout, j’veux rien). Quant aux paroles, l’influence de Serge Gainsbourg et de Brigitte Fontaine se ressent fortement dans, respectivement, L’excusemoihiste et La conne : deux figures fortes qui s’ajoutent au fantôme de Pialat, le tout formant en quelque sorte une trinité « cash » à laquelle Adrienne Pauly voue un culte, tout en affirmant sa propre personnalité. Pauly n’est pas mièvre, c’est le moins qu’on puisse dire, et pourtant sa carapace a ses failles. La fille animale (cf. La bête qui est en moi) aux passions destructrices peut aussi s’adonner à l’occasion à une forme de douceur, voire de romantisme, à l’image du rythme bossa de C’est toujours ou du nostalgique Juste un moment, chanson dans laquelle elle évoque sa mère, Odile Barsky, qui fut longtemps scénariste pour... Claude Chabrol. © NM/Qobuz