Cela dit, être "artiste en résidence" au Philharmonique de Berlin ne signifie nullement que l'on va s'accaparer tous les concertos pour violon de la saison, en particulier lorsqu'on s'appelle Christian Tetzlaff. En vérité, le soliste sera apparu en direct quatre fois cette saison : pour les octuors de Schubert et Widmann avec des membres du Philharmonique, pour l'Académie orchestrale du Philharmonique de Berlin (l'incroyable pépinière de jeunes recrues destinées à intégrer rapidement les meilleurs orchestres au monde), pour les quintettes de Brahms et Mendelssohn toujours avec des membres du Philharmonique, et une seule fois en soliste avec l'orchestre au grand complet. C'est que Tetzlaff n'est pas le premier violoniste venu.
Car Tetzlaff partage son temps entre répertoire concertant, musique de chambre et transmission du savoir, plutôt que de courir la planète comme une de ces stars habituelles distillant en boucle les concertos de Tchaikovsky-Brahms-Beethoven-Mendelssohn-Sibelius. On gage donc que sa lecture du concerto de Brahms, diffusé en direct de Berlin dans la Salle de concerts numériques le samedi 20 juin à 19h, sera non seulement un grand événement orchestral, mais aussi solistique et chambriste - car on peut, on doit faire de la musique de chambre avec 80 musiciens. Et peu de solistes autant que Tetzlaff savent intégrer un orchestre comme s'ils étaient de simples primus inter pares, ce que fait Tetzlaff avec une grande humilité devant l'œuvre et devant ses collègues.
Rattle poursuit le concert du 20 juin, diffusé en direct à 19h, avec les Images pour orchestre de Debussy, que le Philharmonique de Berlin n'a encore pas donné en entier depuis la création de la Salle de concerts numériques en 2009 : on y préfère habituellement La Mer, moins "exigeant" pour le public sans doute. On pourra entendre le triptyque au grand complet, autrement dit : Gigues inspiré de thèmes folkloriques des Iles Britanniques, Iberia inspiré, on s'en sera douté, de la péninsule ibérique, et Rondes de printemps dans lesquelles Debussy emprunte quelques chansons populaires françaises. Un triptyque donc franco-hispano-britannique, joué par le plus allemand des orchestre allemands ! On finit le concert plus à l'est, en Roumanie avec la truculente première Rhapsodie roumaine d'Enescu.
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