Le 16 septembre 1922 naissait cette grande voix poétique et viscéralement engagée de la chanson française...

Le temps qui passe peut-être une redoutable lessiveuse… Mouloudji n’est malheureusement pas un nom qui hante les gazettes comme les réseaux sociaux. Pourtant, celui qui souffle de là-haut ses cent bougies aujourd’hui 16 septembre 2022 reste une figure et une voix majeure de la chanson du XXe siècle. Un jour tu verras, Comme un p’tit coquelicot, Si tu t’imagines, Rue de Lappe, La complainte des infidèles, Les petits pavés, impossible d’oublier les hymnes intimistes et émouvants de ce gamin de Paris, fils d’un immigré algérien et d’une bretonne catholique pratiquante. Mouloudji évoquait d’ailleurs ce métissage, « Catho par ma mère, musulman par mon père » avec sa reprise d’Allons z'enfants de Boris Vian). Mais avant la chanson, c’est le théâtre et le cinéma qui aimantent Mouloudji. Adoubé par Marcel Duhamel qui l'initie à la littérature et à la poésie, il apparaît dans Les disparus de Saint-Agil de Christian Jaque en 1938 et participe à Boule de Suif de ce même réalisateur, neuf ans plus tard. On le verra aussi chez Henri Calef, André Cayatte et Pierre Chenal

Mouloudji, La Complainte de la butte

konshito

C’est Francis Lemarque rencontré avant la Seconde guerre mondiale qui l’encourage à attraper le micro et aussi le stylo. Car oui, Mouloudji écrivait lui-même la plupart de ses chansons, souvent avec Cris Carol pour la musique Un stylo qu’il partageait souvent avec des femmes encore, comme Gaby Verlor, Christine Moncenis, Rachel Thoreau, Florence Véran, Claude Valéry ou bien encore Barbara. Chez les hommes, il chanta aussi la prose de quelques géants nommés Guy Béart (Drôle de diable), Georges Brassens (La Mauvaise réputation), Charles Trénet (Retour à Paris), sans oublier Boris Vian, Jacques Prévert et Bernard Dimey. Comme souvent à cette époque, le déclencheur, l’étincelle, le booster, s’appelle Jacques Canetti. Le célèbre agent artistique, patron des Trois Baudets, le prend alors sous son aile et lui fait enregistrer Comme un p'tit coquelicot qui obtient le Grand Prix du disque 1953 et le Prix Charles-Cros en 1952 et 1953.

Mouloudji - Un jour tu verras (1977)

Les archives de la RTS

Viscéralement engagé et pacifiste, Mouloudji rencontrera quelques soucis durant la guerre d'Indochine. Et son interprétation du Déserteur de Boris Vian, provoque un scandale et les radios le boycottent ! Cette facette militante ne quittera jamais le chanteur qui chantera dans les usines en mai 68 et participera, en 1974, à un disque consacré aux chants et poèmes de la Résistance et à un gala de soutien à la gauche chilienne.

Mouloudji "Comme un p'tit coquelicot" | Archive INA

Ina Chansons

Durant ces mêmes années 70, il chante Prévert et Bruant, travaille avec l'accordéoniste Marcel Azzola, publie régulièrement des nouveaux disques et se lance dans de nombreuses tournées. En 1992, une pleurésie lui enlève en partie sa voix. Il s'éteindra le 14 juin 1994 alors qu'il avait de nombreux projets en route, entre autres, la suite de ses mémoires 50 ans après le premier volume…

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