A la fois « garce » et « fée » (c’est par cette dichotomie qu’elle définit son style), musicalement nostalgique mais politiquement dans l’air du temps : les contradictions fondamentales qui entourent Connie Constance sont là pour brouiller les pistes, à la manière des rock stars les plus aguerries. Certes, la chanteuse britannique de 27 ans n’en est qu’à son deuxième album (après English Rose en 2019), mais elle a déjà tout d’une grande. Les paroles de Miss Power n’esquivent aucun sujet sensible : les peines de cœur, sa relation compliquée avec son père, ses problèmes de santé mentale.
Connie Constance - Till The World's Awake (Official Video)
Connie ConstanceQuant aux musiques, elles sont à la fois un hommage à la scène indie rock qu’elle admire depuis toujours (The Smiths, Arctic Monkeys, Blur…) et un (décapant) médium cathartique. A cet égard, il ne faut pas se laisser duper par le premier morceau du disque, In the Beginning, sur lequel elle marque le rythme sur fond de gazouillis d’oiseaux et de chants provenant d’un chœur monastique fantomatique.
Connie Constance - Miss Power
ConnieConstanceVEVOLe féminisme – et plus généralement les questions liées à la dignité humaine – est une autre préoccupation de Connie Constance. Dans Hurt You, elle chante pour toutes celles et ceux qui se sont un jour sentis « piégés, effrayés ou écrasés ». Elle ajoute, avec son style bien à elle : « J’espère qu’ils l’écouteront avant, pour pouvoir ensuite dire à leur oppresseur d’aller se faire foutre. » L’autre hymne féministe de Miss Power s’intitule Kamikaze, un titre dans lequel elle avertit : « I’m not your perfect little princess and I have my own unique vagina. » (« Je ne suis pas ta parfaite petite princesse et j’ai mon propre vagin. ») Si la native de Watford ne tourne pas autour du pot, elle sait également manier l’ironie, comme dans Heavyweight Champion, dont le titre (« Champion poids lourd ») est contredit par sa voix soyeuse (mais puissante), accompagnée de nappes de synthé délicates, d’un chœur céleste et de douces guitares. Avec un tel phénomène, le rock britannique indie est sur le point de trouver sa nouvelle reine. Qobuzissime indeed !
