Découverte par Karajan, la grande soprano wagnérienne dont les interprétations d’Isolde et de Salomé restent des incontournables s’est éteinte à l’âge de 72 ans.

« Écoutez Hildegard Behrens, que j’ai découverte dans les années 70 : quelle Salomé ! Elle possédait exactement la voix de Maria Cebotari, mais avec une personnalité beaucoup plus forte, et la technique nécessaire, ce qui est suprêmement important : une voix au charme vraiment érotique. » Celui qui s’exprimait de la sorte n’est autre qu’Herbert von Karajan… Hildegard Behrens est décédée à Tokyo le 18 août. La soprano allemande était âgée de 72 ans. Connue pour ses interprétations majeures de rôles wagnériens, elle est décédée à l'hôpital lors d'un voyage au Japon où elle devait participer à un festival. Elle aurait succombé à une rupture d'anévrisme avant d'avoir chanté et dirigé des master-classes à Kusatsu, au nord de Tokyo. Ses funérailles sont prévues à Vienne.

Née le 9 février 1937 à Varel-Oldenburg près de Brême en Allemagne de parents médecins, qui avaient poussé vers la musique, piano et violon, leurs cinq enfants, Hildegard Behrens était par ailleurs diplômée en droit. Elle s'orienta d’ailleurs vers le barreau quand sa vocation lui fut révélée par sa participation, comme amateur, à la chorale de l'école de musique de Fribourg où elle étudie avec Ines Leuwen.

Behrens fait ses débuts dans le Mariage de Figaro à Fribourg en 1971 avant d’intégrer, l’année suivante, la troupe du Deutsche Oper. Le 15 octobre 1976, elle fait ses débuts américains sur la prestigieuse scène du Met Opera de New York dans Il Tabarro de Puccini.

Au Deutsche Oper de Düsseldorf, Hildegard Behrens est cantonnée aux petits rôles durant six ans. Son répertoire s’étoffe ensuite avec des rôles plus prestigieux jusqu’à la saison 1975-1976, lorsque le temps d’une répétition de Wozzeck, un spectateur pas comme les autres tombe sous le charme de sa voix : Herbert von Karajan ! Ce prestigieux « découvreur » l'engage aussitôt pour être sa Salomé au Festival de Salzbourg, en 1977.

Très rapidement, Hildegard Behrens ajoute à son répertoire Elisabeth de Tannhäuser, Elsa de Lohengrin, Kundry, Isolde, ainsi que l'Impératrice de la Femme sans ombre et Senta du Vaisseau fantôme, qui l'ont fait acclamer à l'Opéra de Paris pendant la saison 1980-81. Elle abordera par la suite d'autres personnages wagnériens ainsi que certains rôles italiens et chanté en 1987 celui d'Elektra à l'Opéra de Paris.

A noter qu’une CallassoTherapy lui sera entièrement consacrée très prochainement sur Qobuz. Hildegard Behrens dans Elektra dirigé par James Levine au Metropolitan Opera en 1994 :