Après des représentations en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, puis en France à Grenoble, à Caen et à Paris, c'est au tour de la ville où naquit Rameau d'accueillir son opéra mythique Castor et Pollux.

Dans le cadre de l’année Rameau, c’est le troisième opéra du compositeur qui sera donné le dernier week-end de septembre à l'Opéra de Dijon : Castor et Pollux. C'est le 24 octobre 1737 à l’Académie de Versailles que Rameau présente cette tragédie lyrique en cinq actes, alors que la « Querelle des Bouffons » bat son plein. C’est donc sans surprise qu’il reçoit un accueil mitigé d’un public divisé entre ceux qui rejettent la musique française et ceux qui la défendent. Partisans de l'italianisation de l'opéra français, les virulents disciples de Pergolèse ont jugé que la place accordée au chant y était insuffisante. Mais Rameau était certainement trop bon musicien et trop sensible pour composer Castor et Pollux à la manière d’un opera buffa. Bien que l’opéra ait été le sujet d’une discorde que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de dreyfusarde par le clivage qu'elle a entraîné, Castor et Pollux est indiscutablement l’œuvre la plus célèbre et la plus appréciée de Rameau. Preuve en est : on compte près de 260 représentations de sa création à 1754.

© Iko Freese

L’opéra se base sur l’histoire mythologique des jumeaux Castor et Pollux. Fils de Léda, épouse du roi de Sparte Tyndare et de Jupiter, les demi-dieux Castor et Pollux sont tendrement liés par la fraternité mais rivaux par l’amour. Tous deux sont en effet épris de Télaïre, fille du Soleil et sœur de Phébé. Au cours d’un guerre, Castor meurt sur le champ de bataille. Pollux implore Jupiter de ramener son frère à la vie. Le Dieu des Dieux donne son accord, à la condition que Pollux prenne la place de son frère aux Enfers. Ce dernier accepte et, après avoir passé le barrage de feu, il retrouve son frère. Castor refuse le sacrifice de Pollux et ne demande qu’une chose : voir une dernière fois Télaïre. Ému par cette requête, Jupiter accorde l’immortalité aux deux frères. L’opéra s’achève sur un final grandiose : la Fête de l’univers.

© Iko Freese

Cette production du Komische Oper de Berlin, Berlin et l'English National Opera de Londres promet d'être mémorable. Dans sa mise en scène, le directeur artistique de l'opéra, Barrie Kosky, a souhaité laisser la première place à la partition, notamment dans les parties de ballets qui s'accordent si parfaitement à l'intrigue — particulièrement le moment de la mort de Castor au début du premier acte — en choisissant une mise en scène très austère laissant libre cours à la puissance émotionnelle de la musique. Un choix audacieux, donc risqué, pour ce genre d'ouvrage qui, à l'époque, accordait plus d'importance à la scène qu'à la fosse. Le Couronnement de Poppée de Monteverdi mis en scène par Robert Wilson à l'Opéra Garnier en juin dernier n'a-t-il pas agacé par son dépouillement scénique systématique ?

On nous annonce que c'est l'émotion qui habillera ce Castor et Pollux, dans cette volonté de mise à nu de l'œuvre afin d'en savourer toutes les subtilités pour mieux rendre hommage au génie de Rameau. Kosky, par ce choix, souhaite notamment mettre en relief le thème omniprésent de la perte et de l'au-revoir qui habite l'opéra. Pour le servir, des voix rompues à ce répertoire, avec Pascal Charbonneau (Castor), Emmanuelle de Negri (Télaïre) et Henk Neven (Pollux), tandis que la partie musicale sera assurée par le Concert d'Astrée sous la baguette de la non moins talentueuse Emmanuelle Haïm.

Opéra Auditorium de Dijon

vendredi 26 septembre, 20h

dimanche 28 septembre, 15h

mardi 30 septembre, 20h

jeudi 2 octobre, 20h

samedi 4 octobre, 20h

Tarifs: de 5,50€ à 57€