Il n’y a pas que Stax et Motown dans la grande saga de la soul music. A Memphis, au début des années 70, le label Hi Records va non seulement révolutionner le genre mais aussi inventer un son unique, une signature née de l’association de deux génies : le producteur Willie Mitchell et le chanteur devenu pasteur Al Green.

Incarnation de la soul sudiste, Al Green, le révérend au falsetto sensuel, emballé dans un groove épuré estampillé Hi Records, reste à 74 ans l'un des derniers géants du genre. Marvin Gaye, Sam Cooke ou Otis Redding partis, Green (avec Smokey Robinson) porte ce monde à la force de son organe habité et équivoque. Toute sa carrière, le chanteur a joué sur l'ambiguité entre saintes paroles et intonations érotiques blasphématoires, entre sacré et profane, entre Bien et Mal… « Il y a pas mal d'églises qui cachent leur linge sale dans un placard, et je le sais bien pour être dans l'église depuis des dizaines d’années. » Celui qui prononce ces mots est le même qui a été ébouillanté, en 1974, en plein âge d’or, par une maîtresse qui s'est suicidée quelques minutes plus tard. Un avertissement divin, selon lui…

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