Judee Sill

Judee Sill n’a pas eu de reconnaissance commerciale à la hauteur de son talent. Ce qui ne l’empêcha pas d’influencer Warren Zevon, Andy Partridge de XTC, Liz Phair, Beth Orton, Bill Callahan, Bonnie Prince Billy et bien d'autres encore. La vie de cette Américaine née en 1944 à Los Angeles n’a pas été des plus tendres. Adolescente rebelle, elle s’essaye à l’héroïne, commet quelques vols à main armée et finit en maison de correction. Une période relativement violente qui lui permet de découvrir, à son poste d’organiste d'église, sa sensibilité musicale notamment vis-à-vis du gospel.

Parallèlement à ses prises de LSD, elle rejoint un trio de jazz, épouse le pianiste Robert Maurice "Bob" Harris. Leur mariage sera orchestré par la drogue et les addictions. Les péripéties s’enchaînent pour Sill en 1966. Elle séjourne encore en prison puis apprend la mort soudaine de son frère Dennis. Toutes ces turbulences la poussent à se mettre au travail et à composer ses chansons. Elle tourne avec Graham Nash et David Crosby, dont elle fait souvent les premières parties et sort en 1971 un premier album éponyme sur le label de David Geffen. S’ensuit un second, deux ans plus tard, intitulé Heart Food.

Malheureusement, sa carrière ne démarre jamais vraiment. Elle tombe progressivement dans l’oubli et meurt d’une overdose en 1979. Une vie et un destin qui semblent ne pas du tout lui correspondre dès qu’on l’écoute. Tout chez Judee Sill s’oppose à la violence qui a chargé sa vie. Une voix pure et angélique. Un visage qui prône l’innocence. Sur un folk divin, elle chante l’amour l’espoir et la renaissance avec un génie raffiné. Maitresse des berceuses sucrées, elle glisse avec aisance sur des phrasés poétiques et partage dans des baisers tendres et chaleureux ses aspirations cosmiques. © Clara Bismuth/Qobuz