Compositeur, chef d’orchestre et théoricien, le New-yorkais avait inventé le Third stream, genre qui synthétisait la musique classique et le jazz.

Gunther Schuller est décédé le 21 juin 2015 à Boston. Le père du Troisième courant – le Third stream – était âgé de 89 ans. Compositeur, musicien, chef d’orchestre, enseignant et musicologue, Schuller fut l’un des pionniers à tendre des ponts entre jazz et musique classique européenne, expériences que Bartók, Stravinsky et Milhaud avaient tout de même déjà plus ou moins entrepris... Le New-yorkais travailla avec les plus grands jazzmen parmi lesquels Bill Evans, Gil Evans, Charles Mingus, Dizzy Gillespie, Ornette Coleman, John Lewis, Coleman Hawkins, Miles Davis mais aussi de grandes voix comme celles de Frank Sinatra et Johnny Mathis.

Né à New York le 22 novembre 1925 d’un père violoniste au New York Philharmonic, Gunther Schuller étudie d’abord le cor et la flute. Son niveau est tel qu’il se produit à seulement 15 ans avec l’American Ballet Theatre, puis avec le Cincinnati Symphony Orchestra et le Metropolitan Opera Orchestra de New York où il restera jusqu’en 1959.

En 1955, il fonde la Modern Jazz Society avec John Lewis, le pianiste du Modern Jazz Quartet. La formation se produit pour la première fois au Town Hall de New York. Elle est ensuite rebaptisée la Jazz and Classical Music Society. C’est en 1957, lors d’une conférence à la Brandeis University, que Schuller utilise pour la première fois le terme de Third Stream qui combine musique classique et jazz. Le « genre » devient alors son cheval de bataille. Il développe alors ce Third Stream dans notamment Transformation (1957), Concertino (1959), Jazz Abstractions (1960), The Visitation (1966) ou bien encore Variants on a Theme of Thelonious Monk (1960) enregistré avec Ornette Coleman, Eric Dolphy et Bill Evans.

A partir de 1959, Gunther Schuller cesse de se produire sur scène pour se consacrer exclusivement à la composition, à la direction, à l’enseignement et à l’écriture. On compte plus de 160 compositions de sa main. Durant les années 60 et 70, il est le président du New England Conservatory, où il fondera le New England Ragtime Ensemble. A la même époque, il est également impliqué dans les résidences d’été à Tanglewood du Boston Symphony Orchestra. Il créera d’ailleurs le Tanglewood Festival of Contemporary Music. Il fut aussi l’auteur de deux ouvrages de références sur le jazz : Early Jazz (1968) et The Swing Era (1991). Il passera les deux dernières décennies de sa vie comme directeur artistique du Northwest Bach Festival à Spokane, dans l’état de Washington. Là, il dirigera d’ailleurs des messes et des passions de Bach à plusieurs reprises. En 2011, Gunther Schuller avait publié le premier tome de son autobiographie, Gunther Schuller: A Life in Pursuit of Music and Beauty.

Côté récompenses, Schuller avait reçu, en 1994, le Prix Pulitzer de la composition, le MacArthur Foundation "genius" award en 1991, le William Schuman Award en 1988 et le Ditson Conductor's Award en 1970. En 1993, le mensuel jazz Down Beat lui avait attribué un Lifetime Achievement Award pour sa contribution à l’histoire du jazz. En 1981, il avait fondé son propre label, GM Recordings.

The World According to Gunther Schuller

Jazz Video Guy

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