Il y a quarante ans, le combo anglais Supertramp envahissait l’Amérique avec “Breakfast in America”. Un album qui marquera à la fois l’apogée et le début de la fin pour un groupe gangrené par la relation conflictuelle entre ses deux chanteurs et songwriters, le baryton cartésien Rick Davies et le ténor spirituel Roger Hodgson. Ou comment deux musiciens aux visions opposées et qui ne pouvaient plus se supporter ont écrit un classique de la pop music.

En 1973, l’Amérique a déjà été conquise par les Anglais. Les Beatles, les Stones, les Who ou les Kinks ont débarqué comme un raz-de-marée sur les plus hautes marches du Billboard et une nouvelle vague se prépare, avec Queen, Genesis et Pink Floyd. C’est cette même année que Rick Davies et Roger Hodgson, qui ont sorti un premier album, Supertramp, dans l’anonymat trois ans plus tôt, décident de remodeler Supertramp. Ils embauchent un bassiste écossais, Dougie Thomson, un batteur californien, Bob Siebenberg, et un souffleur anglais, John Helliwell (saxophone, clarinette, flûte et du clavier à l’occasion). La nouvelle formule séduit le label A&M, qui les envoie dans une ferme à la campagne avec Ken Scott, qui vient de terminer l’enregistrement de Don't Shoot Me I'm Only the Piano Player pour Elton John et de Ziggy Stardust pour Bowie. Un an plus tard, Crime of the Century convainc critiques et public et envoie Supertramp dans la division du dessus, grâce notamment à la voix haut perchée de Roger Hodgson sur le hit Dreamer, qui devient la “marque” du groupe.

La troupe part s’installer en Californie, et enregistre dans la foulée Crisis? What Crisis?, sorti en 1975, puis Even in the Quietest Moments en 1977. Pour ce dernier, Supertramp voulait embaucher l’ingénieur du son Geoff Emerick, celui de Revolver et Sgt. Pepper’s. Emerick n’étant pas disponible, il leur envoie son apprenti Peter Henderson. Russell Pope, l’ingénieur du son concert et sixième membre de Supertramp, hallucine en voyant arriver le gamin : “Il avait l’air d’avoir 14 ans ! Mais au bout de deux jours à écouter son approche, on a su qu’il serait parfait.” Porté par Give a Little Bit (encore une chanson d’Hodgson) avec sa guitare qui copie celle de Jimmy Page sur Tangerine de Led Zeppelin, l’album est un succès et le groupe décide de continuer avec Henderson sur le suivant, au sujet duquel Rick et Roger sont pour une fois d’accord : l’album devra être plus “fun”, plus léger, plus pop que les précédents.

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