Pour son 85e anniversaire qu’il fêtera le 26 mars, le grand compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez dirigera l’Orchestre Philharmonique de Vienne au Musikverein.

C’est à Vienne, à l’occasion d’une belle série de concerts, que Pierre Boulez soufflera ses 85 ans printemps cette semaine. Né à Montbrison le 26 mars 1925, le compositeur et chef d’orchestre dirigera à cette occasion le prestigieux Orchestre Philharmonique de Vienne dans sa légendaire résidence, le Musikverein.

Même pour un homme considéré comme l'une des plus grandes figures vivantes de la musique, l'idée de fêter son anniversaire dans la ville où Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, Johannes Brahms, Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton von Webern ont vécu est « très intimidante », a reconnu Pierre Boulez dans une interview accordée à l'AFP. « Je suis très fier » d'avoir été invité, a-t-il expliqué après une répétition dans le salon du chef d'orchestre du Musikverein. « J'étais vraiment enthousiaste et j'ai accepté parce que Vienne est pour moi une ville de très grands musiciens ».

Boulez va donc diriger six concerts (dont celui de son anniversaire, le 26 mars) où seront joués la Troisième symphonie de Szymanowski, Jeux de Debussy et l'une de ses propres œuvres, encore inachevée, Notations.

Cette série se clôt le 27 mars lors du Festival de Pâques de Vienne, avec la Symphonie de Psaumes et la Symphonie pour instruments à vent de Stravinsky, ainsi que la Messe glagolitique de Janacek.

Une programmation inhabituelle pour le public viennois, plutôt coutumier des œuvres classiques et romantiques. Mais Pierre Boulez est « sûr » que les Viennois le supporteront. « Szymanowski n'est pas vraiment difficile. Il n'est simplement pas joué assez souvent. Je ne sais pas pourquoi ». Il y a un lien entre « le somptueux romantisme tardif de Szymanowski, les paysages orchestraux chatoyants de Debussy » et ses propres Notations, ajoute-t-il. « Je suis satisfait de mettre ces trois pièces ensemble. Il y a une combinaison avec Debussy des deux côtés ».

Pour Stravinsky, dont il a réalisé un enregistrement de référence avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin, il s'agit « d'une relation profonde avec toute l'œuvre de Stravinsky ». Mais ses performances avec le Philharmonique de Vienne, éternel rival de l'orchestre berlinois, seront différentes, estime le chef d'orchestre. « Pas en qualité, mais en caractère, certainement. A ce niveau, vous ne pouvez pas dire que l'un est meilleur que l'autre. C'est différent, c'est tout. Il y a un son viennois. »

Pierre Boulez a dirigé la phalange viennoise pour la première fois en 1962. Il est revenu en Autriche dans les années 90, à Salzbourg, à l'époque où Gérard Mortier en dirigeait le Festival. Bien qu'il ait un jour suggéré que tous les opéras devaient être brûlés, les interprétations de Boulez sont légendaires, notamment sa lecture du cycle du Ring des Nibelungen de Wagner, monté au Festival de Bayreuth en 1976 avec le metteur en scène Patrice Chéreau.

Une fois les célébrations de son 85e anniversaire terminées, Boulez a l'intention d'arrêter la direction d'orchestre l'an prochain et de se concentrer sur la composition : « C'est formidable que les gens soient si attentifs. C'est très touchant. Mais quand les 85 ans seront terminés, je dois me concentrer sur mon propre travail », dont l'achèvement de ses Notations, a-t-il expliqué lors de cet entretien avec l’AFP.