Avant-gardiste inspiré et mélodiste de goût, le grand trompettiste de jazz canadien, londonien d’adoption, s’est éteint à l’âge de 84 ans.

Kenny Wheeler est décédé le 18 septembre 2014 à Londres. Peu connu du grand public mais très respecté dans la communauté jazz, le trompettiste canadien qui passera toute sa carrière à Londres, musicien discret mais très influent, était âgé de 84 ans. Même si c’est au sein de la communauté du free jazz que son art éclora, Wheeler réussira toujours à mêler avant-garde et sophistication mélodique avec génie.

Né Kenneth Vincent John Wheeler à Toronto le 14 janvier 1930, il avait attaqué la trompette à 12 ans. Après des études au Conservatoire de Toronto, il s’installe à Londres au début des années 50 où il passera toute sa vie. En 1959, il rejoint l’orchestre de John Dankworth et se produit avec la formation au Newport Jazz Festival de cette même année. Sideman très sollicité en Angleterre durant les années 60, Kenny Wheeler restera quasiment inconnu ailleurs jusqu’aux années 70.

Avec l’album Gnu High enregistré en 1975 pour le label ECM avec Keith Jarrett, Dave Holland et Jack DeJohnnette, son nom sort enfin du cercle des initiés. Wheeler avait déjà pourtant beaucoup œuvré aux côtés du saxophoniste free Anthony Braxton. Gnu High fut surtout la première mise en avant de son travail de composition depuis 1968 lorsque le big band de John Dankworth enregistra son Windmill Tiller, collection de pièces inspirées par le personnage de Don Quixote, « pour moi, un des plus beaux losers qui soit », comme il le dira plus tard.

Pour ECM, Kenny Wheeler enregistrera copieusement, comme leader, au sein du trio Azimuth qu’il forma en 1977 avec le pianiste John Taylor et la chanteuse Norma Winstone et comme sideman d’autres artistes de l’écurie munichoise. Ses goûts musicaux l’embarquèrent parfois vers le terrain de la musique classique et contemporaine. Entre 1982 et 1987, Wheeler brilla au sein du quintet de Dave Holland. Il se produira et enregistrera également avec des formations telles que le Globe Unity Orchestra, le Spontaneous Music Ensemble et d’autres groupes. Dans sa dense discographie, de nombreuses merveilles comme Angel Song en 1996 avec le saxophoniste Lee Konitz, le guitariste Bill Frisell et son cher Dave Holland à la contrebasse. Des collaborations tout aussi sublimes, mais parfois inattendues, comme celle avec l’ex-chanteur du groupe Japan, David Sylvian, sur les albums solo duquel, Wheeler fit des merveilles.

Kenny Wheeler (1/2) [BBC Omnibus 1977]

senn414