Des Anglais qui réinventent le thrash, des Français qui relancent le doom, des supergroupes, des petits nouveaux et des anciens qui font leurs débuts : voici 10 projets metal à guetter cette année.

Vltimas

Avec à son bord David Vincent (ex-leader de Morbid Angel) au chant, Blasphemer (ex-guitariste de Mayhem) et Flo Mounier (batteur de Cryptopsy), Vltimas a créé son petit buzz en 2019 grâce à la sortie de son premier essai. La crainte qu’il s’agisse d’un « one shot » était réelle, mais le combo semble avoir apprécié l’expérience et retourne au charbon en mars 2024 avec EPIC, un nouvel album qui saura ravir les aficionados de Something Wicked Marches In. Vincent, fort de ses expériences dans la country (!), module de mieux en mieux son chant qui gagne en mélodie sans trahir ses pures origines death metal. Blasphemer sonne toujours comme un mix entre Piggy (feu guitariste de Voïvod) et ses propres travaux au sein de Mayhem, tandis que Mounier semble avoir huit bras, comme Squiddly Diddly, la pieuvre du cartoon de notre enfance. Quarante minutes martiales et intenses qui feront probablement de ce nouvel effort l’un des disques marquants de l’année 2024 en termes de metal extrême.

Barabbas

Avec son second essai, La Mort appelle tous les vivants, Barabbas a remis le doom metal sur le devant de la scène française. Le combo, galvanisé par l’accueil critique réservé à cet album hors-norme, en a profité pour écumer un maximum de salles de toutes tailles et s’est avéré être aussi redoutable sur scène qu’en studio. La musique pachydermique du combo parisien est secondée par la voix d’ogre de Saint Rodolphe, qui reste toujours mélodique malgré une puissance enviable. De même, les textes ne peuvent laisser insensible, tel celui de De La Viande, géniale allégorie de notre pauvre condition d’êtres humains. L’émoi qu’a suscité le groupe sur cette scène doom (qui compte de plus en plus d’aficionados) en fait l’une des formations françaises les plus attendues pour l’année à venir. Les nostalgiques de Black Sabbath, de Saint Vitus et de Trouble seront bien inspirés de suivre cet avatar tricolore du genre, qui ne démérite aucunement face à ses influences.

Pest Control

Un seul album aura suffi à faire de Pest Control la nouvelle coqueluche du crossover/thrash international. Comment pourrait-il en être autrement ? Les jeunes Anglais ont apporté un vent de fraîcheur sur cette scène peuplée d’une majorité de vieux briscards, et ont monté le ton d’un cran en termes d’énergie et d’agressivité. La chanteuse Leah Massey-Hay se place en digne héritière de Sabina Classen (Holy Moses), et renvoie dans les cordes bon nombre de pseudo-chanteuses de thrash avec son timbre guttural et ultra-puissant que l’on n’imaginerait jamais issu d’une si petite dame. Derrière elle, ça joue avec une hargne et une précision totalement affolantes. En 21 minutes, Don’t Test the Pest fait figure de « petit manuel du crossover idéal ». Les nombreuses dates que le groupe a effectuées en 2023 devraient le voir encore gagner en cohésion, et 2024 saura très probablement asseoir le quintet au sommet du genre. Nous serons au rendez-vous.

Dropdead Chaos

Dropdead Chaos ressemble à un all-star band du metal français : avec notamment en son sein le chanteur Renato Di Folco (ex-Trepalium, Flayed), le bassiste Jacou (ex-Black Bomb A), le guitariste Nils Courbaron (T.A.N.K., Sirenia), le batteur Boris Le Gal (ex-Betraying The Martyrs), ou encore le chanteur et multi-instrumentiste belge Déhà (Slow, We All Die (Laughing)…), son line-up ressemble au Who’s Who ? de la scène. Néanmoins, et c’est peu banal, la somme de ces identités semble bien partie pour détrôner en popularité les groupes dont chaque protagoniste est individuellement issu. L’album Underneath the Sound, sorti en 2023, a fait – à juste titre – beaucoup parler de lui. Le collectif a voulu y rendre un vibrant hommage au metal des années 90, Deftones en tête. Mais ce n’est pas la seule référence du gang et toute la scène néo-metal de cette fameuse décennie influence indubitablement les compos du groupe (Korn, Limp Bizkit…). Un nouvel EP est prévu pour 2024. Gageons que le revival néo de DDC a encore de (très) beaux jours devant lui.

Bütcher

Les Belges de Bütcher ont le vent en poupe, et ce n’est pas une grosse surprise. Le retour en force du heavy/black et du speed metal de tradition a ouvert au groupe une véritable autoroute à son dernier album en date, 666 Goats Carry My Chariot. Il faut bien reconnaître que celui-ci, avec ses accélérations supersoniques et tous ces clichés délicieusement restitués (y compris au niveau des textes), laisse au metalleux de la fin des années 80 un large sourire sur le visage. Depuis la sortie dudit album en 2020, Bütcher a tourné sans relâche, gagnant de nombreux fans avides de cette résurrection du style. Il n’y a pas à dire : lorsque c’est bien fait, c’est irrésistible, et nous sommes ici dans le haut du panier. Cuir et clous à tous les étages. Fort de ce succès grandissant, le combo a annoncé travailler sur du nouveau matériel qui devrait voir le jour en 2024. Nous guetterons évidemment cela pour vous, mais il n’est jamais trop tard pour revenir (en attendant) sur l’excellentissime premier album du groupe.

Dead Poet Society

Si sa formation remonte à 2013, lors de la rencontre de ses membres sur les bancs de la prestigieuse institution Berklee College of Music, Dead Poet Society va naviguer un temps sous les radars, un premier disque autoproduit sous le bras, avant de se faire remarquer avec un brillant véritable premier album, -!-, sorti chez Spinefarm Records en 2021. Rock alternatif, pop, néo-metal, noise, djent et guitare side bluesy se télescopent au beau milieu d’un maelström musical fou et créatif qui, derrière l’apparent chaos, possède une vraie cohérence sonore et impose son identité musicale marquée par le talent créatif de musiciens qu’aucune barrière musicale ne semble effrayer. Après un premier coup de maître, le groupe est en toute logique attendu au tournant. Son nouvel album, Fission, ouvre les hostilités dès le 26 janvier 2024.

Better Lovers

Chez les « supergroupes », le pire peut côtoyer le meilleur, car l’union d’individualités ne fait pas toujours la force d’un collectif. Seulement, avec l’expérience, certains savent comment faire pour se lancer sans se planter. Greg Puciato fait partie de ce club. L’ancien chanteur de The Dillinger Escape Plan n’en est pas à son premier coup. Après Killer Be Killed (avec des membres de Mastodon, Soulfly…) et le projet Black Queen pour ne citer qu’eux, il a accompagné Jerry Cantrell (Alice In Chains) au cours de sa dernière tournée en solo. Le voilà qui s’acoquine avec des membres d’Every Time I Die et de Fit For An Autopsy à l’occasion de la création d’un nouveau groupe : Better Lovers. Après un premier EP, God Made Me an Animal, dégainé en guise d’amuse-bouche en 2023, le groupe a annoncé en janvier 2024 avoir travaillé sur 16 chansons prêtes à tout détruire. Après avoir eu la sensation de renouer avec du Dillinger d’il y a presque vingt ans en écoutant les quatre titres furieux balancés en 2023, on a hâte.

Brat

On sait y faire avec les groupes qui versent aussi bien dans le brutal que dans le sludge et le doom du côté de La Nouvelle-Orléans, patrie de Crowbar, Eyehategod, Down et Soilent Green. Brat fait partie de la nouvelle génération prête à tout dévaster dans la grande tradition des formations grind/hardcore qui l’ont précédée. Le groupe, formé en 2021, est déjà à l’origine de deux EP bien directs dans la poire, Mean Is What We Aim For (2021) et Grime Boss (2022). Outre son attrait pour le death metal old school et le hardcore new yorkais, Brat s’amuse surtout à jouer avec l’imagerie d’un style qu’il détourne en y incluant de nouveaux codes visuels comme ceux exploités par sa chanteuse, sorte de Lady Gaga thrash et déjantée à la présence scénique impactante. Après avoir signé chez Prosthetic Records, le groupe prépare son album et s’apprête à déverser ce qu’il surnomme son « Barbiegrind Bimboviolence » sur le reste du monde.

Vipassi

Il en aura fallu du temps pour entendre à nouveau le groupe australien de metal progressif instrumental. Le quator monté par des membres de Ne Obliviscaris a jusqu’alors sorti discrètement un seul et unique disque, Sunyata, en 2017. L’annonce de l’arrivée de son Lightless en janvier 2024 relance l’intérêt provoqué par ses premiers travaux. Les morceaux diffusés en amont sur la Toile montrent un groupe qui a progressé dans sa manière d’articuler son propos, entre la complexité de certaines parties instrumentales et l’envie d’emmener l’auditeur en voyage, histoire de flirter avec une forme d’introspection à la limite du transcendantal. Toujours technique, mais paradoxalement plus contemplative malgré l’afflux de notes délivré par les musiciens, la musique de Vipassi donne l’impression qu’un groupe de black metal et un groupe de djent ont réussi à trouver un terrain d’entente en se passant de chant et en laissant une réverbe rêveuse englober le mix.

Mick Mars

Il est tout sauf un petit jeune qui débute. Sa carrière s’étale déjà sur cinq décennies dont quatre au sein de Mötley Crüe. Malgré une expérience longue comme le bras de Mister Fantastic au maximum de son extension, Mick Mars n’avait pas encore réalisé d’album solo. C’est donc une première à défaut d’être une sortie réalisée par un petit nouveau. Mais l’intérêt s’est fait croissant ces derniers mois. D’abord parce que le bonhomme a sorti deux singles, Loyal to the Lie et Right Side of Wrong, plus sombres et agressifs que les chansons réalisées dans leur majorité par son ancien combo. Ensuite, parce que, qu’il le veuille ou non, la polémique autour de son limogeage de Mötley et les poursuites et polémiques qui ont suivi ont fait les choux gras de la presse et alimenté le buzz. En toute logique, The Other Side of Mars est un album attendu au tournant et un des évènements de l’année pour tout fan de hard rock qui se respecte.