Landing On A Hundred

Chronique

Cody Chesnutt n’a pas toujours été reçu à sa juste valeur, passant tantôt inaperçu avec un premier album remarqué seulement un an après sa parution en France ou se contentant de l’ombre du groupe The Roots qui en 2002 se réapproprie l’un de ses morceaux et crée le buzz avec « The Seed ». Mais d’autant que l’on s’en souvienne, Chesnutt est le maître de la production « home made » qui a fait de The Headphone Masterpiece un chef d’œuvre de soul abyssale et nonchalante réalisé dans une simple chambre.

Dix ans se sont écoulés depuis. Le crooner d’Atlanta s’est débarrassé de ses vieux démons (sa dépendance au crack et ses amours diluviennes n’étant pas un secret) pour les coucher sur un album à la production élaborée où demeure l’essence de la soul rétro. Landing On A Hundred a été confectionné dans un vieux studio de Memphis dans lequel Al Green a enregistré quelques-uns de ses grands classiques. Son fantôme se fait donc sentir tout au long des pistes, parmi d’autres esprits mythiques tels Marvin Gaye et Curtis Mayfield qui n’ont d’ailleurs jamais véritablement quitté l’Américain. Alors s’il a fallu une décennie à Chesnutt pour dévoiler ce deuxième opus, aucun gimmick de soul moderne et contemporaine ne vient parasiter l’ensemble, évitant habilement à Landing On The Hundred l’effet anthologie surannée.

Chesnutt a préféré faire revivre l’âge d’or des sixties labélisé Stax et ça lui sied bien. D’un côté, guitare funk, rythmes groovy, handclaps et tambourins festifs, accents blues et voix de ténor rugissante (« Under the Spell of the Handout », « Where Is All the Money Going »...). De l’autre, lâcher de cordes symphoniques, cuivres, nappes de piano doucereuses, chœurs féminins lascifs soulevés par un chant plaintif de soulman habité (« What Kind of Cool », « Chips Down (In No Landfill ) »). Un album à la facture classique qui rend hommage à la grande tradition du Sud. 

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