Le vénérable chef d'orchestre Bernard Haitink, qui a fait ses débuts au Philharmonique de Berlin voici plus d'un demi-siècle, donnera un concert en direct le 30 mai à 19h, à déguster dans la [Salle de concerts numérique->http://www.digitalconcerthall.com/tickets/?a=qobuz&c=true]

Et pourquoi de E à Z, siouplâit ? Simple : Haitink donnera deux ?uvres qu'il n'a jamais abordées à Berlin, une de début de vie de Schubert, l'autre de la fin de la vie de Chostakovitch. Pour commencer, ce sera la cinquième symphonie de Schubert - un miracle dû à la plume d'un compositeur âgé de dix-neuf ans. Certes, ce n'est pas sa première symphonie - d'où E plutôt que A dans notre titre - mais c'est la première parmi les plus célèbres ; c'est également la plus légère et la plus mozartienne, puisqu'elle adopte exactement l'orchestration de la 40e de Mozart, "sans tambours ni trompettes" ni d'ailleurs clarinettes. Le concert de Haitink se termine avec le chant du cygne de Chostakovitch, sa bouleversante quinzième symphonie, achevée quatre ans avant la disparition du compositeur. Là aussi, toutes proportions gardées, la partition fait appel à des forces instrumentales très modérées : un orchestre de la première époque romantique, pas plus, si ce n'est l'utilisation d'un invraisemblable arsenal de percussion.

Arsenal, sans doute, mais celui-là n'a pas pour objet de casser la baraque ; il sert plutôt de "magasin de jouets", en quelque sorte, et d'ailleurs, la symphonie débute avec deux coups de clochettes solo, et s'achève dans une sorte de déraillement mécanique de presque deux minutes où d'aucuns ont cru voir une sorte d'arrêt cardiaque : quelques coups de castagnettes, de tambourin, de triangle, toujours plus irréguliers, avant que célesta, triangle et les clochettes du début ne sonnent un dernier glas-jouet, le tout sur un hiératique tapis de cordes qui évite toute inflexion majeure ou mineur. Ni triste, ni joyeux, c'est tout simplement l'un des traits les plus magiques de Chostakovitch. On s'étonnera aussi des emprunts qu'a fait le compositeur dans le répertoire de ses prédécesseurs : Guillaume Tell de Rossini, ainsi que la Mort de Siegfried et le prélude de Tristan et Isolde de Wagner, sans oublier quelques amusements avec un dodécaphonisme-prétexte, puisque Chostakovitch n'en suit aucun des diktats de développement formel.

A quatre vingt-six ans, Haitink, après une phénoménale carrière, est lui-même dans une sorte de monde intermédiaire entre sa vie et l'éternité ; ce double hommage à la jeunesse et à sérénité finale promet d'être un intense moment d'émotion pour le public, les musiciens du Philharmonique de Berlin et Haitink lui-même. Notez bien la date, car si vous ne devez regarder qu'un seul concert en direct de Berlin cette saison, c'est peut-être celui-là...

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