Les 4 et 5 mars, Notre-Dame de Paris accueille l’Orchestre de Chambre de Paris pour un programme sacré avec l’oratorio Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix de Haydn et le Psaume 42 de Mendelssohn.

L’Orchestre de Chambre de Paris s’installe à l’impressionnante cathédrale Notre-Dame de Paris le temps de deux concerts dirigés par le maestro Leonardo García Alarcón. Un son sacré remplira la cathédrale avec les œuvres au caractère biblique que sont les Sept Dernières Paroles de Notre Sauveur sur la croix du maître classique Haydn et le Psaume 42 : Wie der Hirsch schreit composé par Mendelssohn.

Le concert sera dirigé par Leonardo García Alarcón, chef d’orchestre, claveciniste, fondateur en 2005 de son ensemble Cappella Mediterranea à Genève. Le maestro est connu aussi bien pour ses redécouvertes d’œuvres inouïes du public comme pour ses interprétations innovantes d’œuvres connues du répertoire. Depuis 2010, il est nommé directeur artistique et chef du Chœur de Chambre à Namur. Il est également présent en studio d’enregistrement avec le Sogno Barocco en collaboration avec la mezzo-soprano Anne Sofie Von Otter et conçoit l’art musical un peu comme un phénomène merveilleux : « Les musiciens lisent et ressuscitent l’âme des compositeurs, ils font un voyage dans le passé. La musique est peut-être le seul art, et peut-être même la seule activité au monde qui parvienne à produire ce miracle ». Ce concert à Notre-Dame de Paris constitue pour lui un défi dans la mesure où le monument a toujours été un symbole historique qu’il regardait dans les livres d’histoire lors de son enfance en Argentine.

Il travaillera pour l’occasion avec le chef de chœur principal de la maîtrise de Notre-Dame Henri Chalet, qui co-dirige depuis 2010 le Jeune Chœur de Paris. Il participe notamment à des enregistrements prestigieux auprès de Natalie Dessay ou encore Karine Deshayes. La collaboration de la maîtrise de Notre-Dame avec l’Orchestre de Chambre de Paris semble être quelque chose qui lui importe spécifiquement « Il me tient à cœur de la faire vivre, de la développer et de la pérenniser». Il collaborera également, les 4 et 5 mars, avec la soprano Lydia Teuscher, le ténor Zachary Wilder et la basse Konstantin Wolff.

Leonardo García Alarcón - © Jean-Baptiste Millot pour Qobuz.com

Les œuvres au programme, les Sept Dernières Paroles de Notre Sauveur sur la croix de Haydn et le Psaume 42 de Mendelssohn ont une cinquantaine d’années d’écart, la première étant originellement composée en 1786 et la deuxième en 1837. L’oratorio de Haydn était au départ une commande du chanoine d’une église de Cadix en Espagne. En effet, tous les Vendredi Saint, un office se déroulait dans la crypte, l’évêque prononçait alors les sept dernières paroles du christ en croix. Le chanoine demanda au compositeur autrichien 7 adagios pour orchestre, précédés d’une introduction, le finale devant évoquer le tremblement de terre à la mort du Christ. Haydn composa alors les sept adagios, et l’œuvre eut tellement de succès que l’année suivante, on publiait déjà une version réduite de l’œuvre pour quatuor à cordes et une autre pour piano seul. Puis Haydn finit par tomber sur une adaptation de son œuvre pour chœur et orchestre par un autre compositeur. Il reprend alors ses droits en décidant de se charger lui-même de faire cette adaptation, et c’est en 1795 qu’il transforme sa partition en oratorio, avec l’aide du célèbre baron van Swieten (qui fournira par ailleurs également les livrets de la Création et des Saisons à Haydn).

Selon le maestro Alarcón, « L’œuvre de Haydn, pièce extraordinaire composée en 1786, possède une esthétique néo-classique, mais conserve les codes du baroque et même de la Renaissance ». Le problème du tempo lent incite Haydn à trouver d’autres manières de dynamiser l’œuvre : il varie les tonalités, oppose majeur/mineur, établit des structures différentes, varie les couleurs. « Haydn réussit à faire vivre les sept adagios par des nouveautés rythmiques, thématiques, notamment par rapport aux tonalités. C’est là tout son génie », selon Henri Chalet. Ainsi, par souci de contraste, son orchestre comporte, outre les cordes, les bois et les cuivres par deux, flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, trompettes, cors et trombones, mais aussi contrebasson et timbales. L’introduction constitue une atmosphère sombre, avec le rythme régulier de la timbale qui résonne telle une condamnation, une sentence fatale, un tic-tac. « La force d’expression, présente par la suite dans les grands oratorios de Haydn, se fait déjà sentir » ajoute Leonardo García Alarcón. Le finale, qui évoque donc le tremblement de terre suivant la mort du Christ, est au contraire illustré par des dissonances et des rythmes violents, et représente « un tremblement de terre éloquent, qui résonne avec une grande richesse d’écriture » pour Chalet.

Notre-Dame de Paris - © Musique sacrée Notre-Dame de Paris

Quant au Psaume 42 de Mendelssohn, Schumann le considérait comme son chef d’œuvre. La musique puise sa source dans le classicisme de Bach et annonce déjà l’écriture de Wagner. Sommet du romantisme choral, composé en 1837 pendant le voyage de noces de Mendelssohn, « elle révèle une légèreté inouïe » selon Leonardo García Alarcón et met en valeur « la confiance absolue du compositeur envers ses textes » d’après Henri Chalet. L’œuvre alterne chœurs et récitatifs, accompagne un texte plein de ferveur et de poésie ; le titre fut même traduit en français par le théologien Théodore de Bèze par une phrase tout aussi poétique : Ainsi qu’on oit le cerf bruire. « C’est un chef d’œuvre à tous points de vue, qui mérite d’être plus connu » pour le maestro qui dirige l’œuvre les 4 et 5 mars.

Orchestre de Chambre de Paris

Musique sacrée à Notre-Dame de Paris

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