L’édition 2013 du Festival de Musique Ancienne se tiendra à Arques-la-Bataille du 20 au 24 août. Une cuvée 2013 qui privilégiera l’approfondissement de cycles musicaux et où se croiseront notamment Benjamin Alard, Marc Meisel, Julian Podger, l’Armée des Romantiques de Rémy Cardinale et Il Nuovo Concerto de Pascal Dubreuil.

Du 20 au 24 août se déroulera dans différents lieux emblématiques (presbytère, églises) d’Arques-la-Bataille, la seizième édition du Festival de Musique Ancienne. Proposé par l’Académie Bach, l’hommage rendu à une grande variété d’artistes du temps passé n’empêche pas une certaine audace dans la programmation. L’atout-phare de ce festival est en effet sa forme qui, s’éloignant de la traditionnelle succession de concerts, s’attache à tisser un lien entre toutes les performances.

Tout commence par une odyssée musicale européenne qui regroupe des compositeurs aussi différents que Philidor l’Ancien, Lully, Telemann ou Bach, pour n’en citer que quelques-uns. Le fil rouge du concert tient à son personnage, un musicien espagnol imaginaire qui parcourt l’Europe en 1733 pour trouver ou retrouver des musiques anciennes et modernes. Prétexte à un parcours initiatique dans la découverte ou la redécouverte des plus grands, ce personnage incarne la musique dans sa liberté et dans son évolution. Le Concert Brisé dirigé par William Dongois donne donc le ton en jetant un pont entre différents pays, différents artistes et différentes époques.

William Dongois – © Jean-Baptiste Millot pour Qobuz.com

Le bond vers l’aube du XVIIe siècle est donc facilité : cette fois, l’Ensemble Vocal Bergamasque, accompagné à l’orgue et au clavecin, nous emmènera au cœur du conflit entre monde catholique et monde protestant. C’est ainsi que se côtoieront le plain-chant de Frescobaldi et le cantique luthérien de Michael Praetorius. Bien loin de toute prise de parti, les quatre concerts rassembleront aussi Scheidt, Monteverdi, Schütz et bien d’autres encore, pour montrer les jeux d’influences autant que les différences. Car c’est bien de ces échanges même qu’est né le monde baroque, dont on connaît l’importance musicale.

Un autre cycle de concerts, le mercredi 21 et le vendredi 23 août, sous l’impulsion du pianofortiste Rémy Cardinale, se consacre cette fois à deux romantiques allemands à l’importance incontestée : Brahms et Schumann, héritiers de Bach par leur sens de l’architecture musicale, architecture elle-même placée au cœur du festival. Pas de surprise si les œuvres en question sont interprétées par l’Armée des Romantiques, ensemble de jeunes musiciens déjà accomplis.

Ténèbres est le nom du cycle de quatre concerts (du 21 au 24) consacrés à la Semaine Sainte, et donc au rapport entre musique et silence, puisqu’il s’agit d’un temps de méditation. L’heure est donc aux « lamentations », aux lectures, ici celles de Michel-Richard de Lalande, nom incontesté en la matière. Quatre instruments seuls (orgue, grand orgue, viole de gambe et clavecin) accompagneront les déclamations d’Alexandra Rübner, le chant hébraïque de Roula Safar et le chœur de femmes de l’Ensemble Vocal Bergamasque, le tout sous la direction de Pascal Dubreuil.

Benjamin Alard – © Jean-Baptiste Millot pour Qobuz.com

Le jeudi 22 août au soir, l’Ensemble Daedalus reprend le projet de l’Académie de Poésie et de Musique fondée en 1570, et plus précisément l’œuvre de son compositeur le plus influent, Claude Le Jeune, qui réconcilie langue française et poésie antique, ainsi que celles de ses héritiers. Le voyage vers l’Antiquité se poursuit dans la soirée avec un spectacle inspiré de passages de l’Iliade, texte fondateur s’il en est. Chant, geste, danse, la troupe Démodocos met tout en œuvre pour faire revivre héros et mythe.

Le lendemain soir est consacré à la musique des rites funéraires. Bruno Boterf dirige un diptyque musical et funéraire d’une grande fidélité aux compositeurs. On pourra donc y entendre des litui, de mystérieux instruments à vent utilisés lors des rites funéraires. Le dernier concert, qui aura lieu le samedi 24 au soir, reprend – outre William Byrd, Claude Gervaise ou encore Johannes Ockeghem – les compositions d’Henry VIII, souverain d’Angleterre. Mais cette fin de festival n’est pas aussi noire qu’on pourrait l’attendre : Henry VIII ne se limite pas au roi sanguinaire qui a inspiré Barbe-Bleue, il est aussi un humaniste et compositeur de talent, comme on le découvrira ce soir-là, grâce à la voix de Julian Podger.

Le site de l’Académie Bach

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