La satire cruelle et éblouissante de Rameau dirigée par Marc Minkowski avec Mireille Delunsch, Paul Agnew et Jean-Paul Fouchécourt s’installe au Palais Garnier du 2 au 30 décembre.

Une nymphe des marais – naïade ridicule nous dit-on – se croit aimée de Jupiter... Mais le dieu moqueur veut seulement s'amuser et donner une leçon à son épouse, la jalouse Junon. Chef-d’œuvre de l'ambiguïté, Platée Jean-Philippe Rameau est sans doute le plus baroque des opéras baroques. Du 2 au 30 décembre, l’Opéra de Paris en offrira au public parisien une nouvelle production.

Comédie lyrique (ballet bouffon) en un prologue et trois actes sur un livret d’Adrien-Joseph le Valois d’Orville d’après la pièce de Jacques Autreau, cet opéra baroque fut créé le 31 mars 1745, à La Grande Ecurie de Versailles. Dans la fosse, la baguette sera tenue par Marc Minkowski à la tête de ses Musiciens du Louvre-Grenoble. Laurent Pelly signera la mise en scène et les costumes, et Chantal Thomas les décors. Côté voix, cette production accueillera Paul Agnew (les 2, 8, 14, 21, 25 et 29 décembre) et Jean-Paul Fouchécourt (les 6, 11, 17, 24, 27 et 30 décembre) en alternance dans le rôle-titre, mais aussi Mireille Delunsch, Xavier Mas, Marc Labonnette, Aimery Lefèvre et Judith Gauthier

Ecrite pour le mariage du Dauphin et de l’Infante d’Espagne, Platée fit, lors de sa création à Versailles, l’effet d’une petite révolution. Car, outre le fait qu’on y raillait une vieille nymphe jouée par un homme devant une jeune mariée « peu gâtée » par la nature, on y voyait pour la première fois un ouvrage purement burlesque. A la différence de l’opéra italien, en effet, l’opéra français n’admettait guère le mélange des styles, pourtant constitutif du baroque, et dans la « Tragédie lyrique », qui demeurait le modèle des théâtres musicaux de ce temps, il était parfois permis de sourire, mais jamais davantage.

Platée, donc, joue délibérément la carte du burlesque. Mais c’est aussi parce que l’œuvre elle-même est un énorme pastiche de l’opéra français traditionnel. Tous les poncifs, les tics, les manies du genre y sont regroupés et il suffit juste de déplacer un accent ou de les replacer dans un autre contexte pour en souligner l’aspect comique. Et comme le sujet le plus courant de l’opéra traditionnel est l’Amour, avec toutes ses vicissitudes, il est normal que la parodie s’étende à ce sujet et que Platée présente une image grotesque et dérisoire du « doux lien ».

Sur le plan musical, Rameau joue de la même ironie et, pour traduire la maladresse et le ridicule de la pauvre Platée, invente des accords dissonants et malmène les règles, sacrées au XVIIIe siècle, de la bonne prosodie. Le baron Grimm et Jean-Jacques Rousseau furent de fervents admirateurs de l’œuvre. Enfin, le rôle-titre fut écrit pour Pierre Jélyotte, le premier ténor de l’histoire. Le site officiel de l’Opéra de Paris

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