Pour le concert du 8 octobre 2011, Bernard Haitink, malade, était remplacé au pied levé par Juraj Valcuha ; la substitution de baguette entraîna un changement de programme où subsistait — toujours sous les doigts de Nikolaj Znaider — le Concerto pour violon de Sibelius qui fut encadré par l'Ouverture d'Euryanthe de Weber et la Première Symphonie de Tchaïkovski. [->http://www.digitalconcerthall.com/?a=qobuz&c=true] [Le site du Digital Concert Hall de l'Orchestre Philharmonique de Berlin->http://www.digitalconcerthall.com]

Changement de programme, de baguette et de dernière minute pour le concert de l' Orchestre Philharmonique de Berlin. Bernard Haitink — 82 ans et demi — ne fut hélas pas en mesure d’assurer la direction de la Troisième de Beethoven ; c’est Juraj Valcuha qui le remplaça au bras levé. Naturellement, Sibelius reste au programme, mais l’on put entendre la Première de Tchaïkovski à la place de la Troisième de Beethoven et, pour commencer, l’Ouverture d’Euryanthe de Weber.

La Première Symphonie en sol mineur, op. 13 de Tchaïkovski, dite Rêves d’hiver, est, certes, œuvre de jeunesse — 1866 ; le compositeur n’avait que 26 ans — mais jeunesse ne rime pas forcément avec manque de maturité. Après maintes révisions, plus ou moins forcées par ses anciens professeurs au Conservatoire de Saint-Pétersbourg qui ne surent pas mesurer l’originalité de l’ouvrage, la Symphonie fut créée deux ans plus tard avec grand succès, mais Tchaïkovski devait encore remanier la partition et c’est l’ultime version de 1883 que l’on joue de nos jours. Si le ton et l’écriture s’approchent souvent de Mendelssohn — transparence, élan — les tournures mélodiques empruntent volontiers aux inflexions à la russe, quand bien même Tchaïkovski n’a en rien incorporé de véritable musique populaire ou folklorique russe.

Nuit d'hiver par Constantin Korovine (1913)

Deux ans après l’immense succès du Freischütz, Carl Maria von Weber livre Euryanthe mais hélas, le livret est tellement faible que l’ouvrage n’est que rarement donné. La salle de concerts a retenu l’Ouverture, écrite dans le premier style romantique allemand ; on y pressent clairement Wagner dans le traitement héroïque des thèmes et des contrastes. Il faut dire que le sujet, médiéval en diable, s’y prête parfaitement !

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Le Concerto pour violon de Jean Sibelius, lui, fut créé à Berlin, sous la direction de Richard Strauss. À Berlin certes, mais pas avec le Philharmonique de Berlin — les rapports entre Strauss chef d’orchestre et le Philharmonique s’étaient envenimés peu auparavant ; c’est donc à la Staatskapelle de Berlin, dont Strauss était alors le directeur musical, qu’échut l’honneur de cette création, le 19 octobre 1905. Création, si l’on veut, car la première mouture du concerto avait déjà eu droit aux feux de la rampe l’année précédente à Helsinki, avec le compositeur à la baguette. Cette première version, toutefois, fut considérablement remaniée et, de nos jours, l’on ne joue plus que la nouvelle version, celle que Strauss créa à Berlin.

À ce concert du Philharmonique de Berlin, c'est bien la version définitive, habituelle, qui était donnée, sous les doigts du violoniste danois Nikolaj Znaider qui joue un Guarneri del Gesu de 1741 ayant appartenu à Fritz Kreisler. Toutefois, les aficionados de Sibelius peuvent entendre une rareté ! — les ayants droit du compositeur ne l’ont libérée qu’une seule fois en 1991 ! — : la toute première version du compositeur.

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