Les auditions étaient virtuelles mais la première sur scène au Carnegie Hall de New York fut bien réelle pour l’orchestre symphonique monté par YouTube.

Originaires de plus de 30 pays, les instrumentistes du YouTube Symphony Orchestra sélectionnés grâce à des auditions sur internet, ne se connaissaient pas il y a encore quelques jours. Leur premier concert, mercredi 15 avril, sur la scène du prestigieux Carnegie Hall de New York, a pourtant été une réussite, dans une ambiance certes plus décontractée que celle qui prévaut d'habitude dans le monde de la musique classique…

Ce projet fou avait été lancé il y a quatre mois, sur le site de partage de vidéos YouTube. Plus de 3000 musiciens professionnels et amateurs ont mis en ligne un échantillon de leur talent. 15 millions d'internautes ont ensuite voté pour choisir ceux qui rejoindraient la phalange. Les 93 heureux élus âgés de15 et 55 ans viennent d'horizons divers : un violoniste est chirurgien, un violoncelliste est joueur de poker professionnel...

« Nous faisons la connaissance de beaucoup de mondes différents », a souligné le chef d'orchestre Michael Tilson Thomas, avant les premiers coups de baguette du concert. « Le monde réel, le monde virtuel et l'expérience de la rencontre. Pour nous, c'est un peu entre un sommet de musique classique et un rassemblement scout, conjugué à du speed dating ».

Pour l’occasion, le Carnegie Hall avait attiré mercredi soir un public jeune et plutôt détendu. Le programme de trois heures s'est articulé autour de quinze pièces, dont certaines très courtes. Il s'est ouvert sur le joyeux troisième mouvement de la Quatrième Symphonie de Brahms pour s'achever dans les fracas éclatants de la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski.

Entre les piliers de la musique classique, le YouTube Symphony Orchestra s’est lancé dans des morceaux de Lou Harrison, Heitor Villa-Lobos ou bien encore John Cage. Surtout, il a interprété en première mondiale la Symphonie Internet n°1, Eroica, écrite spécialement pour l'occasion par Tan Dun, qui avait travaillé sur les bandes originales des films Tigre et Dragon et Hero. C'est le compositeur chinois lui-même qui a pris la baguette pour diriger son entraînante symphonie de quatre minutes et demie.

Rompant avec une interdiction courante dans les salles de concert, les organisateurs avaient invité les spectateurs à apporter leur caméscope. Durant la représentation, étaient projetés sur les murs et le plafond du Carnegie Hall des motifs géométriques, des notes de musique et des images des musiciens.

Cette décontraction n'a rien enlevé à la qualité de la performance, illuminée par quelques moments de bravoure, notamment lorsque la pianiste Yuja Wang a fait mouche avec Le Vol du bourdon.

L'osmose à laquelle sont parvenus les interprètes est d'autant plus impressionnante qu'ils ne sont arrivés à New York que dimanche. « C'était un groupe d'individus très talentueux », a souligné l'un des musiciens ayant dirigé les répétitions, Roberto Diaz, ancien premier alto de l'Orchestre de Philadelphie. « A chaque répétition, c'est devenu de mieux en mieux et ils ont trouvé ce rythme de groupe. Faire cela en 48 heures, c'est épatant ».

Le site officiel du YouTube Symphony Orchestra