Si la vidéo use et abuse du traitement numérique des signaux, l'audio, ou plus exactement la Hi-Fi, en fait plus discrètement usage, peut-être en espérant que ça ne se remarque pas...

Dans un récent message à notre Service Clientèle, un de nos clients britanniques souhaitait comprendre pourquoi le DAC qu'il avait acquis lui donnait satisfaction à l'écoute, par exemple, de certains sites Internet, et qu'il trouvait avec ce même DAC que les fichiers Qobuz avaient un son plus aigu.

Hi i stream music from Qobuz on a MacbookAir and recently bought a DAC/headphone amp, 'Mojo' made by Chord Electronics. It works fine for iTunes, Spotify & Youtube, for example, but not with Qobuz - all i get is a high pitched frequency sound. I don't know why. Can you help?

Le banc d'essai, tout récent lui aussi, de l'amplificateur full digital Topping VX2, nous avait également interpellés quant à ses résultats sonores qui nous avaient surpris sur certains points.

Cela nous a donc inspiré ce sujet de la rubrique Les Cinglés de la Hi-Fi que nous allons consacrer au traitement numérique audio et à la qualité sonore.

Pour revenir au DAC Chord Mojo de notre client britannique, nous n'avons pas testé ce modèle mais son grand frère Hugo avait eu son banc d'essai Qobuz au cours duquel nous avions bien noté une tendance à en faire beaucoup dans le haut du spectre de manière agréable mais artificielle (et apparemment seul un autre site l'aurait également souligné, tous les autres tests hissant cet appareil au pinacle), ceci s'expliquant selon nous par le traitement des signaux numériques selon les technologies propriétaires WTA et Pulse array DAC de Chord.

Il est cependant de fait que le Mojo utilise également ces technologies de Chord puisque cet appareil dérive en droite ligne du DAC Hugo, et que le Mojo en fasse aussi beaucoup dans l'aigu n'a donc rien de surprenant. En conséquence, avec de la musique compressée telle qu'en diffusent les sites Internet, on ne risque pas d'être gêné par une augmentation des aigus, mais avec des fichiers Qobuz en qualité CD à la bande passante pouvant aller à près de 22 kHz, ce n'est plus la même musique (!) et notre client s'en est nettement aperçu.

Nous sommes donc dans le vif du sujet des traitements des signaux audio numérique et de la qualité sonore que l'on peut ainsi obtenir, celle-ci étant souvent vantée comme meilleure que l'originale par les promoteurs de ces traitements.

A Qobuz nous avons ainsi toujours émis des réserves sur les traitements de type Conversion de taux d'échantillonnage (SRC ou Sample Rate Conversion en anglais) consistant à transformer tout signal audio numérique, quel que soit le nombre de bits et la fréquence d'échantillonnage, en un signal sur 24 bits à 192 kHz, et ce par le biais de calculs.

Cette opération peut être réalisée par des puces disponibles auprès des grands fabricants de circuits intégrés proposant aussi des convertisseurs audio numériques (Cirrus Logic, Burr-Brown, Analog Devices, Asahi Kasei...) ou alors par des circuits programmables intégrant une conversion de taux d'échantillonnage développée par le constructeur lui-même ou encore des puces intégrant à la fois SRC et DAC comme le fait ESS avec son procédé Hyperstream.

Au niveau des performances chiffrées, il est clair que le rapport signal sur bruit d'un signal audio numérique codé sur 16 bits à 44,1 kHz et ré-encodé sur 24 bits à 192 kHz sera meilleur que celui du signal audio numérique d'origine. Celui-ci se sera également vu au passage rajouter de nombreux échantillons qui ne figuraient pas dans le fichier d'origine, et en particulier dans les fréquences aiguës assez pauvres dans ce domaine avec un codage sur 16 bits à 44,1 kHz.

Mais les résultats sonores qui découlent de ces calculs, s'ils se montrent assez souvent agréables, n'en cachent pas parfois leur côté artificiel lorsqu'on écoute des musiques naturelles et le discours de certains constructeurs tendant à affirmer le contraire nous semble assez osé, parce que, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, ce qui est perdu lors de l'échantillonnage l'est bel et bien et un fichier 16 bits à 44,1 kHz ré-échantillonné sur 24 bits à 192 kHz ne sera pas identique à celui échantillonné d'origine sur 24 bits à 192 kHz.

Il se trouve aussi que Burr-Brown propose depuis quelque temps déjà des versions de son célèbre convertisseur numérique analogique PCM5102 intégrant des processus audio (numériques) sélectionnables pour la famille PCM5121-PCM5122, et un mini DSP (Digital Sound Processor) pour la famille PCM5141-PCM5142.

Il est d'ailleurs assez amusant de constater une certaine évolution de langage dans les textes de présentation du constructeur quant à l'utilisation de ces processus ou de ce mini processeur.

Ainsi, pour la famille PCM5121-5122, Burr-Brown stipule :

"Members of the PCM512x family integrate preset audio processing functions with programmable coefficients, allowing developers to change the characteristics of the interpolation filter, speaker EQ, dynamic range controls, and average volume control in their products."

"Les membres de la famille PCM512x intègrent des fonctions de processing audio prédéfinies avec des coefficients programmables, permettant aux développeurs de changer les caractéristiques du filtre d'interpolation, l'égalisation des enceintes, le contrôle de la gamme dynamique et le réglage de volume moyen dans leurs produits."

Et pour la plus récente génération des PCM5141-5142, il est écrit :

"Members of the PCM514x family integrate a fully programmable miniDSP core, allowing developers to integrate filters, dynamic range controls, custom interpolators, and other differentiating features to their products."

"Les membres de la famille PCM514x intègrent un mini DSP entièrement programmable, permettant aux développeurs d'intégrer des filtres, des contrôles de la gamme dynamique, des interpolations personnalisables, et d'autres caractéristiques différenciant leurs produits."

Voilà, et même si on s'en doutait un peu depuis l'apparition de la famille PCM5121-PCM5122, les mots sont lâchés clairement avec la famille PCM5141-PCM5142 : "et d'autres caractéristiques différenciant leurs produits."

Reste à savoir comment les constructeurs vont différencier leurs produits, et même s'ils feront part des spécificités qu'ils auront éventuellement intégrées, comme nous pensons que cela a été le cas de l'amplificateur full digital Topping VX2 équipé d'une puce d'amplification à découpage STMicroelectronics STA326 intégrant des fonctionnalités sélectionnables ou non par les développeurs, tout à fait dans l'esprit de celles que nous évoquions précédemment.

Ca, ce sera l'avenir qui nous le dira.

Bien cordialement.

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