Quand on a conçu des convertisseurs utilisés par des majors de la musique enregistrée et été missionné par Sony pour développer un enregistreur DSD de studio, rien de plus normal que d'être le premier constructeur à avoir proposé aux amateurs un convertisseur numérique analogique compatible DSD et de mettre à la disposition de ceux-ci des fonctionnalités venues en droite ligne du monde professionnel. Sa société mère, Mytek Digital, son nom Stereo192-DSD DAC.

Fondée en 1992 par Michal Jurewicz, la société américaine Mytek Digital est basée à New York et posséde également des laboratoires de recherche et développement en Pologne, pays d'origine du fondateur. Mytek a commencé ses activités en concevant et en fabriquant des convertisseurs analogique numérique ainsi que des convertisseurs numérique analogique destinés aux professionnels de l'enregistrement.

Offrant des qualités sonores considérées parmi les meilleures, les appareils professionnels Mytek sont utilisés par Warner, Universal ou encore Sony, et en 2005, Michal Jurewicz fut commissionné par la division SACD de Sony afin de développer un enregistreur DSD de studio.

Fort de cette expérience et malgré l'échec commercial du SACD, Mytek se trouva dans une position idéale afin de concevoir un DAC pré amplificateur supportant le format DSD du SACD, d'autant que le marché de la Hi-Fi, de loin plus important en nombre que le marché professionnel, présentait un attrait non négligeable pour la marque.

C'est ainsi qu'en 2011, à l'occasion du Rocky Mountain Audio Fest, Mytek présenta son Stereo192-DSD-DAC qui fit sensation par sa qualité sonore et sa compatibilité avec le format DSD dont il fut le premier modèle proposé au grand public.

Mais là ne s'arrête pas les particularités de cet appareil puisque celui ci est disponible en trois versions, une avec façade aluminium naturel (Silver Preamp Version) ne disposant pas de LED afin d'offrir un design plus pur convenant mieux aux audiophiles, deux avec façade noire équipe de LED indicatrices de niveau, dont une totalement semblable fonctionnellement à la version aluminium (Black Preamp Version) tandis que l'autre, appelée Black Mastering Version propose des entrées numériques DSD R(ight) et DSD L(eft) au lieu d'une entrée analogique comme les versions Preamp) .

Fait très rare également pour être souligné, le Stereo192-DSD DAC est équipé d'une entrée Fire Wire acceptant les signaux 24 bits à 192 kHz et DSD et pouvant servir à enregistrer les signaux numériques provenant de certaines autres entrées.

Il peut également être piloté par une télécommande utilisant le code Philips RC5 ou encore n'importe quelle télécommande en aluminium Apple.

Place maintenant à la découverte en détails de ce Stereo192-DSD DAC bien aguichant.

Présentation

Avec sa façade en aluminium brossé anodisé naturel usinée dans la masse, son afficheur bleu en position centrale et son équilibre dans la répartition des (rares) commandes, la présentation du Stereo192-DSD DAC de Mytek Digital nous semble particulièrement réussie.

Cependant, ce nombre restreint de commandes c'est l'arbre qui cache la forêt, car la molette située sur la gauche de la façade, affectée en temps normal au réglage du volume, se transforme en bouton de navigation avec pression centrale de validation dès que l'on a appuyé sur la touche Menu se trouvant à sa droite.

Plutôt qu'un long discours fastidieux (et épuisant), nous vous proposons de découvrir sur le visuel ci-dessous (extrait du manuel d'utilisation) toutes les possibilités de configuration de ce DAC offertes par le menu. C'est assez impressionnant et on sent l'influence de Mytek le fabricant d'appareils professionnels.

Hors menu, l'afficheur indique dans sa partie gauche le volume (en atténuation de - ? à 00, par pas de 1dB, et la fréquence d'échantillonnage (ou DSD, HDSD, le DSD à double fréquence si c'est le cas) dans sa partie droite.

Deux touches marquées FN1 et FN2, par défaut définies comme sélection de source et mute (silencieux), peuvent être redéfinies par l'utilisateur via le menu, et enfin une prise casque au standard Jack 6,35 mm jouxte l'interrupteur de mise sous tension.

Connectique

Le stereo192-DSD DAC est doté d'une connectique riche, particulièrement au niveau des entrées numériques. On dénombre en effet une entrée USB 1.1 plug and play où les signaux (limités à 24 bits à 96 kHz) seront systématiquement convertis en signaux 24 bits à 192 kHz, une entrée USB 2.0 acceptant les signaux PCM et DSD, une entrée S/PDIF coaxiale et une optique (pouvant également recevoir des signaux au standard professionnel ADAT), une entrée symétrique AES/EBU, et enfin une entrée Fire Wire (FW) officiellement appelée IEEE1394 et portant officieusement le nom de Fire Wire grâce à Apple, Sony la nommant quant à lui i.Link.

A noter que les signaux numériques entrant par l'entrée S/PDIF coaxiale et l'entrée AES/EBU peuvent être enregistrés sur un ordinateur en utilisant la liaison Fire Wire.

On remarquera également la présence d'une entrée et d'une sortie horloge de référence à usage principalement des professionnels qui ont besoin d'une horloge unique dans la chaîne d'enregistrement.

Une entrée analogique est également présente (elle ne subit pas de conversion interne en numérique) ainsi que des sorties stéréo analogique en mode asymétrique sur prises Cinch ou en mode symétrique sur prises XLR.

Fabrication

Le solide châssis en tôle d'acier recouverte de peinture noire cuite au four accueille sur toute sa surface un unique circuit imprimé sur lequel prennent place l'ensemble des composants de l'électronique du Stereo192-DSD DAC.

L'implantation est structurée avec logique, l'alimentation prenant place le plus à l'écart possible du reste de l'électronique, à savoir dans la partie droite du boîtier (par rapport à la façade), et en partie le long de l'afficheur fixé sur cette même façade.

Les circuits numériques occupent la partie centrale de la platine tandis que le convertisseur numérique analogique et les circuits de filtrage, pré amplification et l'amplificateur casque se trouvent dans la partie gauche de cette platine.

Alimentation, partie numérique

L'embase secteur est munie d'un filtre nettoyant si nécessaire le courant parvenant au sérieux transformateur toroïdal de l'alimentation. Les tensions de la partie numérique et de la partie analogique sont totalement séparées, chacune d'elles possédant ses propres diodes de redressement et son ou ses étages de régulation (partie gauche de la photo).

On trouve ainsi un régulateur à très faible "drop out" (différence entre la tension d'entrée et la tension de sortie) de type LP3962-3.3 (3,3V) associé à deux condensateurs de 4700 ?F/25V (valeur confortable) pour l'alimentation de la partie numérique.

Pour sa part, l'alimentation de la partie analogique est de type symétrique et emploie des régulateurs à faible drop out de type LM2940-15 et LM2990-15, délivrant respectivement des tensions de +15V et de -15V. A Chacun de ces régulateurs est associé un condensateur de filtrage de 2200 ?F/25V.

Parmi les circuits numériques on trouve deux interfaces USB et une interface Fire Wire (ou IEEE1394).

L'USB 1.1 est prise en charge par une puce Texas Instruments TAS1020B (partiellement cachée par les fils rouge et bleu sur la droite de la photo).

C'est un puissant circuit intégré Cypress CY7C68013A intégrant un micro processeur 8051 qui gère l'entrée USB 2.0. A sa gauche, un réseau de portes programmables ou FPGA (field-programmable gate array) Xilinnx Spartan XC3S100E extrait les signaux I2S servant à la conversion numérique analogique.

Les signaux en provenance de l'entrée Fire Wire (FW) sont gérés par une puce Texas Instruments TSB41AB2 et un circuit intégré TC Applied Technologies TCD2210 intégrant un processeur RISC travaillant sur 32 bits. Ce circuit prend également en charge les signaux au standard professionnel ADAT (on ne se refait pas !).

Une horloge de haute précision et à jitter ultra faible est générée par un réseau de portes programmables Altera Cyclone III associé à deux quartz de 22,579 mHz et 24,576 MHz afin d'assurer la synchronisation avec les signaux échantillonnés à 44,1 kHz et multiples et les signaux échantillonnés à 48 kHz et multiples.

On peut voir au-dessus de ces quartz le circuit de conversion de taux d'échantillonnage, un SRC (Sample Rate Converter) Analog Devices AD1896 transformant les signaux entrants en signaux 24 bits à 192 kHz quels qu'ils soient, et qui peut être mis en service ou hors service via le menu.

Conversion numérique analogique, pré amplificateur, ampli casque

C'est à un convertisseur ESS Sabre ES9018 qu'est confiée la tâche de conversion numérique analogique. Ce modèle, compatible DSD, possède huit voies et ce choix a été fait par Mytek a fait afin de faire travailler quatre étages en parallèle sur chaque voie, ce qui permet de gagner 6dB sur le rapport signal sur bruit.

Cette puce fait appel à la technologie Hyperstream ESS dont les résultats sonores, généralement flatteurs, ont leur fan-club. Elle intègre également deux filtres pour les signaux PCM (Sharp, filtre à pente très raide ou "brickwall", et Slow, atténuation plus douce) et autorise trois fréquences de coupure pour les signaux DSD (50, 60 ou 70 kHz).

Pour ce qui est des circuits intégrés utilisés dans la partie pré amplification, la symétrisation et l'amplificateur casque, c'est le secret industriel puisque Mytek a pris soin d'effacer leur marquage !

Cependant on remarque des puces à huit broches qui sont à coup sûr des amplificateurs opérationnels doubles et deux puces plus grosses à seize broches précédées d'inverseurs logiques 74HCT14. Ces grosses puces sont de toute évidence les potentiomètres analogiques présentant cent pas de 1dB (réseau de résistances) dont parle Mytek (un pour le pré ampli et un pour l'ampli casque) et qui sont mis contournés grâce à des relais si l'on se sert du réglage de volume numérique. La puce à huit broches qui est raccordée à chacun de ces potentiomètres analogiques est très certainement un amplificateur opérationnel servant d'adaptateur d'impédance.

On remarquera autour de ces différents circuits des cavaliers permettant de changer le gain (-6dB ou atténuation d'un facteur 2) sans changer la qualité sonore. Les deux cavaliers situés auprès des prises de sortie servent à contourner les condensateurs se trouvant sur le trajet des signaux en provenance de l'entrée analogique et la bande passante ne présente alors aucune limitation dans le grave puisqu'elle débute à 0 Hz (courant continu). Attention cependant à l'amplificateur qui sera raccordé, car s'il passe lui aussi le continu, cela peut être fatal aux boomers des enceintes...

Quant à l'amplificateur casque, que l'on peut voir (à gauche sur la photo) encadré par deux marmites électrochimiques de 4700 ?F/25V au garde à vous, nous n'avons, malgré l'absence de marquage, aucun doute quant à son identité. Il s'agit d'un TPA6120 de Texas Instruments possédant des entrées différentielles et pouvant alimenter des casques de 16 ? d'impédance minimale.

Utilisation et écoute

Commençons par saluer Mytek Digital qui, en véritable professionnel, s'est donné la peine de réaliser des tutoriels ultra complets pour installer et utiliser le Stereo192-DSD DAC avec les lecteurs logiciels Foobar2000 et JRiver (pour PC), et Pure Music (pour Mac), et ce en liaison USB comme en liaison Fire Wire. Ce tutoriel indique même, pour JRiver, la marche à suivre pour décoder du son multicanal 5.1 car il est possible de relier trois Stereo192-DSD DAC à un même ordinateur !

Concernant les résultats sonores, commençons par quelques lignes sur la conversion de taux d'échantillonnage que permet ce DAC. Nous n'avons jamais caché que nous n'étions pas de grands amateurs de cette technique consistant à "trafiquer" par le calcul des signaux numériques pour les booster artificiellement en signaux 24 bits à 192 kHz, ceci permettant entre autres d'afficher des performances chiffrées bien meilleures que si l'on gardait ces fichiers dans leur format natif et aussi, assez souvent, d'offrir une restitution sonore plus flatteuse grâce à des aigus, selon nous, artificiellement enrichis.

Quoi qu'il en soit, et en testeur consciencieux, ce n'est qu'à l'issue de l'écoute que nous émettons notre avis sur les résultats sonores procurés par l'électronique de conversion de taux d'échantillonnage équipant un appareil. Et en ce qui concerne le Stereo192-DSD DAC, disons-le tout net, nous n'aimons pas, mais ce n'est que notre avis et nul n'est obligé d'y adhérer et de plus, Mytek donne la possibilité de désactiver cette fonction via le menu, excepté en cas d'utilisation de l'entrée USB 1.1.

Il est clair que cette conversion n'y va pas de main morte et en rajoute dans les fréquences haut-médium et aigües, pas besoin de correcteur de timbre pour les amateurs de restitution brillante, la puce AD1896 se charge de l'affaire, et cela s'entend aussi assez nettement à l'écoute de Crazy Little Thing Called Love de l'album The Platinum Collection de Queen où la voix de Freddie Mercury offre une tessiture plus riche encore que de nature, tout comme à l'écoute de notre Fantasia on British Sea Songs de Henry Wood qui montre un peu d'insistance dans le haut du spectre.

Nous on va donc laisser la conversion de taux d'échantillonnage sur off pour la suite de nos écoutes.

Et là, à l'écoute de l'un must des 70's, My Sweet Lord de George Harrison (album Let It Roll), on retrouve le sourire car c'est une très belle restitution qui nous est offerte de cette chanson par le Stereo192-DSD DAC. Equilibre sonore, beaux timbres, finesse des accords de la guitare et présence de la voix du chanteur concourent à un grand plaisir musical.

Le bouillonnant Allegro de la Suite Américaine de Dvorak dans la version de l'Orchestre du Festival de Budapest dirigé par Ivan Fisher, en version Studio Masters 24 bits à 192 kHz, décoiffe gentiment et met un petit coup de soleil dans cette matinée nuageuse.

Aucun doute, la restitution sonore est de haut niveau, légèrement flatteuse (la touche ESS hyperstream) la dynamique s'exprime avec grande aisance, rien de la richesse orchestrale n'est laissé dans l'ombre et les tintements du triangle (que nous apprécions beaucoup) s?égrènent sans qu'il soit besoin d'en rajouter dans une pluie sonore cristalline (et même avec la version 24 bits à 96 kHz qui pourrait passer par la moulinette de conversion), tandis que l'image sonore se déploie largement.

Mêmes sentiments à l'écoute du majestueux et étincelant Sonnenaufgang de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss par le Saito Kinen Orchestra dirigé par Daniel Harding (version Studio Masters 24 bits à 96 kHz) qui rutile de toutes ses couleurs après le saisissant impact des cymbales ouvrant cette scène et explose dans de puissants et somptueux accords des cuivres que le Stereo192-DSD DAC restitue avec maestria.

Avec les quelques fichiers de test DSD64 et DSD128 téléchargés sur Internet dont nous disposons, les résultats sonores sont de grande qualité et la restitution coule en offrant une grande sensation d'aisance. Le concerto pour violon en ré de Mozart (fichier de test 2L.no), que ce soit sa version DSD64 ou sa version DSD128, brille en particulier par la finesse de la reproduction du violon qui ne se montre jamais agressif même en poussant le niveau.

Notons pour terminer que l'écoute sur la sortie casque est très bonne et que celle procure des niveaux sonores élevés même avec un casque orthodynamique demandant du punch.

Pour conclure, le Stereo192-DSD DAC ne renie pas sa parenté avec le monde professionnel et offre de nombreuses possibilités de configuration ainsi qu'une grande richesse d'entrées numériques en particulier une entrée Fire Wire, plutôt rare sur les appareils destinés aux amateurs. Moyennant la lecture en format natif des fichiers audio numérique, ses qualités sonores au-dessus de tout soupçon ainsi que sa compatibilité avec les fichiers DSD en font un appareil très recommandable.

Spécifications

Manuel d'utilisation (en anglais seulement, User's Manual, in english only)

Stereo192-DSD DAC sur site Mytek

Store Mytek Digital Europe

Capacités de lecture

Configuration d'écoute :

- amplificateur Devialet 200

- enceintes Triangle Antal Anniversary

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