Sortir deux mille euros pour acquérir un convertisseur numérique analogique demande une certaine réflexion et une certaine aisance, mais avouons qu'il est beau ce Luxman DA-200 et qu'il porte un nom qui est une valeur en lui même, tandis que le son qu'il délivre a autant de classe que son habit.

Comme certaines autres grandes marques nées aux premières heures de la Hi-Fi, Luxman a connu les vicissitudes du temps et après avoir appartenu au Groupe Alps, avait disparu des échoppes de notre pays durant plusieurs années pour y réapparaître fin 2008.

Luxman n'a pas manqué son retour et propose actuellement une large gamme d'appareils, amplificateurs intégrés, blocs d'amplification, préamplificateurs, lecteurs de CD et de SACD, dans diverses séries, comme la Classic Series ou la Neo Classic Series, sans doute une façon de renouer avec son passé sans pour autant oublier l'avenir puisque trois convertisseurs numérique analogique arborent également les couleurs de la marque.

L'un de ces convertisseurs, le modèle d'attaque du constructeur si l'on peut dire, le DA-100, a déjà fait l'objet d'un banc d'essai Qobuz, récoltant au passage notre récompense Qobuzissime.

Le top Luxman en matière de DAC a pour nom DA-06 et permet le décodage des fichiers audio numérique jusque 32 bits à 384 kHz et DSD à 2,8 et 5,6 MHz, tandis que le modèle dont nous allons vous proposer le banc d'essai, le DA-200, se contente de 24 bits à 96 kHz sur son entrée USB et 24 bits à 192 kHz sur ses entrées S/PDIF coaxiale et optique.

Ce très bel appareil dispose également de deux entrées analogiques stéréo et peut fonctionner en pré amplificateur grâce à sa sortie ligne pouvant être configurée en niveau variable dont le réglage est commun avec celui de la sortie casque.

Présentation

Très belle présentation pour le DA-200 de Luxman, à la fois d'un classicisme raffiné et d'une certaine sobriété. La classe, quoi, pour le bling-bling, prière de passer son chemin.

Pas de petits boutons poussoirs gérés par microprocesseur ici, mais un véritable interrupteur coupant l'arrivée secteur placé à l'extrémité gauche de la façade en aluminium massif de 6 mm d'épaisseur, un rotacteur bien ferme pour la sélection des sources et un potentiomètre onctueux pour le réglage du niveau casque commandant également celui de la sortie ligne si on désire se servir du DA-200 comme préamplificateur (une petite LED située à gauche du bouton de volume s'allume lorsque la sortie ligne est à niveau fixe).

Luxman a même décidé de rester classique jusqu'au bout de l'affichage puisque celui-ci est un modèle de couleur rouge à trois digit de type "sept segments" comme on en voit quand même plus très souvent, mais qui reste très lisible à plusieurs mètres de distance.

Une petite LED située sous cet affichage s'illumine en l'absence de liaison USB ou de signal numérique sur les entrées S/PDIF.

Connectique

La connectique du DA-200 est plus que correcte avec trois entrées numériques (USB B, S/PDIF coaxiale et optique), deux sorties numériques S/PDIF, deux entrées stéréo analogiques, et la possibilité de sortir le signal à niveau fixe ou variable en mode asymétrique (standard) sur les prises Cinch ou à niveau fixe sur les sorties symétriques.

Fabrication

Nous parlions de classicisme pour la présentation du DA-200, mais l'auteur de ces lignes, pour avoir travaillé dans une autre vie professionnelle sur des appareils Luxman, peut dire qu'il en va de même pour la conception interne de ce DA-200. Cela n'est bien sûr aucunement une critique, mais une simple constatation.

On trouve ainsi un certains nombre de circuits reliés entre eux par des nappes de fils, blindés lorsque cela est nécessaire, ligaturés par des colliers de serrage et soigneusement disposés, l'ensemble étant très propre.

On remarquera aussi l'utilisation de vis cuivrées (et non en cuivre comme on le lit parfois, car il serait impossible de visser celles-ci qui se déformeraient, le cuivre étant un métal mou) et de fils de forte section pour les mises à la masse du châssis.

L'alimentation, de type linéaire, reçoit un courant secteur nettoyé par un filtre et est organisée autour d'un sérieux transformateur muni d'un écran interne et ceinturé d'une feuille de cuivre.

On peut également remarquer les deux gros condensateurs de filtrage de 3300 ?F/50V (en haut à droite sur la photo).

Un circuit Tenor TE7022L (partie supérieure gauche de la photo), 24 bits à 96 kHz, assure l'interface USB. A sa droite se trouve un circuit de conversion de taux d'échantillonnage Burr-Brown SRC4190 recalculant tous les signaux entrants sur 24 bits à 192 kHz.

Les entrées S/PDIF sont prises en charge par une puce Asahi Kasei AK4114 (24 bits à 192 kHz) qui assure également le transfert des signaux numériques vers les sorties S/PDIF tandis qu'un micro contrôleur D78F0534 (au milieu, dans le haut de la photo) gère l'ensemble de l'électronique.

La conversion numérique analogique est réalisée par une puce Burr-Brown PCM1792 (24 bits à 192 kHz) qui dispose de sorties différentielles en courant.

Ces courants sont ensuite transformés en tensions par de classiques et performants amplificateurs opérationnels NJM5532 d'origine JRC (New Japan Radio Company) accompagnés de résistances et de condensateurs de qualité audiophile, puis filtrés en mode différentiel par des NJM5532 également.

Visiblement, les signaux subissent un autre filtrage, mais de type passif (carte montée en mezzanine, partie inférieure gauche de la photo), avant d'être aiguillés sur les sorties symétriques et asymétriques.

Le réglage de volume de la sortie casque, et aussi de la sortie ligne asymétrique, est assuré par un potentiomètre Alps, une valeur sûre.

C'est à un amplificateur opérationnel NJM4580 de JRC qu'est confiée l'amplification pour le casque, un choix qui n'est pas rare chez les constructeurs "institutionnels" japonais, tandis que les entrées analogiques, commutées par des circuits NJU7301 de JRC, sont tamponnées par un amplificateur opérationnel NJM5532.

Pour terminer cette partie technique, signalons que tous les condensateurs électrochimiques sont des modèles fabriqués sur cahier des charges Luxman et qu'on trouve de nombreux condensateurs à couches plastique en technologie à montage en surface dans la partie numérique, ainsi que des modèles, semble-t-il, au polystyrène, dans les diverses sections de filtrage des signaux audio, des composants de qualité quoi.

Ecoute

Pour tout dire, nous avons été étonné, après avoir écouté ce convertisseur numérique analogique, de découvrir que celui-ci intégrait une puce de conversion de taux d'échantillonnage.

En effet, bien souvent ce genre de traitement ne procure pas des résultats sonores qui chamboulent nos neurones, l'aspect artificiellement flatteur ainsi obtenu semblant laisser ces derniers plutôt indifférents et ne pas être en mesure de se substituer à une véritable émotion.

Il en va autrement avec le DA-200 et celui-ci délivre un message sonore d'une certaine densité, sans excès dans le haut du spectre (ce serait même un peu le contraire) et très prenant.

Ainsi, à l'écoute d'extraits de l'album Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi, on se régale d'une restitution ample et chaleureuse, pas aussi incisive qu'on la connaît, mais assurément extrêmement plaisante, si ce n'est extrêmement belle, mais sans chercher à briller de manière ostentatoirement artificielle.

C'est là que l'on voit que la patte d'un maître artisan comme Luxman parvient à obtenir un met délicat là où d'autres ne font que saucer un plat, et, à vrai dire, où l'on comprend l'influence de certains éléments sur le résultat sonore, nous pensons en particulier au filtrage passif.

Avec le titre Moules frites de l'album Racine carrée de Stromae, quelle présence de la voix du chanteur et quelle chaleur qui aurait presque tendance à faire de l'ombre à l'accompagnement !

A l'écoute du tube My Sweet Lord extrait de l'album Let It Roll de George Harrison, si ce n'était l'absence de craquements et autres bruits de surface, on se croirait presque dans les années 70 en train d'écouter le 45 tours sur un Teppaz, tant la matière sonore en rappelle le son un peu rond, avec des accords de guitare légèrement gommés, mais avec une présence et une chaleur réconfortantes !

Pour conclure, avec son convertisseur numérique analogique DA-200, Luxman offre un appareil bénéficiant de son savoir faire pour offrir une restitution sonore qui n'est peut-être pas d'une fidélité absolue mais reste raffinée et très belle et présentée dans un écrin d'une classe indéniable.

Spécifications

Driver

Site Luxman

Site Sound Arts Network (importateur)

Contact

Capacités de lecture

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