Les appareils possédant une entrée HDMI sont plutôt des denrées rares dans le petit monde des DAC particulièrement vivant. Aussi nous sommes-nous laissés tenter par le modèle AU-D250 du constructeur taïwanais Cypress Technology, un appareil qui permet également de numériser sur 24 bits à 192 kHz les signaux arrivant sur ses deux entrées analogiques, pour son fonctionnement interne et aussi pour les mettre à disposition sur ses sorties S/PDIF coaxiale et optique.

Fondés en 1989 à Tawain, Cypress Technolgy est avant tout un concepteur et fabricant de matériels vidéo et multimedia. Sa position de pionnier dans ce domaine est mondialement reconnue et ses réalisations sont largement utilisées par l'industrie audio-vidéo internationale.

Toutes les réalisations de Cypress Technolgy sont essentiellement destinées à l'intégration de systèmes de cinéma domestique, à la diffusion d'audio-vidéo dans les grands magasins, à la production vidéo, à l'amélioration d'images ou à la conversion de formats de vidéo, à la distribution et à la commutation...

La société a également développé des appareils analogiques dans les années 90 et des pC multimedia à la fin des années 90, et se consacre depuis le début des années 2000 à la vidéo numérique ainsi qu'aux solutions HDMI pour la télévision en Haute Définition.

On ne sera donc pas étonné que Cypress Technology ait développé le DAC AU-D250 offrant entre autres particularités de posséder une entrée et une sortie HDMI, l'utilisateur pouvant choisir de renvoyer l'entrée directement vers la sortie (bypass), ou bien alors alors de déclarer l'entrée HDMI comme source, auquel cas le AU-D250 décodera son flux audio.

On notera aussi que cet appareil qui dispose de sorties audio dont le niveau peut être paramétré fixe ou variable, et qui peut donc faire office de pré amplificateur, possède deux entrées analogiques dont les signaux seront numérisés en internes sur 24 bits à 192 kHz afin d'être traités en numérique, ces signaux numérisés étant également disponibles sur les sorties S/PDIF, comme les signaux des entrées numériques d'ailleurs.

Nous vous invitons donc à découvrir ce DAC CYP AU-D250 de Cypress Technology dont les réalisations sont importées en France par Simda, société spécialisée dans l'intégration de systèmes vidéo et audio-vidéo.

Présentation

Fonctionnelle est le qualificatif qui nous semble résumer à lui seul la présentation du convertisseur numérique analogique CYP AU-D250.

Celui-ci se présente dans un coffret oblong en aluminium anodisé noir avec une façade en plexiglas laissant apparaître un affichage bleu à deux lignes à l'intensité modérée et donc pas agressive pour les yeux tout en restant lisible.

Deux prises Jack occupent l'extrémité gauche de la façade, une de 6,35 mm pour brancher un casque et une de 3,5 mm permettant de raccorder une source analogique comme un smartphone ou un baladeur.

Juste à droite de ces prises Jack, une petite LED rouge s'illumine lorsque l'appareil est en veille, puis une inscription IR indique l'endroit où se trouve la diode réceptrice des signaux de télécommande.

La mise en marche se fait par une touche située sur le dessus de l'appareil, juste au niveau de la LED témoin de veille, et une seconde touche prenant place immédiatement à droite de la première sert à activer ou désactiver le mute.

L'afficheur indique en permanence sur la première ligne la source sélectionnée et le réglage de volume, de -80 à 00.0 dB, par pas de 0.5 dB, ce qui autorise une action très fine sur le niveau sonore.

Sur la seconde ligne sont affichées la fréquence d'échantillonnage du signal entrant et celle du traitement interne sachant que le AU-D250 peux procéder (ou non) à une conversion de taux d'échantillonnage, et ce au choix de l'utilisateur parmi toutes les fréquences d'échantillonnage de 44,1 à 192 kHz.

Cela signifie donc que l'on pourra procéder à une conversion de taux d'échantillonnage vers des fréquences plus élevées, comme vers des fréquences moins élevées, une possibilité que nous n'avions jamais rencontrée (bien que nous pensions pas l'utiliser à outrance).

Le bouton de volume prend place à l?extrémité droite de la façade et il permet aussi la navigation dans les menus après avoir exercé une pression en son centre. C'est d'ailleurs au travers du menu Source In (qui s'affiche en premier) que l'on sélectionne depuis la façade l'entrée que l'on veut écouter.

On peut également accéder à toutes les fonctionnalités du AU-D250 depuis la petite télécommande, avec des touches d'accès direct aux sources, évitant ainsi d'entrer dans les menus.

Connectique

A l'extrémité gauche de la face arrière du AU-D250 prend place la prise pour le bloc d'alimentation, puis une entrée USB B pour la liaison avec un ordinateur.

Viennent ensuite deux entrées et deux sorties S/PDIF coaxiales et optiques, une entrée stéréo analogique, et les sorties audio analogiques, sur deux prises Cinch en mode asymétrique et sur prises XLR en mode symétrique, ce qui est plutôt rare sur un appareil de ce prix.

On peut, depuis le menu, choisir un niveau fixe ou variable pour ces sorties, ce niveau étant alors commandé par la molette en face avant.

Fabrication

L'électronique du AU-D250 est rassemblée sur une carte densément occupée et qui occupe la totalité de l'intérieur du boîtier.

On trouve également quatre petites cartes filles montées sur colonnettes, dont une sur laquelle est implantée l'encodeur optique de réglage de volume dont l'axe, ainsi décalé du plan de la carte principale, s'aligne avec l'axe horizontal de la face avant.

Il a fallu recourir à la seconde face de la carte principale pour y loger le processeur USB XMOS, référencé US1150L1, ainsi qu'un micro contrôleur Nuvoton NUC120LE3.

L'alimentation de 5V en provenance du bloc secteur sert également à fabriquer les tensions de + ou - 15V nécessaire au fonctionnement des amplificateurs opérationnels et de l'amplificateur pour casque grâce à deux petites cartes utilisant des circuits intégrés Linear Technology LT3579 pouvant fonctionner en élévateur de tension ou élévateur inverseur de tension.

Le circuit muni d'un radiateur (que nous n'avons pas pu identifier mais il s'agit probablement d'un puissant circuit programmable) se charge de l'entrée et de la sortie HDMI et, visiblement d'après la sérigraphie, de l'affichage et d'un certain nombre d'opérations numériques.

On trouve, au niveau de l'interface USB, à la fois un circuit contrôleur de Hub USB NEC72011A et un circuit Microchip SCMC3300 et on peut également voir le transformateur de l'entrée S/PDIF coaxiale, un modèle TH601S de Shengkai Technology Corp., les signaux S/PDIF étant interfacés par le circuit de conversion de taux d'échantillonnage Burr-Brown SRC4392.

Les signaux analogiques stéréo entrant sur les prises Cinch en face arrière ou sur la prise Jack 3,5 mm en façade sont numérisés sur 24 bits à 192 kHz par un convertisseur analogique numérique (ADC ou Analog to Digital Converter) Burr-Brown PCM4204 (repère U26 sur le circuit, photo de détail ci-après) disposant de quatre canaux à entrées différentielles et pouvant convertir "à la carte" avec toutes les fréquences d'échantillonnage comprises entre 32 et 192 kHz, et même convertir sur 1 bit en DSD !

Ces signaux auront traversé auparavant, et ceci afin d'éviter les repliements de spectre (aliasing), des filtres passe-bas construits autour d'amplificateurs opérationnels entièrement différentiels à très faible bruit et ultra faible distorsion Burr-Brown OPA1632 (repère U28, U29 en bas à droite sur le circuit, et U25, U27, ce dernier étant caché par les fils arrivant à la carte où se trouvent les deux petites touches), et spécialement conçus pour attaquer un convertisseur numérique analogique en mode différentiel.

Ces signaux numérisés sont traités en interne comme leurs homologues arrivant directement sous forme numérique et sont également disponibles sur les sorties S/PDIF en 24 bits à 192 kHz, ce que ne précise pas le manuel d'utilisation mais que nous avons vérifié.

Avant d'être transformés en signaux analogiques, les signaux numériques pourront être convertis (ou non) sur 24 bits selon la fréquence d'échantillonnage choisie via le menu, et ceci par un circuit de conversion de taux d'échantillonnage Burr-Brown SRC4392 (repère U21 sur le circuit).

Le convertisseur numérique analogique est un Burr-Brown PCM4104 (repère U33), un modèle 24 bits jusqu'à 216 kHz à hautes performances conçu pour les applications professionnelles. Il dispose de quatre canaux de conversion, d'un atténuateur numérique à 256 pas de 0.5 dB et offre la possibilité de sortir les signaux en phase inversée.

Les quatre canaux de ce PCM4104 sont utilisés deux à deux, d'une part pour les sorties analogiques Cinch et XLR, d'autre part pour la sortie casque. Cela permet de choisir entre un niveau fixe ou un niveau variable pour les sorties ligne, la sortie casque restant logiquement à niveau variable, ce qui serait bien sûr impossible avec une puce de conversion ne possédant que deux canaux.

Les liaisons avec l'amplificateur pour casque comme avec les filtres actifs chargés de parfaire le lissage des signaux se font en mode différentiel, un détail technique que l'on peut souligner et qui ne manquera pas de plaire à certains. On notera avec moins de joie que les condensateurs utilisés pour les liaisons sont des modèles au tantale (pas franchement le top, mais le AU-D250 ne vise pas à être un appareil pour audiophiles irascibles !), ce qui s'explique vu leur valeur de 470 ?F (le fabricant du PCM4104 préconisant la valeur de 100 ?F).

On peut également remarquer que les filtrages des sorties asymétriques et des sorties symétriques sont totalement indépendants. Les structures de ces filtres, construits autour de classiques et performants N5532 fabriqués par Texas Instruments (U36 et U32), sont cependant identiques.

Les symétrisations des signaux qui seront disponibles sur les prises XLR sont confiées à deux circuits spécialisés de Burr-Brown, des driver de ligne DRV135 (U31 et U34).

L'amplificateur pour casque est un (maintenant) classique TPA6120A2 de Texas Instruments et il est directement attaqué en mode symétrique par les autres sorties différentielles du PCM4104 au travers de quatre condensateurs au tantale de 470 ?F.

Ecoute

Comme nous avons rarement l'occasion d'écouter des DAC possédant une entrée HDMI, nous avons profité de l'occasion pour emmener le AU-D250 en balade au domicile de l'auteur de ces lignes afin de le raccorder à un lecteur de Blu Ray Pioneer BDP-450.

Pour l'occasion, nous avons sorti le Concerto pour violon de Beethoven, interprété sur instruments anciens par l'ensemble Tafel Musik dirigé par Bruno Weil accompagnant la violoniste Vera Beths.

En laissant le fichier en mode natif (SRC, conversion de taux d'échantillonnage en bypass) et bien qu'une petite coquetterie semble se manifester dans le haut du spectre, la restitution est de bon niveau, le message sonore est bien détaillé et aéré et les timbres des instruments sont respectés.

Avec le SRC en service (choix sur 192 kHz), la restitution s'éclaircit globalement, ce qui n'est pas désagréable, mais on est quand même surpris par une certaine insistance de l'aigu et par une sorte d'uniformisation du son des cordes (entre 2mn30 et 2mn50 de l'Allegro) avant l'entrée de la soliste dont le chant grimpe d'une manière qui nous paraît assez artificielle.

Heureusement, CYP a eu la bonne idée de donner la possibilité de contourner le SRC, et nous c'est ce qu'on va faire. Et dire que d'autres constructeurs vendent le SRC en disant que cela permet une meilleure approche de la réalité. Alors là, nous on n'est pas d'accord !

Avec les Vespri per l'Assunzione di Maria Vergine de Vivaldi dans l'interprétation du Concerto Italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini, on apprécie la restitution fine, vivante et assez mordante sur les cordes de cet AU-D250 et la petite pointe de luminosité que l'on ressent, en particulier sur les voix féminines, sied plutôt bien à cette ?uvre et la restitution ne manque pas de panache.

Ensoleillement également sur le titre The Sun Is Gonna Rise Again de l'album Where I Belong de Chris Cab où la voix du chanteur plane encore plus qu'habituellement au-dessus de l'accompagnement, qui, pour sa part, distille une bonne dose de luminosité au travers de l'électronique du DAC AU-D250.

Restitution pleine de lumière également du tube des 70' My Sweet Lord extrait de l'album Letn It Roll de George Harrison, où l'accompagnement, les ch?urs et aussi les accords de guitare sont un peu mis en avant par rapport à la voix du chanteur, et le résultat est plutôt plaisant.

En conclusion, ce DAC AU-D250 offre des résultats sonores à la luminosité fort agréable ainsi que des possibilités intéressantes pour les amateurs qui aiment jouer avec le son, comme la conversion de taux d'échantillonnage à la fréquence de son choix ou encore la numérisation des signaux des entrées analogiques avec disponibilité en 24 bits à 192 kHz sur les sorties S/PDIF. Enfin son entrée HDMI permet de s'en servir également en Home Cinéma, ce qui est à prendre en compte.

Spécifications

Manuel d'utilisation (User's Manual, en anglais seulement, in english only)

AU-D250 sur site Cypress Europe

Contact

Nos remerciements à Simda, importateur des produits CYP, pour le prêt du AU-D250 pour ce banc d'essai.

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