Steve Earle a le blues

Régulièrement, Steve Earle revient boire à la source qui l’a nourrie, inspirée et fait de lui le grand songwriter américain contemporain qu’il est. A coup de reprises souvent bien senties (comme ce fut le cas en 2009 sur le bien nommé Townes exclusivement composé de relectures de chansons de Townes Van Zandt), l’autoproclamé hardcore troubadour paye sa cotise à ses maîtres… Avec Terraplane, son seizième album qui sort le mois de ses 60 ans, il n’abat aucune reprise mais plonge plutôt sa plume, sa voix et son instrumentarium dans le marécage du blues texan de ses idoles, les Lightning Hopkins et autres Mance Lipscomb. Une inspiration assez éloignée de ses habituelles marottes, qu’elles fussent purement country ou venues de New Orleans… Élevé à San Antonio avant de tracer à Houston, Steve Earle a pu déguster deux recettes assez différentes du blues texan. A Forth Worth, les modèles étaient Freddie King tandis que sur la scène de Houston régnait Lightnin’ Hopkins. Deux styles bien distincts. Des maitres qu’Earle a vu et entendu comme il sera aussi exposé à la musique de Johnny Winter, Jimmie et Stevie Ray Vaughan mais aussi Billy Gibbons de ZZ Top… Le son de Terraplane a poussé dans ce terreau bigarré. Un son brut, sauvage, teigneux, rugueux comme jamais. Un son à l’image de l’humeur de notre grizzly binoclard et barbu qui vient de boucler son – attention, planquez femmes et enfants ! – septième divorce. Séparé de sa consœur Allison Moorer, Earle se nourrit de ce vécu pour mieux épaissir ce blues qui rappe et ne cherche jamais à lisser ses contours. Aidé par la guitare slide de Chris Masterson qui fait de merveilleuses incisions dans la chair et les oreilles, il signe un superbe disque de blues sauvage et vrai. Un album qui lui ressemble.

En 2013, Qobuz avait rencontré Steve Earle pour évoquer son album The Low Highway :