Quand le pape de la Stratocaster sait s'entourer...

Le plus punk des guitar-hero, c’est lui ! Jeff Beck ! Punk dans l’esprit évidemment. Comprenez « je fais c’que je veux, quand j’veux ! ». Au sein des Yardbirds qui accueillirent aussi Jimmy Page et Robert Plant, Beck sera celui qui fera saigner ses cordes (où les arrachera carrément comme dans la mythique scène du film d’Antonioni, Blow Up). Quand on l’attendait dans le rock poids-lourd, il préférait expérimenter le jazz-rock. Dès qu’une voix le comblait (celle de Rod ‘The Mod’ Stewart au hasard), il pogotait avec elle dans une fusion charnelle. Et si, soudainement, il lui semblait bon de rappeler à la terre entière qui était vraiment son idole (Cliff Gallup, le guitariste de Gene Vincent), il se fendait d’un album hommage comme ce sera le cas avec le délicieux Crazy Legs en 1993. Jeff Beck a donc toujours dérouté pour le meilleur et rarement pour le pire. Et puis il y a ce son ! Cette patte Beck, reconnaissable dès le premier riff plaqué sur sa Stratocaster. Une griffure violente et profonde capable aussi d’épure et de sensualité. Finalement, une identité musicale bien éloignée de cette étiquette de guitar hero astiqueur de manche qu’on lui colle régulièrement à la peau et qu’il déteste par-dessus tout. A 72 ans tout de même, notre homme ne baisse pas la garde. Bien au contraire comme le prouve Loud Hailer qui vient de paraitre. Cette fois, le Britannique s’entoure de Rosie Bones et Carmen Vandenberg du groupe Bones qui l’ont aidé à se sortir de ce carcan virtuose. « Même si j’ai dû faire 400 fois la couverture d’un magazine comme Guitar World, je ne suis pas ce genre de personne ! Je ne viens pas de ce monde-là ! » Et force est de constater que le démonstratif n’est jamais gratuit tout au long de ce disque éclectique qui alterne entre blues habité, funk rock, métal électro, jazz rock et soul pure. Loud Hailer prouve que Jeff Beck pense à la musique avant de penser à la guitare. Et c’est sans doute ce qui le différencie de la grande majorité de ses confrères. Dans l’autobiographie Beck01, John McLaughlin débute la préface ainsi : « Jeff Beck est mon guitariste préféré de tous les temps. Qu’est-ce que je peux dire après ça ? » Rien. Juste écouter Loud Hailer… Ou aller voir Beck et ses amazones sur scène comme ici, le 19 juillet dernier au Capitol Theater de Port Chester, au nord de Manhattan :

Jeff Beck - Scared for the Children - 7/19/16

Diablagato

Jeff Beck - Right Now - 7/19/16

Diablagato

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