Pour la première fois depuis plus de trois décennies, Steve Reich et Philip Glass partageront la même scène en septembre prochain à New York lors d'un festival célébrant les 50 ans du label Nonesuch.

Gâce au label Nonesuch, Steve Reich et Philip Glass, les papes de la musique minimaliste américaine (appellation un brin réductrice qu'il déteste logiquement l'un comme l'autre...), partageront la même scène en septembre prochain à New York. L’événement est plus que notable quand on sait que les deux hommes étaient plus ou moins brouillés et ne s’étaient pas retrouvés sur la même scène depuis plus de trente ans !

Trois concerts auront donc lieu, du 9 au 11 septembre 2014, à la Howard Gilman Opera House, et réuniront, en plus des deux légendaires compositeurs, les pianistes et compositeurs Nico Muhly et Timo Andres. Le programme comprendra exclusivement des œuvres ou des extraits d’oeuvres de Reich (Drumming, Four Organs, Music For 18 Musicians, Clapping Music, WTC 9/11, Sextet…) et Glass (Glassworks, The CIVIL warS, Music in Twelve Parts, Music in Similar Motion, In The Upper Room, Dance IX, Einstein On The Beach, Koyaanisqatsi, The Grid, The Photographer, Music in Similar Motion, Symphony n°1…).

Ces trois soirées font partie d’une grande célébration du cinquantième anniversaire de Nonesuch à la Brooklyn Academy of Music (BAM), du 9 au 28 septembre : Nonesuch Records at BAM: Celebrating a Label Without Labels. Une bonne partie de l'éclectique casting du label fondé par Jac Holzman in 1964 se retrouvera lors de 23 concerts accueillant notamment, en plus de Glass et Reich, les Black Keys, Brad Mehldau, Chris Thile, Dawn Upshaw, Youssou N'Dour, Devendra Banhart, Stephin Merritt, Iron and Wine, le Kronos Quartet, Natalie Merchant, Laurie Anderson, Rokia Traoré, Toumani et Sidiki Diabaté, Caetano Veloso et Robert Plant. Impressionnant casting !

Nonesuch Records at BAM

Minimaliste ? Répétitif ? L’éclectisme de l’œuvre de Philip Glass balaie d’un revers de main ces étiquettes qu’on colle, trop rapidement ou par paresse, sur le dos de celui que beaucoup considèrent toujours et encore comme uniquement l’un des pionniers du mouvement minimaliste… A y regarder de près, difficile de ne pas être déstabilisé par toutes ces formes (concertos, musique de chambre, opéras, musiques de films…) et ces collaborations (Steve Reich donc mais aussi Ravi Shankar, Aphex Twin, David Bowie…) qui au bout du compte font de Glass un artiste ovni. Un style. Une sonorité même. Et l’époque étant à la dictature des images, ses partitions on ne peut plus visuelles affichent une exubérante modernité. Cette musique, elle fut et reste finalement à l’image du parcours atypique de ce fils de disquaire qui se retrouva à étudier Bach, Mozart et Beethoven, dans les années 60, aux côtés de Nadia Boulanger à Paris à même pas 30 ans et côtoie Ravi Shankar à la même époque. Le même qui croisera le fer avec des personnalités aussi diverses que la chorégraphe Lucinda Childs, l’écrivaine Doris Lessing, l'artiste Sol Lewitt ou bien encore son vieux complice le metteur en scène Bob Wilson, pour n’en citer que quelques-uns…

Philip Glass : interview video Qobuz (with English subtitles)

Qobuz

Steve Reich est lui aussi un extra-terrestre ayant traversé la musique de son temps à sa manière, osant toutes les formes comme tous les instruments (des simples mains à l'orchestre symphonique). L’influence du compositeur américain au delà de la sphère de la musique contemporaine n’est plus à démontrer. Grands gourous du rock noise (Sonic Youth) ou des musiques électroniques (Aphex Twin), nombreux sont celles et ceux, aux quatre coins du monde, ayant puisé dans l’œuvre vaste et éclectique du pionnier de la musique minimaliste toujours aussi alerte et motivé à 77 ans passés.

Archives Qobuz : rencontre avec Steve Reich (octobre 2011)

Archives Qobuz : rencontre avec Philip Glass (février 2014)