Auto-proclamé roi du ska, le chanteur et musicien jamaïcain, vénéré notamment par Madness et les Specials, s’est éteint à l’âge de 78 ans.

Prince Buster est décédé le 8 septembre 2016. Il reste comme le quasi-inventeur du ska, ancêtre du rocksteady puis du reggae. Ce grand visionnaire, véritable mythe dans sa Jamaïque natale, fut aussi vénéré par toute la scène britannique du revival ska. De Madness (dont le nom provient de l’une de ses chansons) aux Specials en passant par Bad Manners, The Selecter et The Beat, le mouvement Two Tone n’aurait jamais vu le jour à la fin des années 70 sans l’héritage de Prince Buster

Né Cecil Campbell le 28 mai 1938, Prince Buster passa sa jeunesse entre ses deux passions : la musique mais aussi la boxe. Il joue des percussions, fait le DJ et est un membre de gang assez actif. A Kingston, cette double-casquette attire le grand producteur Clement “Coxsone” Dodd qui embauche le charismatique et turbulent jeune homme comme videur et garde du corps ! Aux côtés du patron de Downtown, sound system mythique du milieu des années 50, Buster apprend le métier. Il quitte son influent employeur pour monter son propre magasin de disques, Prince Buster’s Record Shack, et son propre sound system, The Voice of the People, passant les disques de rhythm’n’blues qu’il importe des États-Unis et sur lesquels il parle, devenant ainsi un précurseur du rap. Mais en 1960, il ajoute une corde à son arc en entrant en studio. Lors de séances marathon qu’il met en boite avec de nombreux artistes locaux, il accouche notamment d’une reprise d’Oh Carolina, chanson des Folkes Brothers qui rencontre un grand succès. Avec notamment le percussionniste rasta Count Ossie et le guitariste Jah Jerry, Prince Buster façonne ce rythme syncopé qui donnera le ska. Les tubes suivent : Little Honey, Humpty Dumpty, They Got to Go and Thirty Pieces of Silver, etc.

Les centaines de titres qu’il enregistre remportent un immense succès mais surtout en Jamaïque. Progressivement pourtant, son nom dépasse les frontières de l’île. Et durant les années 60, ses chansons publiées sur le label Blue Beat sont très prisées des skinheads et des mods britanniques. Au point que sa chanson Al Capone entre dans les charts britanniques en 1965, une première pour un artiste jamaïcain ! Au même moment, Prince Buster se convertit à l’islam et devient Mohammed Yusef Ali, nom qu’il choisit après avoir rencontré un certain Muhammad Ali… Il travaille par la suite avec les nouvelles stars de l’époque comme Big Youth ou Dennis Brown. Lorsque le rocksteady devient le reggae roots, Prince Buster s’éloigne du genre en raison de sa foi islamique, en opposition au mouvement rasta…

Il part s’installer à Miami et développe un commerce de juke-box… Étonnamment, son nom refait surface à la fin des années 70 lorsque son œuvre est l’influence première d’une nouvelle scène anglaise qui remet le ska au goût du jour. En plein mouvement punk, ce revival ska est emmené notamment par un jeune groupe londonien Morris and the Minors, rapidement rebaptisé Madness en hommage à la chanson de Prince Buster, Madness is Gladness. Mieux encore, leur premier single de 1978 intitulé The Prince s’installe dans le Top 20 des charts ! Madness reprendra d’autres tubes de leur maître, notamment l’immense One Step Beyond.

Prince Buster surfera sur cette mode et repartira en tournée durant les années 80 et 90. En 1992, il enregistrera même à nouveau. En 2001, il reçoit en Jamaïque l’Order of Distinction. Les honneurs ne cesseront jusqu’à la fin de la vie de celui qui s’était auto-proclamé King of Ska !

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